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Bastia: un label pour accompagner les élèves à se détacher des écrans


David Ravier le Samedi 27 Mai 2023 à 16:26

Le label Digital prévention, décerné ce vendredi 26 mai à huit établissements scolaires de Bastia, vise à mieux informer les élèves des dangers du numérique, accompagner les parents dans la pédagogie autour des écrans et renforcer la détection précoce au sein de l'équipe pédagogique.



Des chefs d'établissement des écoles de Bastia ont reçu le label des mains de Michelle Blain, la directrice de l'association Horizon multimédia (au centre).
Des chefs d'établissement des écoles de Bastia ont reçu le label des mains de Michelle Blain, la directrice de l'association Horizon multimédia (au centre).
Apprendre à utiliser les écrans intelligemment et de manière responsable, c'est le message qu'a voulu faire passer l'association Horizon Multimédia vendredi 26 mai au collège Montesoro de Bastia. Dans le cadre du programme Vivre les écrans autrement, l'association Horizon Multimédia, soutenue par la Cité éducative de Bastia et l'Agence régionale de Santé de Corse, a décerné huit labels Digital prévention à des établissements de la ville, parmi lesquelles on retrouve le collège Montesoro, l’école maternelle Defendini, ou encore les écoles primaires Subissi et Reynoard. Ces labels, remis aux chefs d’établissements, attestent que ces structures ont mis en place durant toute l’année scolaire des initiatives pour mieux accompagner les élèves dans leur gestion du numérique au quotidien. L’association Horizon multimédia, qui travaille auprès de 1 300 classes en Corse et dans la région PACA, de la grande section de maternelle jusqu’à la sixième, a pour but de sensibiliser les enfants sur les bonnes et les mauvaises pratiques liées au numérique et aux réseaux sociaux, afin qu’ils deviennent des acteurs responsables de leur utilisation d’internet et des écrans. 

Faire de la prévention sur les mauvais usages du numérique

Si tous les chefs d’établissement présents reconnaissent que le numérique a pris une place indispensable dans notre quotidien, chacun souligne à quel point il est important de s'interroger sur nos usages, à plus forte raison lorsque le public visé est trop jeune pour en voir les méfaits. "L'idée, c'est d'outiller les familles, leur communiquer les dispositifs de prévention et de protection pour qu'eux-mêmes soient en mesure d'accompagner leur propre enfant, indique Michelle Blain, la directrice de l'association Horizon Multimédia. Nous formons également les professionnels de santé et les équipes éducatives de l'éducation nationale à repérer précocement une conduite à risque."

Ces actions menées toute l’année auprès des élèves visaient notamment à réduire les comportements délétères liés au numérique que sont le cyberharcèlement sur les réseaux sociaux ou le revenge porn, par exemple, qui peuvent avoir des conséquences tragiques. Dans ce cadre, la formation de l'équipe pédagogique est indispensable pour repérer précocement les comportements problématiques chez les élèves selon Jean-Louis Angeli, le principal du collège de Montesoro. "Au sein de l'école, l'usage du numérique est cadré par les professeurs, mais la détection se fait surtout sur des signaux plus subtils. Par exemple, si un élève est fatigué le matin, ça peut vouloir dire que l'élève n'a pas dormi parce qu'il a eu un usage excessif des écrans la nuit". Dans ce cas de figure, l’équipe pédagogique peut être amenée à discuter avec les parents, voire à faire appel aux infirmières scolaires pour prendre en charge les élèves. 

Une vigilance accrue de la part des adultes

Selon les derniers chiffres avancés par la Fondation pour l'enfance, les enfants de 2 à 7 ans passent en moyenne trois heures par jour devant un écran, et cela peut monter jusqu'à 6h45 chez les élèves de 13 à 18 ans. Ces consommations frénétiques d'écrans qui ne sont pas forcément contrôlées par des adultes vont dans le sens du rapport rendu par l'Arcom le jeudi 25 mai sur la fréquentation des sites pour adultes par des mineurs, qui met en lumière que 51% des garçons de 12 ans consultent un site pornographique chaque mois.

Pour endiguer ce chiffre inquiétant, il faut nécessairement en discuter avec les jeunes afin qu'ils développent un esprit critique face à ce qu'ils regardent. "Nous travaillons essentiellement sur la prévention, assure Michelle Blain. Nous abordons quatre thèmes avec les jeunes: les jeux vidéo, les réseaux sociaux, l'impact sur la santé et le e-sexualité. À travers ces quatre thématiques, nous mettons en place des actions pour permettre aux jeunes d'être acteur de leur propre prévention."

"Tous les adultes doivent être mobilisés, ce n'est pas juste une problématique à laisser aux parents, insiste Bruno Benazech, le directeur académique des services de l'éducation nationale en Haute-Corse. C'est une question qui doit être réglée collectivement puisque le numérique continuera de remplir de nos vies quoi qu'il arrive. Il faut que tous les adultes soient impliqués. Les parents doivent prendre leur part, tout comme les enseignants, les médecins ou les éducateurs dans les associations. L'idée, c'est que tout le monde puisse avoir une connaissance des bénéfices du numérique, mais surtout des risques qu'il peut y avoir."