Après une première édition qui avait déjà mis en exergue la nécessité d’unir tous les acteurs de la santé au sein d’une même démarche, il y a deux ans, les deuxièmes assises territoriales de la santé qui se sont tenues ce vendredi au Palais des Congrès d’Ajaccio, étaient très attendues.
Au programme, trois tables rondes sur des thèmes précis : un retour d’expérience sur la médecine hospitalière et la médecine libérale durant la crise sanitaire actuelle, les menaces sanitaires en Méditerranée et enfin les compétences en matière de santé, des collectivités. Au total, plus d’une quinzaine d’intervenants, professionnels de la santé ou institutionnels venus de Corse et d’ailleurs (Tahiti, Occitanie…) étaient présents.
Une crise bien gérée en Corse
Lors de la première table ronde, Bianca Fazi, conseillère exécutive en charge de la santé, a insisté sur le fait de « prévenir pour mieux s’organiser face à une nouvelle crise sanitaire. Les professionnels de santé hospitaliers et libéraux ont été les principaux acteurs de la lutte contre l’épidémie. »
Mettre en lumière les acquis, adaptations concluantes, tensions et difficultés à résoudre, tels ont été les enjeux de ces premiers débats où la nécessité de travailler au niveau préventif et de bénéficier de plus de moyens. « On a plutôt bien géré la crise, précise le docteur Danielle Antonini, élue territoriale, certaines mesures comme l’achat de masques ou le green pass même s’il n’a pas été adopté, ont montré que nous étions présents. Tout le monde a salué le partenariat avec l’ARS et, dans l’ensemble, une gestion un peu moins pire qu’ailleurs. »
Lors du deuxième point, « Les menaces sanitaires en Méditerranée », l'anticipation a été le mot d’ordre des différents intervenants, notamment Antoine Flahaut, professeur ordinaire à la faculté de médecine de l’Université de Genève. Ce dernier soulignant l’importance « de ne pas baisser la garde face à l’émergence d’une sixième vague. Il est même inquiétant de voir la baisse des restrictions... ».
Pour l’ensemble des intervenants, une démarche d’anticipation incluant une action publique efficace s’impose. « L’environnement sanitaire du bassin méditerranéen évolue rapidement, ajoute Bianca Fazi, il incite la Corse à disposer d’informations sur les menaces et les risques auxquels elle est exposée. »
Le modèle tahitien
Enfin, le troisième axe, compétences des collectivités en matière de santé, s’est articulé autour d’une réflexion sur un fonctionnement mieux adapté du service public de la santé. Sur ce point, l’exemple tahitien (région de 275000 habitants marquée par plus de 600 décès lors de la crise Covid) a paru intéressant. « Il est important de déterminer les segments de compétences en matière de santé dont l’exercice peut être attribué avec pertinence aux collectivités, précise encore Danielle Antonini, comme par exemple la police sanitaire ou la répartition des moyens sur les territoires. Nous n’avons, au niveau de la Collectivité de Corse, aucune compétence sanitaire propre, l’ARS retient des compétences médico-sociales, mais ce ne sont pas des compétences sanitaires. Nous devons évoluer et le modèle tahitien qui nous a été présenté semble intéressant. ».
« Les problèmes sont similaires, explique Sylvana Puhetini, vice-présidente de l’Assemblée de Polynésie où l’autonomie est beaucoup plus poussée qu’en Corse, pour ce qui est de la gestion, nous avons la compétence totale en matière de santé, et ce depuis 1957, mais aussi l’Éducation...Seule, la justice et la sécurité relèvent de l’État. La crise a été gérée en même temps que l’État qui a pris en charge la partie sécurité et nous la gestion du reste notamment l’achat des masques, la fermeture de nos frontières avec, il faut le souligner, un impact économique important. On a réfléchi à consommer localement et le transport aérien a été subventionné pour que les ménages puissent visiter nos îles... »
En guise de clôture, même si le taux de vaccination devrait permettre de limiter la casse face à l’émergence d’une sixième vague, la nécessité de renforcer et fédérer un travail en commun entre tous les acteurs concernés s’est dégagée en interrogeant, justement l’exercice des compétences en matière de santé, « afin d’être mieux préparée et de préfigurer le rôle que la Collectivité de Corse pourrait endosser pour contribuer à la protection et développement sanitaires des populations.» a conclu Bianca Fazi.