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Déploiement de la fibre en Corse : le plus dur reste à faire


le Mercredi 13 Décembre 2023 à 17:53

En cette fin d'année, plus de 147 000 prises optiques ont été installées en Corse, ce qui correspond à 85,2 % de l'objectif d'installation du très haut débit, si l'on se réfère à une convention passée en 2018 entre la Collectivité de Corse et son délégataire SFR Collectivités. Les 15 % restants représentent les zones les plus difficilement accessibles. Un pourcentage qui ne tient pas compte des prises à installer dans les constructions immobilières neuves.



L'installation des réseaux de fibre dans les tunnels et sur les voies ferrées. Archives CNI
L'installation des réseaux de fibre dans les tunnels et sur les voies ferrées. Archives CNI
La convention passée le 16 octobre 2018 prévoyait le déploiement de 170 069 prises Très Haut Débit, et de 7 000 kilomètres d’infrastructure en fibre optique sur une période de cinq ans. Le délégataire, SFR Collectivités, a créé une société ad hoc, Corsica Fibra, chargée de l'installation de ces prises. Au final, le réseau est censé couvrir 344 communes, à savoir toutes les communes corses à l'exception de la Communauté d'Agglo de Bastia, de Biguglia et de la Communauté d'agglo du Pays Ajaccien qui constituent une zone d’initiative privée, avec Orange pour opérateur.

Au total, 52 M€ de fonds publics ont été investis pour les travaux, en complément de ceux qui ont été déboursés par le délégataire (275 M€). Et comme elle en a pris l'habitude depuis la signature de la convention, la Collectivité de Corse a réalisé un point d'étape, jeudi soir en présence de ses élus. "D'un point de vue qualitatif, on est dans les standards hauts, voire très hauts, par rapport à la moyenne française", se félicite Gilles Simeoni. Selon le président de l'exécutif, "toute la Corse sera couverte en très haut débit à la fin 2024, si tout va bien".

Fracture numérique

Qui peut raccorder 147 000 prises en quatre ans peut en raccorder 25 000 en un an, serait-on tenté de penser. Sauf que les prises manquantes sont les plus compliquées à raccorder, explique Gilles Simeoni : "On est allé d'abord là où c'était le plus facile et on a gardé pour la fin les endroits les plus excentrés et isolés." Or, les 25 000 raccordements manquants doivent se faire dans 127 villages, presque tous situés  - et ça ne surprendra personne - dans l'intérieur de l'île. Ces villages ne disposent pour l'heure d'aucune prise optique. Ailleurs, dans les zones plus urbanisées, la fibre est partout, sauf quand de nouvelles résidences sortent de terre. Il incombe alors aux syndics de faire la demande de raccordement auprès de Corsica Fibra.

"On aurait dû commencer par le plus dur", estime Paul-Félix Benedetti (Core in Fronte). Question de fracture numérique à combler, mais aussi pour pouvoir mieux anticiper "les aléas économiques". Impossible, lui a répondu Gilles Simeoni : "L'équilibre financier du contrat, il repose sur le fait que l'opérateur déploie en priorité la fibre dans des zones où il y a beaucoup de monde au départ. Et c'est la commercialisation des prises qui finance derrière la suite de l'installation."

Pas de préjudice esthétique 

Justement, en ce qui concerne la commercialisation des prises, près de 45 000 d'entre elles ont fait l'objet de la souscription à un abonnement à ce jour.  "La commercialisation se passe bien, elle est déjà effective sur plus de 160 communes", se réjouit Gilles Simeoni. Jean-Michel Savelli, du groupe Un Soffiu Novu, n'a pas du tout la même lecture : "On en est à un tiers de prises déployées qui ont été réellement connectées. Je trouve que c'est faible. Il n'y a pas de dynamique."

L'élu d'opposition s'inquiète aussi du choix qui a été fait de ne pas enfouir systématiquement les réseaux : "Un déploiement en aérien est beaucoup moins fiable et entraînera à moyen terme des coûts de réparation beaucoup plus élevés", prévoit-il. Un enfouissement généralisé aurait coûté "environ 500 millions d'euros et ça aurait pris 15 à 20 ans, donc c'était complètement intenable", lui a opposé Gilles Simeoni, tout en précisant que la maintenance du réseau "fait partie des obligations contractuelles du délégataire, et on veillera à ce qu'elles soient respectées". Si l'enfouissement n'a donc pas été retenu pour des questions budgétaires, la Corse ne sera pas pour autant envahie par les poteaux : "Quand on peut enfouir, on essaie de mutualiser avec d'autres travaux d'enfouissement, détaille Gilles Simeoni. Et quand on doit passer sur de l'aérien, on va sur des installations déjà existantes. Le délégataire a simplement posé vingt poteaux supplémentaires sur toute la Corse", assure-t-il à tous ceux qui redoutaient "le préjudice esthétique".