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Coronavirus - Le ras le bol d’infirmières de Borgo : "le manque de matériel de protection met en danger nos patients"


Philippe Jammes le Vendredi 3 Avril 2020 à 19:43

Dans une lettre ouverte adressée à la Collectivité de Corse, à l’Ordre des infirmiers, à l’UREPS infirmiers de Corse, aux pharmacies de référence, au Collectif des infirmiers libéraux et aux médias, 5 infirmières d’un cabinet à Borgo, dénoncent la situation dans laquelle elles doivent assumer leurs tâches au quotidien dans ce contexte d’épidémie. "Le manque de matériel de protection met en danger nos patients et nous exposons notre santé et celle de nos proches" dénoncent-elles.



Les infirmières dénoncent le manque de matériel pour assumer leurs tâches au quotidien
Les infirmières dénoncent le manque de matériel pour assumer leurs tâches au quotidien

«On nous a rabâché qu’on était en guerre » souligne Sabrina Vincenti, «en tant qu’IDE on a donc endossé l’uniforme de franc-tireur parachuté en 1ère ligne. Mais pour combattre en ligne de front, encore faut-il des munitions».
Et c’est la que le bât blesse pour ces 5 infirmières libérales car soulignent-elles, au 20ème jour de confinement, «Comment une IDE peut-elle percevoir sa dotation en matériel de protection : masques, sur-blouses, lunettes etc. ? Aujourd’hui, explique Sophie Rocchi, « notre dotation effective se limite à 20 masques FFP2 et encore s’agit-il d’un don provenant des stocks H1N1 de 2001 et donc périmés ».


Pour ces infirmières ces équipements étanches sont pourtant nécessaires en cas de prise en charge à domicile d’un cas confirmé du Covid 19 qui resterait en confinement par manque de lits disponibles en unité d’isolement.
Alors qu’elles sont régulièrement informées sur la dotation en matériel de protection pour leur catégorie professionnelle, elles sont à ce jour toujours sans ressources.
« Aujourd’hui on fait appel à la déontologie, au civisme, au sang-froid, à la solidarité, mais il faut redoubler d’efforts » déclare de son coté Nelly Cahuzac. « Nous, nous en appelons aux responsables impliqués dans la gestion de l’épidémie : autorités de santé, ARS, Ordre  infirmiers, UREPS, Pharmacies de référence, CdC. Nous intervenons au quotidien, plusieurs fois par jour, auprès de personnes fragiles, pour la plupart poly pathologiques, très souvent immunodéprimés. En cette période de crise, nos patients sont de plus en plus isolés, livrés à eux-mêmes et donc extrêmement vulnérables. En raison du confinement de leur famille, du droit de retrait des salariés d’aide à domicile ou encore la baisse des fréquences d’intervention des kinés, certains patients en milieu rural n’ont plus que nous ».


Face à cette situation qui dure et qui hélas perdure, nos infirmières lancent aujourd’hui un véritable cri d’alarme. «Nous sommes des professionnelles de santé diplômées, qualifiées et formées pour faire face à des situations difficiles, compliquées voire parfois dramatiques » souligne Marylène Vincensini. «Nous sommes à même d’apporter des soins de qualité à toutes ces personnes en difficulté. Nous savons faire. Aujourd’hui nous sommes des porteurs potentiels du virus et lors de nos pratiques de soins, les gestes barrières ne sont pas envisageables. Alors oui, le manque de matériel de protection met en danger nos patients et nous exposons notre santé et celle de nos proches ».
Que faire à ce jour pour percevoir tout le matériel de protection nécessaire pour protéger leurs patients, leurs proches et elles-mêmes ? La question reste sans réponse pour les 5 infirmières.
« Chaque jour qui passe ne fait qu’accroitre notre sentiment d’être livrées à nous-mêmes. Un franc-tireur ne peut pas devenir kamikaze. Ceci est notre cri d’alarme avant la débâcle » conclut Clarisse Gillon.
Puisse cette lettre ouverte tomber en de bonnes mains et que ces infirmières, qui ne sont peut-être, hélas, pas les seules,  puissent travailler, enfin, dans la plus grande sécurité et sérénité.