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Ajaccio : à Campo dell’Oro, les gens du voyage sous la menace d’une nouvelle expulsion


le Mercredi 4 Janvier 2023 à 18:46

Après avoir été expulsée, en novembre dernier, du terrain de Caldaniccia où elle était installée depuis 2017, la communauté qui a établi son campement à la sortie d’Ajaccio sur un terrain appartenant à la CCI est à nouveau sous la coupe d’une procédure d’expulsion. Un huissier lui a en effet signifié ce mercredi son obligation de quitter les lieux.



Les gens du voyage ont établi leur campement à Campo dell'Oro, sur l'ancien parking relais (Photo : Michel Luccioni)
Les gens du voyage ont établi leur campement à Campo dell'Oro, sur l'ancien parking relais (Photo : Michel Luccioni)
Établis depuis plusieurs décennies dans la région ajaccienne, et installés, depuis 2017, sur une parcelle appartenant à Patrick Rocca, que leur sous-louait la Communauté d’Agglomération du Pays Ajaccio, une quarantaine de personnes issues de la communauté des gens du voyage étaient expulsées de leur lieu de vie par les forces de l’ordre le 21 novembre dernier. Alors que l’entrepreneur souhaitait recouvrer l’usage de son terrain, et malgré plusieurs rendez-vous avec la Capa, il n’avait alors pas pu être trouvé de solution pour leur relocalisation, laissant ces familles sans terrain de repli. 
 
Une scène angoissante qu’elles espéraient ne plus revivre. Pourtant la situation pourrait bien être en passe de se reproduire. Réfugiés depuis mi-décembre sur l’ancien parking relais de Campo dell’Oro, les gens du voyage ont reçu ce mercredi la visite d’un huissier qui leur a signifié qu’ils devaient quitter les lieux avant le 5 janvier. Propriétaire de ce terrain, la Chambre de Commerce et d’Industrie a en effet entamé une procédure d’expulsion. « Nous ne bougerons pas sans qu’on nous donne une autre solution », souffle en écho Heidi Rodier, une jeune maman de la communauté.
 
En réponse à l’urgence de leur situation, les gens du voyage expliquent en effet n’avoir eu d’autre choix que d’installer leurs caravanes sur ce terrain sans eau ni électricité. Des conditions spartiates auxquelles ils répondu avec des moyens de fortune, en se raccordant notamment à une borne incendie. « Nous n’avions pas d'autre choix que de nous installer ici, nous avons des enfants, nous ne pouvions pas rester sans rien », explique Heidi Rodier en portant un regard protecteur vers son jeune fils dans ses bras.  
 

"Personne ne nous a proposé de solution"

La communauté espère qu'une solution puisse rapidement être trouvée afin que ses enfants puissent vivre dans des conditions dignes (Photo : Michel Luccioni)
La communauté espère qu'une solution puisse rapidement être trouvée afin que ses enfants puissent vivre dans des conditions dignes (Photo : Michel Luccioni)
Aujourd’hui, la communauté attend ainsi qu’on lui propose un lieu où elle pourrait s’installer de manière pérenne et digne. « Nous avons seulement besoin d’un bout de terrain avec l’eau et le courant pour lequel nous sommes prêts à payer un loyer. C’est tout ce que nous demandons », lance la jeune femme en déplorant : « Personne ne nous a proposé de solution, il faut toujours que l’on se débrouille par nous-même. Nous avons de nombreux petits enfants, nous sommes installés ici depuis très longtemps, et surtout nous sommes dans notre droit. Donc je comprends pas du tout. Nous essayons de ne pas trop embêter les gens, mais nous ne pouvons pas non plus rester sans rien ». 
 
« Nous avons proposé à la Capa de nous mettre à disposition un terrain à Saint-Antoine qui est à l’abandon depuis des années, mais nous avons bien compris que ce serait non. Nous avons aussi évoqué un autre terrain près de la voie ferrée, mais on nous a dit qu’il manque des barrières et que sans elles nous sommes en danger. Du coup on ne peut pas non plus se mettre là-bas », dévoile encore Heidi Rodier. « Nous avons besoin d’une solution, on ne peut pas rester toujours comme cela. Même s’ils disent que nous ne sommes plus des gens du voyage car nous sommes sédentaires, nous sommes toujours considérés comme des gens du voyage et la loi impose donc de nous mettre un terrain à disposition », appuie-t-elle. 
 
En attendant, le 24 janvier prochain, les gens du voyage sont convoqués au tribunal pour l’occupation du terrain de Campo dell'Oro où ils sont actuellement installés. Ils pourraient ensuite à nouveau être contraints à chercher où établir leur campement.
En fin d’année, la communauté avait déjà été condamnée à une amende de 5000 euros pour occupation illégale du parking de la gare de Mezzana, où elle avait établi son campement durant quelques jours, après son éviction du site de Caldaniccia. 

Les membres de la communauté ont fait savoir leur détermination à ne plus bouger sans avoir une solution pour établir leur campement (Photo : Michel Luccioni)
Les membres de la communauté ont fait savoir leur détermination à ne plus bouger sans avoir une solution pour établir leur campement (Photo : Michel Luccioni)