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Depuis Ajaccio le CROSS Med veille sur les eaux corses


le Vendredi 18 Août 2023 à 11:02

Le Centre Régional Opérationnel de Surveillance et de Sauvetage en mer Méditerranée en Corse coordonne tout au long de l’année des opérations pour venir en aide aux plaisanciers et baigneurs en difficulté au large des côtes corses. Mais ce service de l’État assure également des missions moins connues du grand public et pourtant tout aussi importantes.



Depuis la plateforme située sur la base navale d'Aspretto à Ajaccio, le CROSS Med Corse veille en permanence sur les eaux corses (Photo : CROSS Med en Corse)
Depuis la plateforme située sur la base navale d'Aspretto à Ajaccio, le CROSS Med Corse veille en permanence sur les eaux corses (Photo : CROSS Med en Corse)
Une personne inquiète de ne pas avoir de nouvelles de ses parents qui ont entrepris une traversée entre Corse et continent vient de contacter le 196, le numéro d’urgence en mer. Dans la foulée, depuis la passerelle du Centre Régional Opérationnel de Surveillance et de Sauvetage en mer Méditerranée (CROSS Med) en Corse, une opératrice passe quelques appels pour se renseigner et parvient à localiser les plaisanciers, arrivés à bon port. Pour cette fois, l’alerte est close en quelques minutes. Des sollicitations comme celles-ci, ce service déconcentré de la Direction Interrégionale de la Mer Méditerranée (DIRM) placé sous l’autorité opérationnelle du préfet maritime en reçoit régulièrement. Si bien que depuis la base d’Aspretto, à l’entrée d’Ajaccio, il joue en quelque sorte le rôle d’ange gardien des plaisanciers qui naviguent autour des côtes corses. 
 
Comme c’est le cas de ses homologues répartis un peu partout sur le littoral français, le CROSS Med en Corse a pour mission principale la recherche et le sauvetage en mer dans un rayon « allant jusqu’à 30 à 40 nautiques autour de l’île ». À peu près 1000 opérations de secours, aussi bien pour venir en aide à des navires qu’à des baigneurs, occupent chaque année ses équipes, dont 80% sont concentrées entre les mois de juin et septembre. « Dès que nous sommes contactés ou que nous constatons une situation de détresse via la veille que nous effectuons en permanence avec la VHF ou les balises satellites, nous mettons en place le dispositif approprié pour porter secours si nécessaire », explique Marc Michel, le chef du CROSS Med en Corse en indiquant que toutes les administrations disposant de moyens maritimes peuvent alors être sollicitées, à l’instar de la gendarmerie, des stations SNSM, ou des sémaphores. Ce travail est en outre effectué main dans la main avec les Centres Opérationnels Départementaux d’Incendie et de Secours (CODIS), normalement compétents pour intervenir jusqu’à 300 m des rivages.
 
Des missions variées 
 
Mais le chef du CROSS Med insiste également sur l’importance de la solidarité des gens de mer. « Le premier moyen d’action qui peut intervenir, c’est un plaisancier qui navigue à proximité d’un bateau ou d’un baigneur en situation de détresse », relève-t-il. « Quand on a connaissance d’une situation de détresse, on va diffuser un mayday dans la zone, et tout plaisancier qui passe par là pourra le capter s’il met la fréquence. S’il est en mesure de porter assistance sans se mettre lui-même en danger, on va alors pouvoir l’engager. Ainsi, il est capital d’effectuer une veille de la VHF, à la fois pour soi, si on est victime d’une situation de détresse, mais aussi pour porter assistance aux autres », relève-t-il en regrettant : « Or, on constate trop souvent aujourd’hui que les gens ne veillent pas la VHF ».
 
Loin de se limiter à ces seuls secours en mer, le CROSS Med en Corse effectue aussi tout au long de l’année d’autres missions « peu connues mais qui ont beaucoup d’importance ». À commencer par une surveillance de la navigation autour de l’île. « Nous vérifions que les bateaux sont bien dans les bonnes voies de navigation, notamment dans le canal de Corse, et nous sommes habilités à dresser des procès-verbaux si ce n’est pas le cas », détaille Marc Michel en ajoutant que ses services sont aussi chargés de délivrer les autorisations de mouillage pour les navires supérieurs à 80m. 
 
Un rôle de vigie 
 
D’autre part, le CROSS est aussi chargé de la surveillance des pollutions marines autour de la Corse. « On peut nous appeler pour nous signaler une pollution, et notre rôle va être de s’assurer de ce que c’est en s’appuyant sur les bonnes personnes », signale Marc Michel en ajoutant : « Au niveau européen, nous avons aussi un système de surveillance satellitaire qui va nous avertir d’une possible pollution et s’il y a un navire rattachable à celle-ci. À ce moment-là, nous pouvons envoyer des moyens sur le terrain pour constater une infraction ». 
 
Enfin, le CROSS Med en Corse assure également une mission de diffusion des Renseignements sur la Sécurité Maritime (RSM). « C’est une mission importante de prévention Tout d’abord, pour éviter des opérations de sauvetage qui peuvent être parfois compliquées, nous diffusons des bulletins météo qui nous sont fournis par Météo France toutes les heures sur le VHF. Et en plus, lorsque nous sommes en situation de Bulletin Météorologique Spécial, c’est-à-dire des vents supérieurs à force 7, nous allons aussi prévenir de la diffusion de la météo », commente Marc Michel. « Nous diffusons aussi des « avis urgents aux navigateurs » qui vont prévenir les usagers de la mer de ce qui a été reporté pour d’autres navires et qui peut être un danger pour la navigation », reprend-il en précisant encore que le CROSS participe de surcroît au programme REPCET pour le repérer les cétacés en lien avec les différents organismes compétents en Corse.

Dans l’ensemble de ces cas, toute alerte au CROSS Med en Corse passera par le 196. Les 10 marins de la Marine nationale et deux officiers des affaires maritimes qui constituent l’équipe auront ensuite la charge de hiérarchiser les informations et de déclencher des moyens en fonction des urgences. Dans le même temps, ils sont en permanence à l’écoute des haut-parleurs de la plateforme qui crachent en continu des messages radio venus des sémaphores situés aux quatre coins de la Corse, mais aussi sur continent, en Italie, et parfois même en Algérie. Un travail qui nécessite une concentration pour ne rien louper. Et être toujours une vigie pour les eaux corses. 

Avant de partir en mer, respecter les consignes de prudence

Comme en montagne, il est impératif de respecter des consignes de sécurité élémentaires avant toute sortie en mer afin d'éviter de se retrouver dans une situation délicate. « Il faut absolument consulter la météo », pose en premier lieu le chef du CROSS Med en Corse. « Il y a pas mal d’opérations où l’on se dit qu’une meilleure prise en compte de la météo aurait pu éviter les accidents », regrette-t-il. 
Par ailleurs, il insiste sur la nécessité d’avoir des cartes marines à bord, de toujours prévenir quelqu’un quand on part en mer, ou encore de ne jamais oublier de porter son gilet de sauvetage pour tout loisir nautique.
« Et puis, il ne faut pas avoir peur de nous appeler. Si on se trouve en difficulté en mer, par exemple en cas d’une avarie moteur qui ne nécessite pas une intervention immédiate, nous pouvons faire un suivi de navigation. Et dans le cas d’une personne dont on n’a pas de nouvelles, plus on prend tôt une inquiétude, plus on a de chances de la retrouver », note-t-il.