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Assemblée de Corse : Les Nationalistes et Pierre Ghionga en bonne voie d’union sur l’autonomie


Nicole Mari le Mercredi 5 Juillet 2023 à 15:29

Deuxième journée sur le processus d’autonomie à l’Assemblée de Corse. Les négociations entre nationalistes, élargies au progressiste Pierre Ghionga, continuent pour finaliser un texte commun qui devrait être présenté au vote à la reprise de la session en milieu ou fin d’après-midi. La droite campe sur ses positions et demande un pacte de non-agression pour son projet. Le retour dans l’hémicycle est prévu à 16 heures.



La session de l’Assemblée de Corse. Photo Michel Luccioni.
La session de l’Assemblée de Corse. Photo Michel Luccioni.
« Il n’y a pas encore de fumée blanche, mais ça ne saurait tarder, il faut être patient ». La confidence, glissée entre deux portes, par un élu nationaliste ne surprend personne dans les couloirs de l’assemblée de Corse, tant l’unité du mouvement national, qui semblait encore incertaine, mardi matin en début de session, est désormais acquise. Les longues tractations de la veille, les appels à l’unité de Core in Fronte, une bonne volonté partagée, ont permis d’accoucher d’un texte commun. La veille, de retour dans l’hémicycle à 22 heures, la présidente de l’Assemblée, Nanette Maupertuis, avait expliqué que le groupe de droite avait, de son propre chef, quitter la Conférence des présidents et laisser les Nationalistes discuter entre eux. Seul était resté Pierre Ghionga pour défendre « sa proposition singulière » et la discussion s’est, avait-elle précisé, poursuivie « dans la sérénité sur tous les points principaux listés à partir du rapport de l’Exécutif et l’examen des différentes contributions en présence, sans rien arrêter quand au fond. Le format, d’une motion ou d’une délibération, n’a pas encore été tranché. Nous sommes à chaque fois revenus sur le schéma initial sur lequel nous semblons à ce stade converger, sans préjuger de l’accord définitif. Nous allons, dans la soirée, essayer d’établir un accord définitif sur la trame globale ». Les discussions de l’intergroupe nationaliste, élargi au progressiste de gauche, Pierre Ghionga, élu du groupe d’opposition U Soffiu Novu, ont en effet continué jusqu’à près d’une heure du matin avant de reprendre, ce mercredi, dès 9 heures.

Tractations nationalistes. Photo Michel Luccioni.
Tractations nationalistes. Photo Michel Luccioni.
Prêts ou pas ?
L’Assemblée de Corse s’est réunie pour un point d’information pendant une dizaine de minutes mercredi à midi. « Nous avons travaillé dans deux formats » a indiqué la présidente Maupertuis. « Les groupes nationalistes, élargis aux contributeurs individuels, ont travaillé jusqu’à tard dans la nuit. U Soffiu Novu a travaillé de son côté. Les travaux ont repris dans chacun de ces deux dispositifs, ce matin. Les travaux n’ont pas encore abouti à un texte commun chez les uns et les autres. Ça va prendre encore un peu de temps. Le groupe U Soffiu Novu a besoin de temps d’un coté, l’intergroupe national élargi a besoin de temps aussi ». La présidente est alors interrompue par le président du groupe de droite, Jean-Martin Mondoloni, qui réplique : « Nous n’avons pas besoin de temps ! Nous sommes prêts ». Réponse de Nanette Maupertuis : « Tant mieux ! Nous, nous devrions être prêts à 14 heures. Nous aurons besoin de rencontrer U Soffiu Novu pour discuter dans le cadre de la Conférence des présidents qui devrait durer au minimum 1 h 30, puis la séance reprendra à 16 heures ». Après un rapide déjeuner, les Nationalistes se sont, donc, de nouveau réunis à huis-clos pour finaliser la déclaration accouchée dans la nuit et qu’ils présenteront, unis avec Pierre Ghionga, dans l’hémicycle. En attendant, tous se sont prudemment refusés à émettre des commentaires jugés précipités.

Groupe U Soffiu Novu. Photo Michel Luccioni.
Groupe U Soffiu Novu. Photo Michel Luccioni.
Des positions tranchées
Le suspense du jour a surtout porté sur l’attitude du groupe U Soffiu Novu, que les rumeurs disent, très divisé sur l’autonomie. Les Nationalistes espéraient gagner certains élus progressistes, au-delà de Pierre Ghionga, mais au fil des heures, le risque de scission a semblé faire long feu à droite. Jean-Martin Mondoloni réaffirme des positions fermes et claires : « Notre texte est prêt depuis hier. Sans surprise ! J’ai annoncé hier que ce texte n’avait pas vocation à être amendé, ni vidé de sa substance. Il est temps de passer au vote ». Inutile donc, selon lui, de perdre du temps en discussion avec les Nationalistes : « On a constaté ensemble qu’il y avait une divergence d’approche de ce que l’on fait de l’autonomie. Partant de là, les Nationalistes ont d’abord des problèmes à résoudre entre eux avant de venir vers les autres. Donc, le problème ne vient pas de nous, mais des Nationalistes qui essayent en 24 heures de recoller des divergences qui courent depuis des semaines. Nous ne sommes pas dans le jeu de la négociation, nous n’avons rien à négocier. Notre ligne, qui est posée maintenant depuis 15 jours, est connue. Nous avons créé les conditions hier pour la formaliser, elle sera, ce soir, à l’examen des conseillers ». Le leader de droite botte en touche sur la sécession de Pierre Ghionga : « Laurent Marcangeli a fait la proposition à Pierre Ghionga d’être sur sa liste en connaissance de cause. Il savait quels étaient ses réflexes évolutionnistes. Pierre ne s’est pas fait débaucher, ce n’est pas une prise de guerre des Nationalistes. Il est fidèle à son histoire et à son regard politique personnel sur le sujet ».
 
Un pacte de non-agression
Le groupe de droite a lancé, pour l’instant, en vain, une négociation politique pour que les deux textes, qui seront présentés au vote, le sien et le texte nationaliste, bénéficie de ce que Jean-Martin Mondoloni appelle « un pacte de non-agression », à savoir que les deux textes ne pâtissent pas de vote contre, mais d’une abstention qui leur permettrait à tous deux d’être envoyés à Paris. « On pourrait s’entendre sur le fait qu’on ne vote pas contre la délibération du fait majoritaire et qu’ils ne votent pas contre le texte que nous déposons. C’est une voie de sortie qui est honorable pour chacun dans la mesure où l’on donne à la Corse et au gouvernement une double impression. La première, c’est qu’on est capable de proposer nos points de vue et qu’il n’y a pas d’exclusive. La seconde, c’est la reconnaissance du fait majoritaire, mais en montrant à la Corse l’esprit de responsabilité qui doit nous animer pendant ce genre de débat ». Pas question pour les Nationalistes de mettre les deux textes à égalité, ni de laisser le champ libre à Paris pour dévier sur un texte plus facile à mettre en œuvre pour le gouvernement ! Pour eux, une seule délibération doit être envoyée à Paris, celle adoptée, avec ou sans vote contre, par l’Assemblée de Corse. C’est le sentiment qui prévaut avant le retour en séance.  N.M.