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Centre de tri d'Ucciani : Les arguments du collectif "Per a Salvezza di u Celavu"


le Samedi 7 Février 2015 à 23:26

Sous le titre "Projet d’un centre de regroupement, de transit, de tri de déchets à Ucciani : Lorsque le Développement Durable est à géométrie variable" le Collectif Per a Salvezza di u Celavu, par la voix de son président, Joseph-Paul Brescaglia, réplique à la récente communication de AM-environnement.



La communication de la SAS AM-Environnement ne manque pas de cynisme et de pragmatisme. 

C’est une logique d’opportunité qui a conduit cette société à Ucciani : un terrain sur lequel se trouve un hangar construit avec un permis de construire agricole, sur une commune sans PLU soumise à la permissivité des règles générales de l’urbanisme. Pas le développement durable. Pas l’économie circulaire ; sauf si le terme de circulaire  est utilisé pour justifier  une noria de camions venant du grand Ajaccio vers Ucciani puis de nouveau vers le port d’Ajaccio. Oui, pour circuler, les déchets vont circuler sur prêt de 60km… Quid des gaz à effet de serre et autres désagréments. Les contribuables paient dans tous les cas le transfert des déchets vers le continent. Notons qu’Ucciani est une commune rurale intégrée au PNR de la Corse.

Les Conseils municipaux des communes participant à la Communauté des communes de la haute vallée de la Gravona se sont tous prononcés sur le projet : Carbuccia contre, Vero contre, Ucciani contre, Bocognano contre, Tavera contre. Des communiqués ont été publiés dans la presse pour soutenir le Collectif Per a Salvezza di u Celavu et pour appeler la population à se mobiliser. 

Dans la leçon de développement durable donnée par la SAS AM-Environnement, certains aspects sont oubliés.

Le droit à l’information de la population est inscrit dans le Code de l’Environnement (article L110-1). Ce n’est pas une concession gentiment accordée par le porteur d’un projet qui, du fait des risques de pollution, est soumis aux prescriptions des Installations Classées pour la Protection de l’Environnement (ICPE). Le risque zéro pollution, notamment pour les DEEE, n’existe que dans le discours de la SAS AM-Environnement.

Le projet n’est pas en dehors de la zone d’aléa inondation. Une partie du terrain est concerné. Des travaux de remblaiement et de terrassement, interdits sur la zone d’aléa tout comme le stockage de déchets, ont été constatés par les services de la DDTM.  


Entre 1996, date de la carte de la vulnérabilité, et 1999, date de la carte du risque aléa du PPRI, le restaurant de toile prévu s’est transformé en hangar agricole sur le site de Suarella. Aujourd’hui, un projet de centre de regroupement des déchets est envisagé. Qui aurait l’idée de choisir un tel terrain ? La société SAS AM-Environnement, très concernée par le développement durable et le principe de précaution ! Ce sont bien évidemment des documents publics accessibles à tous.
La gouvernance, la transparence, l’analyse du cycle de vie d’un projet sont aussi des composantes du développement durable. Rappelons que le projet d’Ucciani doit traiter des déchets de 80 000 habitants, au bas mot, dans une Communauté de communes de 2000 habitants et à une distance de 30 km du principal bassin de production des déchets. Il est bien évident que cela ne donnera lieu qu’à de  « très faible quantité de déchets » selon la SAS AM-Environnement. La moyenne nationale de la production de DEEE est de 6kg par habitant et par an. Le calcul est simple à faire, sans parler des autres déchets prévus.
Nous ne pouvons qu’être déconcertés par la légèreté avec laquelle la SAS AM-Environnement perçoit le rôle du PADDUC et du PPGDND (Plan de Prévention et de Gestion des Déchets Non Dangereux soumis actuellement à enquête publique) ainsi que le rôle de la CTC, qui a en charge ces dossiers. Il faudrait que la société revoit le Code général des collectivités territoriales tout comme la définition d’un EMU qui ne dépend pas de la taille du terrain mais de sa localisation.
Certes, le projet de Biguglia  est cohérent. Il est dans une zone industrielle dans la continuité de l’extension de Bastia et de son agglomération ce qui n’est pas le cas d’Ucciani. Comparons ce qui est comparable. Lors de la réunion à Ucciani du 13 décembre 2014, Mr Ange Moracchini, président de la SAS AM-Environnement, nous a dit être venu pour « rectifier nos erreurs ». Il ne faudrait surtout pas prendre les citoyens pour des enfants qui viennent visiter les installations de Biguglia. Un dossier complet administrativement ne veut pas dire qu’il soit pertinent, inscrit dans une durabilité acceptable, ne compromettant pas le développement des générations futures. Le dossier de déclaration soumis aux services de la Préfecture de Corse du Sud est simplement complet. Le régime déclaratif étant extrêmement simplifié, effectivement la durabilité du projet n’est pas prise en compte, autrement dit les impacts.
Pour terminer, le projet d’Ucciani, dans le cadre du futur PPGDND et des installations à prévoir, est vraisemblablement amené à évoluer. La question est vers quoi. Vers une rotation accrue des camions pour rester en régime déclaratif et échapper à une étude d’impacts ? Nous ne pouvons qu’émettre des suppositions.
Désormais, nous attendons le vote de la Communauté des communes de la haute vallée de la Gravona qui a un droit de regard sur les choix d’aménagement et sur la gestion des déchets. Nous attendons les réponses juridiques aux démarches que nous avons engagées.