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Autonomie de la Corse : Pascal Zagnoli (PNC) "nous irons jusqu’au bout car nous voulons la réussite de ce processus"


David Ravier le Lundi 26 Juin 2023 à 18:53

À quelques jours de la session extraordinaire de l'Assemblée de Corse qui se tiendra le 4 juillet, le Partitu di a Nazione Corsa (PNC) a organisé une réunion de travail ce dimanche 25 à Ponte-Leccia pour faire le point avec ses militants sur les débats entrepris avec les autres formations nationalistes et les prochaines échéances à venir. L'occasion pour Pascal Zagnoli, le secrétaire général du parti, de livrer à CNI ses impressions sur les suites à donner pour que le processus d'autonomisation de la Corse aille à son terme.



Pascal Zagnoli, le secrétaire général du Partitu di a Nazione Corsa (PNC), entouré des cadres du parti lors de son séminaire à Ponte Leccia.
Pascal Zagnoli, le secrétaire général du Partitu di a Nazione Corsa (PNC), entouré des cadres du parti lors de son séminaire à Ponte Leccia.
- À quelques jours de la session extraordinaire de l'Assemblée de Corse qui se tiendra le 4 juillet prochain et qui débouchera sur un vote déterminant pour la suite du processus de Beauvau, vous avez tenu une réunion ce dimanche à Ponte-Leccia avec les cadres et les responsables territoriaux du PNC. Quel était le but de cette rencontre ? 
- Si nous avons organisé ce tour de table, c'est parce que nous voulions faire un bilan d’étape sur ce processus de Beauvau qui a commencé il y a 14 mois, ce qui nous a permis de revenir et d'approfondir nos propositions sur le foncier, l’urbanisme et le logement. Ce séminaire était aussi l'occasion d'acter et cadrer la méthode de travail que nous utiliserons en ce qui concerne nos autres thématiques que sont l'identité, la langue, les institutions et la fiscalité, avant la dernière ligne droite et le vote à l'Assemblée de Corse le 4 juillet . 
D'un côté, cette réunion a favorisé les remontées du terrain de nos référents de section par rapport à nos propositions, de l'autre, elle a permis à l'exécutif du parti de redescendre vers les territoires, afin de jouer le rôle de porte-parole auprès de nos militants. Au-delà de ça, cela nous a permis de réaffirmer ce qui était fondamental pour nous, à savoir une reconnaissance du peuple corse et de sa langue au niveau de la Constitution, mais également ce que nous proposons sur le changement institutionnel de l'île, ce qui passe par une refondation des territoires, car de notre point de vue, ils ne sont que des coquilles vides qui doivent retrouver leur légitimité. 

- La réunion avec le ministre de l'Intérieur, Gérald Darmanin, s'est déroulée il y a trois semaines maintenant. Depuis, vous êtes allés à la rencontre des militants, du monde associatif, de la société civile, mais également des autres formations politiques de l'île. Cela vous a-t-il permis de faire émerger d'autres idées? 
- Depuis la dernière réunion à Paris, nous avons commencé à plancher sur un certain nombre de propositions par rapport à la langue et aux institutions que nous dévoilerons publiquement très bientôt. Sur la partie institutionnelle, nous souhaitons que le transfert de compétences pour la future communauté autonome de Corse soit dévolu aux intercommunalités et aux mairies, car nous voulons renforcer le bloc communal et le rôle des maires. Nous nous sommes rendu compte que depuis la collectivité unique, notamment dans les zones rurales, il manque des interlocuteurs politiques de terrain, c'est donc ce que nous désirons restaurer. De plus, nous appelons à un rééquilibrage des forces politiques à l’Assemblée de Corse entre la majorité et l’opposition en supprimant la prime majoritaire qui n’a pas de sens. L’idée est plutôt d’aller vers une logique de consensus et de coalition dans les futures majorités. 
Lorsque nous soumettons ce genre de propositions, le but n’est pas qu’elles soient reprises en l'état, mais plutôt qu’elles suscitent un débat avec les autres formations politiques de Corse, c’est la raison pour laquelle nous rencontrons les mouvements insulaires. En milieu de semaine, nous aurons une discussion bilatérale avec Femu a Corsica, le parti de la majorité, où l’objectif est de débattre, projet contre projet, afin de pouvoir présenter in fine le document le plus pertinent. Pour l’heure, toutes nos propositions sont sur la table et elles ont vocation à être discutées avec toutes les composantes de l’Assemblée de Corse. 

- En ce qui concerne la formation majoritaire à l'Assemblée de Corse que vous rencontrez en milieu de semaine, pensez-vous arriver à déboucher sur des solutions communes ?  
- Nous n’avons aucune appréhension à rencontrer Femu a Corsica. Il est normal que les deux parties se rencontrent à quelques jours d’une échéance aussi importante, alors que nous allons discuter de l’avenir de notre île. Cela fait très longtemps que nos deux structures ne se sont pas vues dans un format bilatéral. Bien entendu qu'il y aura des points de divergence entre nous. Sur le plan général, nous ne sommes d’accord sur quasiment rien en ce qui concerne le fonctionnement de la collectivité de Corse. Pour autant, il y a deux plans qu’il ne faut pas mélanger: d’un côté, la situation actuelle de l’île et le fonctionnement de la collectivité de Corse, où évidemment, il y aura un certain nombre de critiques. De l'autre, il y a la discussion stratégique sur le processus de Beauvau qui doit déterminer l’avenir de la Corse sur les vingt ou trente prochaines années. Sur le plan institutionnel et la négociation avec l’État, c’est là-dessus que nous devons nous unir, pas uniquement avec Femu a Corsica, mais avec tous les nationalistes et même au-delà. Depuis la dernière assemblée générale, nous plaidons pour l’unité stratégique du mouvement national, donc nous continuerons de chercher le consensus quoi qu’il arrive. Si l’accord politique est possible, nous irons jusqu’au bout, car depuis le départ, nous voulons la réussite de ce processus. On ne veut pas entendre parler d’échec, car on ne peut pas se permettre d'échouer. En revanche, si ce n’est pas possible, le PNC, fidèle à sa ligne politique depuis sa création en 2002, présentera des propositions de son côté, car nous avons mis trop de rigueur et de dogmatisme pour abandonner maintenant. 

Pascal Zagnoli. Photo Michel Luccioni
Pascal Zagnoli. Photo Michel Luccioni