Les feuilles disparaissent, les collines brunissent, et les chenilles s’accumulent jusque dans les zones habitées. Depuis la mi-mai, le bombyx disparate dévore les forêts corses à un rythme inédit provoquant une défoliation spectaculaire des chênes, des châtaigniers, mais aussi d’autres essences comme le hêtre ou certains arbres fruitiers.
Mais la dynamique semble s’inverser. Dans un bulletin publié le 23 juin, la direction régionale de l’alimentation, de l’agriculture et de la forêt (DRAAF) de Corse indique que le pic de l’infestation est derrière nous. « La phase de décroissance est amorcée » sur plusieurs zones, indique l’administration, qui observe déjà un début de refeuillaison sur plusieurs secteurs.
Les images satellites montrent un net ralentissement dans certaines zones. Autour de Bastia, les surfaces infestées ont reculé de 11 % entre le 13 et le 19 juin. Le Cap Corse suit la même tendance, avec une baisse de 2 %. En Centre Corse, où l’expansion atteignait encore +63 % à la mi-juin, la progression ralentit autour de 21 %. La stagnation domine dans les vallées du Prunelli et du Taravo. Seul le secteur de Ventiseri reste en phase active.
Cette décrue s’explique aussi par le cycle biologique de l’insecte. Les chenilles ont désormais atteint leur taille maximale, limitant leurs déplacements. Leur prolifération, très rapide en début de cycle, tend naturellement à ralentir à ce stade.
Mais la DRAAF appelle à la prudence. Le bombyx disparate est un insecte polyphage, capable d’attaquer bien au-delà des seules essences forestières. « Les expertises devront porter à la fois sur le volume des surfaces touchées, mais aussi sur leur nature », souligne le bulletin. Les forêts ne sont pas les seules concernées. S’il s’agit d’un phénomène cyclique bien connu, l’ampleur de l’épisode 2025 reste exceptionnelle. Par sa densité, sa vitesse de propagation et son impact paysager, cette invasion rappelle la vulnérabilité des écosystèmes insulaires face à des dynamiques naturelles amplifiées.
Les équipes du département de la santé des forêts poursuivent leur travail de terrain et d’analyse satellitaire pour suivre l’évolution des foyers. Sur cinq zones sous surveillance, trois amorcent une régression, une stagne, une reste active. La fin de la « crise », n’est pas encore là, mais elle semble enfin en vue.