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Amiante dans les écoles : au moins 21 établissements concernés en Corse


David Ravier le Lundi 12 Juin 2023 à 18:06

Une enquête de la série documentaire Vert de Rage, diffusée sur France 5, montre que 30% des écoles maternelles et primaires en France ont de l'amiante dans leurs murs. En Corse au moins 21 établissements seraient concernés.



Amas de fibres flexueuses d'amiante naturel en Haute-Corse (Crédit photo : BRGM - Didier Lahondère)
Amas de fibres flexueuses d'amiante naturel en Haute-Corse (Crédit photo : BRGM - Didier Lahondère)
Des traces d'amiante ont été repérées dans 21 écoles de l'île. C'est ce qui ressort de l'enquête menée par Vert de Rage qui a été diffusée ce lundi 12 juin sur France 5. Durant un an, les journalistes d'investigation ont contacté les 261 écoles primaires et maternelles corses ainsi que les mairies qui les gèrent. "En pourcentage, avec 27% d'écoles amiantées, la Corse arrive en 8e position sur 13 régions. En comparaison avec le continent, c'est plus bas que la Bretagne, l'Île-de-France ou le Grand Est qui comptent beaucoup plus l’établissements touchés", indique Mathilde Cusin, l'une des journalistes à l'origine de cette enquête. Toutefois, si l'île possède peu d'établissements concernés par le problème de l'amiante en comparaison avec d'autres régions françaises, c'est parce que seulement 79 écoles sur les 261 qui compte l'île ont répondu à l'enquête. "Dans notre enquête, nous nous sommes rendu compte qu'il est beaucoup plus facile d'avoir des réponses pour les écoles construites après 1997 et que très souvent, les établissements qui ne nous répondaient pas étaient ceux qui avaient de l'amiante. Il y a une sorte de silence coupable des mairies et des écoles, parce que parfois, les enseignants comme les parents d'élèves ne savent pas qu'il y a de l'amiante dans l'établissement."  

Pourtant, les mairies sont tenues de réaliser un diagnostic technique d'amiante (DTA) pour tous les établissements scolaires construits avant 1997. Ce document qui est à renouveler tous les trois ans est le "carnet de santé" de l'école, puisqu'il permet de savoir si le bâtiment contient ou non l'amiante et le cas échéant, dans quel état de dégradation il se trouve. Dans les faits, ce que constate Mathilde Cusin avec les chiffres qu'elle a accumulés, c'est que ce diagnostic n'est que rarement établi: "aujourd'hui, quand un diagnostiqueur se rend dans une école construite avant 1997 pour réaliser un DTA, il en trouve dans un cas sur deux. Tous ces diagnostics qui manquent dans les écoles, c'est aussi par peur de trouver de l'amiante et de devoir réaliser des travaux par la suite, ce qui implique de dépenser de l'argent et de se retrouver face à une problématique sanitaire. Ne pas le faire, c'est une manière de cacher la poussière sous le tapis". 

Les écoles doivent présenter un diagnostic technique d'amiante

Cette absence d'information est problématique, car elle met la santé des élèves et du corps enseignant en danger. En effet, l'amiante est un matériau qui libère ses fibres volatiles en permanence lorsqu'elles sont en mauvais état, d'où la nécessité de faire très attention selon la journaliste. "Si vous avez un bâtiment amianté mais que tout est contrôlé régulièrement, il y a beaucoup moins de risque que si la structure se dégrade et que personne ne suit son avancement. Il faut qu'il y ait plus d'informations concernant l'amiante. Un professeur doit être en mesure de savoir que les murs de sa classe contiennent de l'amiante, ainsi, ça lui évitera d'y faire des trous avec  des punaises, parce qu'en dégradant le matériel, cela relâche des fibres d'amiante."   

Parmi les 100 plus grandes villes de France interrogées par la journaliste d'investigation, Ajaccio fait partie des rares municipalités à avoir joué le jeu de la transparence jusqu'au bout, en partageant l'intégralité de leurs données. Pour les autres en revanche, lorsque les informations ne sont pas disponibles, Mathilde Cusin considère que c'est au parent d'aller demander des explications: "la meilleure préconisation, c'est de demander aux chefs d'établissement de l'école de vos enfants le DTA, vous en avez le droit. Le chef d'établissement est censé vous communiquer le résumé de cette fiche technique, et si ce n'est pas le cas, il a le devoir de le demander à la mairie qui est obligée de lui fournir ce DTA. Si ce dossier mentionne la présence de matériaux amiantés dégradés, il faut demander au chef d'établissement ou à la mairie si ces travaux ont été réalisés, et quand ils devraient l'être, car la situation peut vite devenir préoccupante."
Sur les 261 établissements contactés pour cette enquête, 79 ont partagé leurs données sur l'amiante et 21 écoles seraient concernées. Ces établissements se situent dans les communes d'Ajaccio, Aléria, Bastia, Murato, Pietralba, Porto-Vecchio, Quenza, Sari-d'Orcino, Venzolasca et Vescovato.
Sur les 261 établissements contactés pour cette enquête, 79 ont partagé leurs données sur l'amiante et 21 écoles seraient concernées. Ces établissements se situent dans les communes d'Ajaccio, Aléria, Bastia, Murato, Pietralba, Porto-Vecchio, Quenza, Sari-d'Orcino, Venzolasca et Vescovato.

Une situation sous contrôle à Ajaccio

Ajaccio se démarque des autres villes étudiées par les journalistes par sa transparence. La commune a partagé l'intégralité de ces données concernant la présence d'amiante dans ses établissements scolaires. Parmi les 31 écoles maternelles et primaires que compte la ville, huit d'entre elles sont concernées. Pour autant, la municipalité est consciente de la situation et affirme qu'il n'y a aucun danger. "Cette présence d'amiante est connue et sous surveillance. Deux écoles sont concernées par de l'amiante dans les toitures tandis que pour les six autres, c'est un problème avec la colle présente dans les dalles posées au sol. explique Jean-Joseph Folacci, directeur général des services techniques d'Ajaccio, Pour autant, ces situations ne présentent de danger ni pour les enfants ni pour le personnel enseignant puisque cet amiante est inerte, ce qui signifie qu'il est complètement stable et confiné. Dans tous les cas, nous effectuons un diagnostic tous les trois ans pour nous assurer de la pérennité de la situation. Si toutefois, nous devions réaliser des travaux sur un site présentant un risque, nous procéderons à un désamiantage de l'installation pour la remplacer par des matériaux dépourvus d'amiante."