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Bastia : Les peintures de Jean-Marie Zacchi illuminent les locaux de Vision Futura


Jeanne Leboulleux Leonardi le Samedi 7 Octobre 2023 à 13:38

Jusqu’au 4 novembre, les locaux bastiais de Vision Futura accueille une exposition des toiles de Jean-Marie Zacchi, peintre de renommée internationale originaire de Cervione. Des peintures lumineuses, avec une dominante de couleurs dans les tons bleus-verts qui apaisent l’âme...



Le docteur Alain Simoni est un passionné de peinture. Depuis maintenant près de dix ans, - en fait, depuis sa création –, son centre d’ophtalmologie Vision Futura accueille des peintres pour des expositions éphémères. Des peintres, mais également d’autres artistes : sculpteurs, photographes… Une passion qui remonte à l’adolescence : « Je faisais partie de la section artistique du lycée Marbeuf, sous l’égide de mon maître, décédé récemment, José Lorenzi, explique-t-il.  C’est lui qui m’a donné envie de continuer dans l’art. Au point que dès qu’il y a une exposition intéressante quelque part, même à l’étranger, je n’hésite pas à me déplacer pour la voir. » Mais pourquoi accueillir des expositions ?  « J’ai eu envie de mettre l’art au milieu des gens, de la vie de tous les jours. De le rendre accessible à tout le monde. Sans qu’on ait besoin de se rendre tout exprès dans un musée ou dans une galerie. Et puis je trouve intéressant de faire venir l’art sur le lieu de travail… » Ainsi, le centre, avec ses 750 m2, se présente-t-il comme « un espace ouvert d’expression artistique et culturelle ».
 

Bastia : Les peintures de Jean-Marie Zacchi illuminent les locaux de Vision Futura
Toucher un public nouveau
« J’avais rencontré le docteur Simoni au Grand Palais, raconte Jean-Marie Zacchi. On avait discuté. C’est un monsieur génial ! Un collectionneur qui a un œil avisé. Et son espace est superbe pour une exposition : aussi beau qu’une galerie ! » Après donc, une exposition organisée en début d’été par France-Anne Van Peteghem, dans les locaux de sa Galerie Noir et Blanc, quand cette dernière lui propose d’exposer dans cet espace étonnant qui n’est pas une galerie, Jean-Marie Zacchi n’hésite pas : les lieux lui permettent de mettre en valeur de grands formats aussi bien que des petits… et tous les thèmes y trouvent leur place. « Le docteur Simoni m’a expliqué que ça déstresserait les gens, notamment ceux qui vont subir une opération. Dans la salle, il dépose également des livres d’art, pour que les patients soient plus détendus. C’est le pouvoir de l’art, avec les tableaux, qui permet d’apaiser les gens ! » Enfin, le peintre est séduit par cette possibilité de toucher un public nouveau, qui ne serait jamais entré dans une galerie de peinture : « Alors on va vers eux… J’espère qu’ainsi on les intéressera davantage à l’art, que ce sera pour eux une découverte ! ». 
Un enfant de la Corse
Jean-Marie Zacchi est un enfant de notre île. Petit, il passait toutes ses vacances au village de Cervione, où il est né, avec ses cousins. « Mon père et ma mère en sont tous les deux originaires », explique-t-il. Alors, si son choix professionnel l’a conduit à privilégier la capitale, ce n’est peut-être pas sans une certaine nostalgie : « Pour mon travail, il faut que je sois sur Paris, là où sont les grands salons. Je ne suis pas un peintre qui reste tout seul dans son atelier ! Je suis investi totalement dans le monde de la peinture, je préside des salons, je vis dans ce milieu…» Président du salon des artistes du Grand Palais dans les années quatre-vingt-dix – le plus ancien salon du monde, comme il aime à le souligner –, Président des Peintres de l’armée, aux Invalides, également Peintre de la Marine, il mène une carrière internationale qui le conduit fréquemment à l’étranger : notamment au Japon, où il expose depuis trente ans ; en Corée, depuis dix-huit ans… « Le côté technique, c’est important : il faut envoyer les toiles. Roissy, c’est plus rapide. Et ils viennent me les chercher … »  Pourtant, la Corse reste présente dans ses pensées : « Je dis toujours en riant que se sera mon dernier voyage : mon caveau est prêt à Cervione ! ».

Les pins laricio
De fait, la Corse est présente au cœur de son œuvre : « Inconsciemment, elle m’a sans doute toujours inspiré. Mais c’est au décès de ma mère que j’ai voulu en quelque sorte lui rendre hommage et traiter le thème de la Corse. » Les arbres, si souvent représentés sur ses toiles, « partent du bas vers le haut. Ce pourrait être des pins “laricio”… ». Mais la thématique va au-delà : « Je dis souvent que le jour où il n’y aura plus d’arbres, on sera très très mal ! » Et la symbolique échappe à son créateur : « En août, j’étais au Japon… où je fais la promotion de notre Corse. Je leur ai expliqué les pins. Mais pour eux, les arbres que je peins, c’est la terre qui rejoint le ciel… »  

 

Bastia : Les peintures de Jean-Marie Zacchi illuminent les locaux de Vision Futura
Une fenêtre ouverte sur la beauté
Une nature très présente – avec les thèmes des campagnes, des calanques – la Corse une fois encore –, des bouquets… même si ce n’est pas exclusif : d’autres thèmes ont également marqué son œuvre : Paris – ce lieu central également dans sa vie, où il va fêter ses soixante ans de peinture le 23 novembre prochain, à la Galerie du Marais –, Venise aussi… Des décors qui ne laissent pas de place à l’homme ni à l’animal : « Je ne suis pas quelqu’un de sauvage, mais c’est vrai que je ne suis pas un peintre animalier, alors que j’aime beaucoup les animaux… Au Japon, on m’appelle le “peintre zen”. Mes toiles, c’est comme une fenêtre ouverte sur quelque chose de beau, d’agréable. Pour que les gens respirent… parce que notre monde est de plus en plus oppressant ! Je veux donner une impression de beauté, que les gens se sentent apaisés. Et beaucoup me disent qu’ils se sentent bien devant mes peintures ! » Le titre du livre qu’il a fait paraître en 2003 – et qui en est à sa deuxième réédition – traduit bien cette recherche d’apaisement : Le peintre de la sérénité. 
 
Un air de village corse…
Le bleu et le vert qui dominent ses peintures contribuent à ce sentiment. « Chaque peintre a sa palette, c’est toujours inconscient. Le bleu et le vert sont vraiment en force chez moi : le bleu pour le ciel, ce beau ciel en Corse qui est toujours bleu ! Le vert, toujours la Corse : je suis de Castagniccia ! En Corse, heureusement, il y a toujours des forêts ! Ce sont deux éléments qui m’ont toujours marqué. Et ce sont mes amis japonais qui m’ont un peu poussé vers la couleur : la couleur est arrivée avec ce côté asiatique. J’ai pu m’attaquer au jaune, au rouge, au rose… au point qu’aujourd’hui je pense avoir attaqué toute la palette… ». 
Des couleurs qui renvoient également à la Corse, avec ces villages jaunes et ensoleillés. Des villages comme il n’en existe aucun… mais où chacun pourrait reconnaître le sien : « Je ne peins jamais une photo. Quand un endroit me plaît, je le peins… à ma façon ! »