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Chœur des commerçants bastiais et ajacciens : "malgré les restrictions, 2021 n'est pas une mauvaise saison"


Pierre-Manuel Pescetti le Jeudi 26 Août 2021 à 21:50

À quelques jours de la fin de la saison estivale, l'heure est au bilan pour les commerçants corses. Dans les centres-villes bastiais et ajacciens, si les professionnels ne boudent pas leur plaisir d'avoir pu travailler, l'été 2021 aura été en dessous de celui d'une année normale. Seul lot de consolation, le pass sanitaire n'a pas été un frein à la consommation et les résultats dépassent ceux de l'été 2020.



Les terrasses des restaurants et des bars ne sont pas restées vides bien longtemps et n'ont pas désempli depuis leur réouverture le 19 mai 2021. Crédits Photo : Pierre-Manuel Pescetti
Les terrasses des restaurants et des bars ne sont pas restées vides bien longtemps et n'ont pas désempli depuis leur réouverture le 19 mai 2021. Crédits Photo : Pierre-Manuel Pescetti
Passé le 15 août, la fréquentation touristique estivale est sur la pente descendante. Les routes sont moins encombrées, les plages moins peuplées et les commerces amorcent le débrayage d’une saison à flux tendus. Si l’arrière-saison est porteuse d’espoir et représente un chiffre d’affaire intéressant pour les commerces, la tendance de l’été 2021 est déjà dessinée : 2021 est meilleur que 2020.

Une catastrophe évitée

« Aucun commerçant ne m’a dit que c’était catastrophique » note Daniel Benedettini, président du l’association des commerçants du centre-ville de Bastia et gérant du cinéma Le Régent. En général et malgré les restrictions sanitaires, la saison est meilleure que l’année passée. Une prouesse loin d’être compliquée à accomplir tant l’été 2020 avait commencé tard. Le mois de juillet 2020 avait été celui de tous les records en termes de chute de fréquentation touristique avant d’être rattrapé par un mois d’août salvateur.

Dans le sud, Marina Fondacci présidente de la fédération des associations du centre-ville d'Ajaccio, partage le même bilan : « les commerçants sont assez contents. Nous avons pu compter sur les locaux qui ont joué le jeu à la réouverture à la fin du printemps et les continentaux ont pris la relève au cœur de l’été. Les grands absents sont les touristes étrangers ». Attention cependant à ne pas confondre fréquentation et fréquence d'achats : « plus de fréquentation ne veut pas forcément dire plus d’achats » précise Marina Fondacci.


Malgré l’enthousiasme, la baisse d’activité est une réalité. « Environ 30% de moins par rapport à une année normale » notent Daniel Benedittini et Marina Fondacci. Un pourcentage d’ordre général qui ne témoigne pas de la disparité entre les différents commerces. « Les avant-boîtes et la culture ont été très impactées par le pass sanitaire » relève le président Bastia. Dans son cinéma, contrôlé trois fois par la police depuis le 21 juillet, il note une baisse d’activité de 60% certaines semaines. Mais tous les deux le disent : « vu les restrictions et la situation sanitaire ce n’est pas une mauvaise saison ».

Un manque d’animation en ville

Chaque été, au moins une fois par semaine, les centres-villes corses s’animent au son des groupes de musique et autres artistes qui animent les shoppings de nuit, permettant aux commerçants de rester ouverts jusqu’à 23 heures. Une animation qui a terriblement manqué cette année car si les magasins sont bien restés ouverts tard, l’animation était absente. Une perte d’attractivité pour les centres-villes qui s’est ressenti lors des « nocturnes ».

Cependant, pour les associations de commerçants, pas question de baisser les bras. À Bastia, une grande braderie a été organisée du 19 au 21 août pour écouler les derniers stocks. Une opération déjà menée à Ajaccio depuis plusieurs années, et la différence se fait sentir. « Le bilan est un peu mitigé par rapport aux autres années mais ça reste un évènement qui tient ses promesses » témoigne Marina Fondacci.

La crainte d'une après-saison sous cloche

Cap maintenant sur l’après-saison. Cette année, elle est porteuse d’espoir et de craintes. « On espère que la crise ne sera pas de retour comme en octobre 2020 » soupire Marina Fondacci. Elle espère plutôt retrouver l’élan de consommation qui a porté les locaux à la fin du printemps. À Bastia, Daniel Benedettini aussi place tous ses espoirs dans la clientèle locale, notant au passage une nouvelle restriction qui entrera en vigueur dès le 1er octobre : les enfants de plus de 12 ans devront eux aussi présenter un pass sanitaire valide pour entrer dans un commerce soumis à sa présentation. Une nouveauté qui « va occasionner une nouvelle baisse de fréquentation, surtout dans le monde de la culture » craint le président bastiais.

Seule certitude, l’été et son après-saison sont cruciales pour reconstituer une trésorerie qui d’ordinaire sert à faire face à des mois de janvier, février et mars plus moroses. Cette année, le défi est double. Il faudra aussi renforcer sa santé financière au cas où la situation sanitaire s’aggrave de nouveau et que le gouvernement oblige les commerçants à baisser le rideau, relançant la boucle infernale qui semble s’être amorcée depuis l’hiver 2020.