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Aiutu Patriotticu a tendu la main à 10 anciens détenus en 2022


Thibaud KEREBEL le Samedi 17 Décembre 2022 à 18:58

En 2022, l’association Aiutu Patriotticu a apporté son aide à dix anciens détenus corses. Parmi les projets concrétisés : la création d'une bergerie pour aider un ex-prisonnier dans sa réinsertion.



La conference de presse de ce samedi
La conference de presse de ce samedi
Alors que le mois de décembre se termine, c'est l'heure du bilan pour l’association Aiutu Patriotticu. « Au total, on a épaulé dix personnes », se satisfait Emmanuelle Carli, la présidente de cet organisme venant en aide aux anciens prisonniers corses. Son fonctionnement est simple, il repose sur la redistribution de fonds collectés, principalement via une boutique et une cagnotte en ligne. « On tient aussi des stands, on organise des événements… On fait des petites choses un peu partout en Corse. » Cet argent a donc permis, comme chaque année depuis 2018, d’aider des anciens détenus sur le plan financier.

« Le gros besoin, il vient principalement des amendes. Certains sont condamnés à payer des centaines de milliers d’euros, et ça peut même chiffrer en millions. Mais nous aidons aussi au financement des retraites ou des soins de santé. L’incarcération coûte de l’argent aux proches et aux détenus. Mais elle a aussi un coût en temps. Des années de cotisations retraite qui ne se rattraperont jamais, un projet professionnel qui s’interrompt pour ne jamais reprendre, une exploitation à l’arrêt, des investissements qui ne pourront jamais se faire faute de trésorerie. » Autant de motifs qui poussent Emmanuelle Carli et les autres bénévoles à poursuivre leur engagement.

L'objectif : sortir les militants politiques du fichage terroriste FIJAIT

Mais cette année, outre les affaires courantes évoquées plus haut, l’association Aiutu Patriotticu a également tenté de diversifier ses activités, en instaurant un service d’aide plus durable, n’intervenant pas uniquement pour combler un besoin ponctuel urgent. « On a aidé un ancien prisonnier à financer sa bergerie », raconte la présidente. « C’est une forme d’aide qui nous coûte plus cher, mais elle permet de développer quelque chose de manière pérenne. Un coup de pouce qui permettra à un projet d’aboutir et de porter ses fruits dans le futur. » Cet axe de travail devrait être poursuivi en 2023, puisque « d’autres projets, qui portent sur d’autres domaines d’activité, sont en cours de préparation et verront le jour dans les mois qui viennent ».

Autre grand chantier pour l’année prochaine : faire en sorte que les militants politiques corses ne puissent pas être inscrits au FIJAIT, le Ficher automatisé des Auteurs d’infractions terroristes. « C’est un système qui doit être réservé aux terroristes islamistes, c’est pour ça qu’il a été créé à l’époque », s’indigne Emmanuelle Carli. La présidente de l’association Aiutu Patriotticu milite donc pour une révision de ce fichier de suivi, et espère que ses doléances remonteront jusqu’au Garde des Sceaux. Concrètement, une personne inscrite au FIJAIT est soumise à un pointage tous les trois mois, ainsi qu’à une obligation de déclarer ses déplacements hors du territoire 15 jours en amont. « C’est quasiment l’équivalent d’un contrôle judiciaire, et c’est valable dix ans ! Chaque fois que vous ne remplissez pas à vos obligations, vous passez en procès, et vous risquez deux ans de prison et 25 000 euros d’amende. Les militants n'ont rien à faire là-dedans. »

En 2023 plus que jamais, l’association d’aide aux anciens détenus espère faire bouger les lignes, en orientant ses actions sur de la sensibilisation. « Et la preuve que ça porte ses fruits, c’est que je pense que vous ne trouverez pas un seul parti politique corse qui ne partage pas cette idée. » Le FIJAIT, comme la question des amendes, est d’ailleurs à l’origine de la création de l’association. Cinq ans plus tard, la lutte est plus que jamais d'actualité.