Corse Net Infos - Pure player corse

Bastia : La communauté juive de Corse s'apprête à célébrer la fête du Yom Kippour


MV le Dimanche 24 Septembre 2023 à 12:19

C'est un moment sacré pour la communauté juive corse. Le Yom Kippour, ou le Grand Pardon, une des fêtes les plus importantes du judaïsme, est sur le point de débuter. Pendant 25 heures à partir de ce dimanche 25 septembre au soir, les Juifs du monde entier se réuniront pour célébrer cette journée de repentance et de réconciliation.



De gauche à droite Joseph Cohen, Gérard Levy, Président de l’association cultuelle israélite de Bastia et de la Corse et Henri Lévy
De gauche à droite Joseph Cohen, Gérard Levy, Président de l’association cultuelle israélite de Bastia et de la Corse et Henri Lévy
Alors qu'en Israël, le pays tout entier s'apprête à vivre au ralenti pendant 25 heures, avec le trafic aérien et les transports en commun interrompus, ainsi que la diffusion d'émissions audiovisuelles, en Corse, c'est à la synagogue Beth Meir de Bastia que les membres de la communauté juive se réuniront. Même si les pratiquants ne sont plus très nombreux, totalisant seulement quelques centaines de familles réparties sur l'île, cet ancien lieu de culte, situé au 3 rue du Castagno, demeure le point central des célébrations du Yom Kippour aussi appelé le Grand Pardon, un moment de repentance et de réconciliation, considéré comme le jour le plus saint de l'année pour la communauté juive.

"La fête du Grand Pardon a lieu le 10 du mois de Tichri, c’est-à-dire dix jours après le Nouvel An juif, Roch Hachana. Cette période est désignée comme celle des 'jours redoutables', les yamim noraim, durant lesquels les hommes et les femmes se demandent pardon entre eux et implorent Dieu de leur accorder le sien. Yom Kippour est le point culminant de ces dix jours de pénitence, au terme desquels, après avoir été lavés de leurs péchés et inscrits dans le Livre divin de la Vie comme ils l’espèrent, ils pourront entamer les réjouissances de Souccot ou 'fête des cabanes'." explique Henri Lévy, petit-fils de Méir Tolédano, premier Rabbin de la synagogue de Bastia de 1920 à sa mort en 1975.


Cinq commandements
Durant Yom Kippour, les trente-neuf travaux traditionnellement prohibés à Shabbat sont également interdits, mais cinq interdictions spécifiques sont ajoutées pour accompagner les fidèles dans la confession de leurs fautes et leur expiation devant Dieu : "le jeûne total pendant 25 heures, de la tombée du soleil au crépuscule du lendemain, l’interdiction des relations sexuelles, celle de se parfumer ou d’utiliser des crèmes, celle de se laver (à l'exception des mains), et l’obligation d'enfiler des chaussures dépourvues de semelles de cuir, en signe d'humilité," comme le précise Agathe Bank-Lapotre, en charge de la communication de la synagogue de Bastia.

Ce dimanche, journée précédant Yom Kippour, appelée Erev Yom Kippour, revêt une grande importance. "C'est un moment où chacun doit pardonner à son prochain et manifester son amour et son amitié envers tous, quelles que soient leurs différences. La journée se conclut par un grand repas festif avant le jeûne, suivi de l'allumage d'une "bougie du souvenir" en mémoire des défunts, et de deux bougies pour célébrer l'entrée dans la sacralité de la fête. Ensuite, la communauté se rend à la synagogue pour l'office qui à Bastia sera célébré par un rabbin venu du continent." détaille Gérard Levy, président de l’association cultuelle israélite de Bastia et de la Corse.

 

Agathe Bank-Lapotre, Henri Lévy et Philippe Peretti, adjoint à la culture à la mairie de Bastia
Agathe Bank-Lapotre, Henri Lévy et Philippe Peretti, adjoint à la culture à la mairie de Bastia
Tout au long de la journée de Yom Kippour, des prières de confession et de souvenir, dans certaines communautés, alternent avec des lectures des rouleaux de la Torah. À la toute fin du 25 septembre, une corne de bélier, le shofar, est sonnée, un instrument de musique ancien déjà utilisé lors de Roch Hachana, marquant ainsi la conclusion de cette journée solennelle de prière, de repentance et de réconciliation pour la petite mais dévouée communauté juive de Bastia qui est en effervescence à l'approche de cette fête sacrée..

Le shofar
Le shofar
90 ans d'histoire

Cette année, les célébrations revêtent une importance particulière en raison du 90e anniversaire de la synagogue de Bastia. Fondée en 1934 dans un appartement du centre historique, ce lieu de culte e a été acquis en 1972 grâce à une souscription du Fonds social juif unifié. Aujourd'hui, elle est gérée par l'Association cultuelle et culturelle israélite de Corse, rattachée au Consistoire central israélite de France.
Malgré son histoire riche, la synagogue de Bastia ne compte plus de nombreux fidèles. "La disparition de la pratique religieuse est un phénomène commun à toutes les religions." observe le président de l'association, Gérard Levy, Cependant, le financement de son fonctionnement pose problème, car la synagogue dépend des dons des fidèles et ne peut pas rémunérer un rabbin depuis de nombreuses années. Pour les grandes cérémonies comme celle du Yom Kippour, un rabbin vient du continent, mais il faudrait un budget considérable estimé à 50 000 par an pour redonner vie à ce lieu chargé d'histoire.