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Corse Composites Aéronautique : le STC dénonce "l'embauche abusive d'intérimaires"


Naël Makhzoum le Jeudi 23 Février 2023 à 17:45

Une vingtaine de personnes se sont rassemblées ce jeudi 23 février devant le siège de Corse Composites Aéronautiques à Ajaccio, à l'appel du STC, pour dénoncer le trop grand nombre d'intérimaires du continent.



Les membres du STC réunis devant CCA à Ajaccio, jeudi 23 février au matin.
Les membres du STC réunis devant CCA à Ajaccio, jeudi 23 février au matin.
Mauvaise surprise pour les dirigeants de Corse Composites Aéronautiques ce jeudi matin. Plusieurs membres du Sindicatu di i Travagliadori Corsi (STC), dont des salariés de la société spécialisée dans le développement de pièces destinées à l'aéronautique, se sont réunis pour manifester devant leurs locaux. "On dénonce l'embauche abusive d'intérimaires du continent, lance Jacques Sereni, délégué STC salarié de CCA depuis plus 30 ans. Les intérimaires toucheraient aujourd'hui entre 4 000€ et 4 900€ net par mois, sachant qu'avec 33 ans d'ancienneté, je ne touche que 2 600€ brut. La direction dit que c'est pour sortir la production en cours mais on s'aperçoit aussi qu'on leur propose des CDI à des salaires déjà plus élevés que les nôtres et une prime d'installation unique de 3000€."

Les quelques syndicalistes réunis dans la matinée regrettent la "politique" de l'entreprise qui va, selon eux, chercher sur le continent ce qui se trouve déjà en Corse. En avançant des chiffres concernant l'atelier : 7 intérimaires continentaux sur 10 peintres, 7 sur 13 ajusteurs et 3 sur 17 mouleurs.

"Ce mouvement social qui a été fait en catimini est peu suivi : une dizaine de personnes seulement sur les 200 que comportent la société sont dehors, contredit Jean-Yves Leccia, directeur général de CCA qui affirme ne pas avoir été mis au courant de cette manifestation. Ils défendent les embauches en Corse, je suis bien placé pour savoir que nous embauchons en Corse et sur le continent, quand on trouve ! Les intérimaires et prestataires "bouchent les trous" pour respecter nos contrats. Nous sommes dans une période compliqué où l'on a du mal à recruter des "talents" pour venir renforcer nos effectifs."

Deux visions, pas de discussions

Cela fait plusieurs mois qu'une vingtaine de postes sont ouverts à CCA, quasiment tous dans l'ingénierie. Depuis le début de l'année, la société a déjà recruté 4 personnes en CDI, 10 au total l'an dernier. Parmi les 200 employés de l'entreprise - vingtaine d'intérimaires/prestataires mis à part - seul 5 ou 6 personnes sont en CDD. "C'est une forme de longue période d'essai, de 6 à 12 mois, qui nous permet de voir si la personne a les compétences nécessaires, justifie Jean-Yves Leccia. Mais quand ça fonctionne, ça débauche systématiquement sur un CDI. Depuis la crise, le site d'Ajaccio se transforme et les métiers aussi."

"Pourquoi ne prennent-ils pas des jeunes d'ici ?", interroge alors Jacques Sereni. "On pourrait embaucher des jeunes du LEP et les former ici, via l'école interne. On l'a déjà fait mais ils n'ont pas été gardés. On demande à la direction d'embaucher plus de Corses."

Les syndicalises mobilisés devant les locaux de CCA déplorent également l'absence de la société à la première fête de l'emploi corse, le 1er février dernier. "Ça fait trois ans qu'on fait toutes les manifestations qui existent et qu'on est à l'initiative de certaines d'entre elles, répond Jean-Yves Leccia. On ne va pas aller sur un salon fait pour le secteur du tourisme, on doit sélectionner ceux où l'on peut trouver les cibles techniques qui nous intéressent. L'entreprise a tout intérêt à avoir du personnel en CDI car ça coûte moins cher, mais les compétences et l'expérience dont on a besoin ne se trouvent pas facilement."

La direction assure que sa porte est ouverte pour discuter, et qu'elle n'a pas eu vent d'un quelconque mouvement en ce jour. De leur côté, les syndicalistes affirment que les échanges sont fermés. Pas sûr que la situation évolue pour le moment.