Attaque terroriste à Borgo pour un… exercice grandeur nature

Ce jeudi matin, au poste médical avancé installé dans la salle des fêtes de Borgo, c'est l'effervescence. Le lieu est stratégique, suffisamment près du complexe où se déroule l'attaque, mais aussi assez éloigné et à proximité des axes routiers qui permettent l'évacuation rapide des blessés. Sur le parking, le ballet des véhicules de secours est incessant. Chaque "victime" déposée, brassard jaune avec un numéro d'otage et une feuille de renseignement autour du cou, est prise en charge par l'équipe d'accueil. « Je suis arrivé en urgence relative, du coup, me voilà déjà sorti » détaille un homme d'une quarantaine d'années, volontaire pour l'exercice. « J'ai été contacté par un mail du SIDPC (Service interministériel de défense et de protection civile). Des collègues à moi participaient. En arrivant au complexe sportif de Borgo, ce matin, on nous a donné une feuille de route avec un scénario. De là, les terroristes sont arrivés. » Les figurants de l'opération sont censés regarder un match de foot. « Ils sont débarqués lourdement armés, accompagnés d'une bande son avec des tirs de rafale et des explosions. On s'est caché, mais on a été très vite débusqué. Ils nous ont rassemblés en attendant les forces de l'ordre. » Une prise d'otage qui n'est pas sans rappeler le drame du Bataclan : « On n'était beaucoup moins, un vingtaine, mais, évidemment, on y a tous pensé. Le bruit surtout était impressionnant. Il y a eu des échanges de tirs et d'insultes à l'arrivée des policiers. Ils ont alors entamé des négociations et après l'intervention, ils ont du mal à nous trouver, c'est un vrai labyrinthe là-bas. » Finalement libéré, l'homme, d'abord dirigé vers un poste de secours sur place, est évacué vers la salle des fêtes. « En tout cas, c'est une sacrée organisation » conclut l'otage numéro 5.

C'est exactement le but de la manœuvre. Après l'intervention des forces de l'ordre (CIP Borgo et BRI Bastia), les pompiers et le corps médical prennent le relais. Tout est coordonné, dirigé, chacun à sa place. Depuis le PC de sécurité de la Préfecture, tous les services sont en alerte : « Je sais qu'il va y avoir un exercice, mais je n'en connais pas la teneur avant d'arriver sur place. C'est le meilleur moyen de tester notre réactivité à tous » insiste Michel Prosic, Préfet de Haute-Corse. Avec son équipe, en fonction des informations qui lui parviennent, il enclenche les procédures en vigueur. Les moyens humains et logistiques nécessaires sont mis en œuvre. 
 Vu la gravité de la situation, c'est également lui qui décide de déclencher le Plan Blanc dans tous les hôpitaux de la région, à la fois sur la partie accueil des victimes et sur la partie médico-psychologique. Michel Prosic précise : « On se met dans la situation d'une évacuation de 20, 30 ou 100 personnes. Au début de l'opération, nous ne disposons pas de toutes les informations. Il faut avoir une réponse opérationnelle. On ouvre, par exemple, une cellule psychologique pour accueillir les familles. On prévient aussi les médias. » Au fur et à mesure que la situation se précise et évolue, le centre opérationnel départemental de la préfecture s'adapte. « On commence à rassembler les éléments et à ajuster le dispositif » précise le Préfet. Sur place, si l'évacuation a déjà eu lieu, un peu plus tôt, à l'abri des caméras, les forces de l'ordre refont l'exercice. « À l'image de celui de réalisé l'an dernier à Calvi (lire ici), nous essayons de reproduire ce type d'exercice de gestion de crise. Rien ne vaut ces entrainements grandeur nature pour préparer et coordonner tous les services de l'État. » Tout en espérant qu'ils restent de simples exercices.