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Autonomie de la Corse : le collectif Massimu Susini dénonce "le manquement des élus insulaires"


Philippe Peraut le Mardi 26 Avril 2022 à 21:59

Au cours d’une conférence de presse donnée ce mardi 26 avril à la mairie annexe de Sarrola Carcopino, le collectif « Massimu Susinu » a évoqué la nécessité, pour la société corse et plus particulièrement les élus, de lutter contre l’emprise mafieuse dans l’île dans la perspective d’une autonomie qui pourrait se dessiner si Paris tient ses engagements.



Photo Michel Luccioni
Photo Michel Luccioni

Quelques mois après sa dernière intervention, le collectif anti-mafia « Massimu Susini » est sorti de son silence à l’occasion d’une conférence de presse donnée ce mardi à la mairie annexe de Sarrola Carcopino. À la tribune, Ghjuvan Santu Plasenzotti, l’un de ses chefs de file, accompagnés d’autres membres Manette Battistelli, Pierre-Laurent Santelli, Roselyne De Nobili, Aline Serreri et Jérôme Mondoloni. 

Il a été, cette fois, une question d’autonomie, une perspective qui a fait surface à la suite de l’assassinat d’Yvan Colonna et des manifestations qui ont suivi. Mais pour les responsables du collectif, élus et État « font l’impasse sur une réalité qui détruit notre communauté historique et l’espoir de partager le principe d’égalité des Corses devant la loi, rappelle Ghjuvan Santu Plasenzotti, l’emprise mafieuse qui est de plus en plus forte. Et la lutte pour ce statut ne saurait occulter ce problème... » 

Le collectif a mis en exergue les moyens dont dispose la CdC pour lutter contre cette emprise et en premier lieu la réactivation de la commission violence. « Combien d’assassinats et d’incendies criminels allons-nous devoir attendre pour réveiller la conscience de nos élus ? ajoute le responsable, nous demandons que soit organisé un débat sur la nécessité de renforcer l’arsenal judiciaire en commençant par la création du délit d’association mafieuse. Les élus appelés à négocier le statut d’autonomie devront porter cette demande à Paris. » Autre point souligné par le collectif, le «pacte anti-corruption » évoqué du reste dans son rapport et en tant qu’obligation légale par Wanda Mastor. « Il permettrait par exemple de lutter efficacement contre la pénétration mafieuse dans les marchés publics. » 

La question des déchets de nouveau posée 

En guise de point d’orgue, la question des déchets. « Un thème, ajoute Plasenzotti, sur lequel l’État n’y est pour rien. Un plan est inclus dans le Padduc, il doit planifier la politique à adopter en matière de déchets sur une période de 6 et 12 ans. Dans un rapport du Président du Conseil Exécutif, la volonté de la CdC de mettre en place un service public de gestion des déchets permettant de maîtriser les coûts pour les usagers et surtout d’éviter toute situation de monopole avait été réaffirmée. Or, ce choix n’a jamais été cité dans le Plan territorial de Prévention et de Gestion des Déchets de Corse...Par ailleurs, l’Autorité de la concurrence a dénoncé dans son rapport « le manque de transparence de la gestion publique des déchets de Corse », ceux-ci sont en droit d’attendre de la CdC un plan précis. Or, nous sommes face à un manque de clarté...» 
Un manque de clarté qui, selon le collectif, laisserait tout loisir au grand banditisme de poursuivre son œuvre. D’où la nécessité, également, d’une révision du Padduc. « Les Corses ne sont au courant de rien alors que l’enjeu est capital et que la spéculation immobilière constitue l’une des principales sources de profit pour la mafia. » 

Enfin, le collectif fustige l’État dans le dossier relatif à l’assassinat de Massimu Susini, en septembre 2019 à Carghjese. « Notre collectif n’a pas été créé pour mener l’enquête dans cet assassinat, prévient Ghjuvan Santu Plasenzotti, nous avons dit en temps et en heure ce qu’il fallait dire. Il appartient aux services de police de faire leur travail. Nous allons continuer notre mission d’information pour l’avenir de nos enfants. »