Après trois ans de bataille contre la liquidation de la compagnie décidée par VEOLIA puis TRANSDEV actionnaires sortants de la SNCM,
Après une année de redressement judiciaire totalement inédit, avec l’attribution des actifs et des personnels repris au groupe insulaire de Patrick ROCCA, candidat mieux disant,
Les personnels et tous les acteurs du dossier étaient en droit d’attendre une période d’apaisement laissant à chacun la liberté et la possibilité de jouer son rôle après le jugement du tribunal du 20 novembre et la finalisation du Plan Social qui a suivi les dernières réunions de fin novembre en Préfecture et au Ministère.
Mais en ce début d’année, la provocation est grande avec l’arrivée du STENA CARRIER, roulier sous pavillon étranger sans navigant français à bord, le jour même du démarrage de la nouvelle compagnie MCM. Nous sommes convaincus que Corsica Linea n’est pas aujourd’hui victime mais bien dans l’objectif que ses actionnaires se sont fixés.
Situation de crise orchestrée en période de transition tant pour les institutions nouvellement issues des urnes le 13 décembre que pour la nouvelle compagnie…
Cette tentative est lancée au moment le plus creux de l’année. Période propice à l’hostilité contre les dispositifs en place, au motif qu’ils peuvent plus facilement supporter une interruption…
Elle se fait avec la participation de candidats aux élections battus, présents sur des listes qui n’ont pas rencontré le suffrage des électeurs insulaires, avec leur assertion à aucun moment prouvée, qu’il ne faut plus de DSP sur les liaisons Marseille – Ajaccio et Marseille - Bastia.
Quel est l’objectif recherché ?
Provoquer le redressement judiciaire ou la liquidation de la Méridionale et de la nouvelle compagnie MCM en 2016 ?
Et que se passera-t-il si leur aventure tourne court, si la guerre économique qu’ils essaient de déclencher aboutit à des pertes pour tous ?
Au lieu de tirer les enseignements de leur échec au Tribunal de Commerce du fait de l’insuffisance de leurs offres, ces perdants de l’appel d’offres se lancent dans une aventure qui pourrait leur couter cher, si elle n’avait d’autre objectif que de remettre en cause à court terme l’existence des deux compagnies en charge de la desserte maritime de service public actuel.
Alors qu’ils voulaient récupérer pour le prix symbolique les Cargos-mixtes et les Car-ferries de la desserte de la Corse et du Maghreb et qu’ils devaient hypothéquer 6 navires pour avoir, coté consortium, une simple intention de financement d’un pool bancaire, que proposent-ils maintenant à la Corse ? :
STENA CARRIER pour quelques mois remplacé par :
ANTARES : Roulier de 1988 actuellement sous pavillon Norvégien
CAROLINE RUSS : Roulier de 1999 actuellement sous pavillon Antigua & Barbade
(Cf Le Marin du 4 janvier au soir)
Les conditions sociales de ces navires respecteraient-elles le cadre réglementaire du décret « Etat d’Accueil » une fois en exploitation au cabotage national? Comment et sous quelles conditions seraient embauchés les « marins Corses » annoncés si tant est que cette promesse soit suivie de faits ? Par une société de manning pour des pavillons internationaux ? Ou par un véritable armement pour des pavillons français 1er registre ?
Et que dire des caractéristiques de ces navires : Une vingtaine de membres d’équipage / Une dizaine de cabines maxi pour quelques convoyeurs / Vitesse et manœuvrabilité réduite: combien de retards à venir ?
Se pose aussi la question de l’occupation des ports en saison ? Que se passera-t-il à Bastia l’été prochain ?
Nous rappelons qu’ils ont été écartés du port de Toulon qui était leur projet initial… La liberté d’installation a aussi ses limites en regard des exigences de sécurité des opérations portuaires !
Si tant est que Corsica Linea ait fait les démarches imposées par le cadre des Obligations de Services Public (caution financière – programme d’exploitation sur un an – solvabilité et régularité fiscale de l’entreprise), nous nous interrogeons sur la faiblesse de ces OSP, censées réguler le marché pour ne pas déséquilibrer la Délégation de Service Public :
Les compagnies délégataires de la DSP sont tenues d’assurer un service mixte fret-passagers répondant aux besoins d’intérêt général validés par l’Assemblée de Corse. Si une concurrence frontale sur le fret uniquement, venait à se confirmer et se développer sur les autres ports insulaires, sans les coûts liés au service passagers, elle mettrait en déséquilibre le service public de continuité territoriale.
Quelle nouvelle répartition entre opérateurs verrions-nous apparaître ?
N’y aurait-il pas le risque de voir un monopole « passagers » sur Toulon en entente avec un monopole « fret » sur Marseille ?
Quelle(s) solution(s) pour les passagers en périodes creuses sans les capacités de la DSP actuelle ?
Cette «ouverture de ligne », ou simulation qui en tient lieu, au départ de Marseille, n’est-elle pas qu’un élément d’une stratégie plus large non encore dévoilée avec Corsica Ferries ou d’autres ?
Dans le dossier des Transports maritimes, nul ne peut oublier le défaut de clarification des règles de la concurrence pour les dessertes insulaires. Le triste précédent de la Sardaigne, victime d’une entente entre armateurs napolitains, éclaire d’un jour cru l’avenir potentiel de la desserte de la Corse !
Par ces rebondissements permanents, et avec une alliance contre nature VEOLIA – TRANSDEV – ETAT rejoint par le Président sortant de l’Exécutif de Corse, ce dossier a été rendu incompréhensible à l’opinion et aux élus.
Il serait normal que le temps du débat et de la clarification pour la future desserte de la Corse après octobre 2016 vienne dans la sérénité, le respect des prérogatives de la Corse et de la nouvelle majorité qui se met en place.
L’aventure doit cesser, il faut respecter les échéances du dossier et les institutions de la Corse qui se mettent en place.
Le vieillissement des flottes, le mur d'investissement qui ne cesse de croitre pour les renouveler, la remise en cause du modèle Cargos mixtes développé depuis les années 2000 et la régression pour la qualité de la desserte que représentent les navires que le Consortium et Daniel Berrebi veulent maintenant amener à la Corse, montrent que sans sursaut le risque de paupérisation devient maximum pour les transports maritimes de la Corse.
Nous sommes en charge de l'enjeu social, face à un monde "entrepreneurial" qui n'envisage que la disparition du salariat régional dans le maritime et à terme dans l'aérien.
Comment accepter la passivité de l’Etat devant cette situation créée par le désir de revanche des recalés du Tribunal qui n’hésiteront pas à satisfaire leurs égos aux périls de centaines d’emplois français et de la Marine Marchande Française !
L'impératif de démocratie s'impose à toute tentative de maitrise de l'avenir des Transports de la Corse.
Au sein de l'intersyndicalité MCM CMN, comme en bilatéral, la CFE-CGC et ses élu(e)s vont de nouveau multiplier les contacts dans les deux régions.