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Aide aux jeunes interpellés ou blessés : "Sustegnu Ghjuventù", un collectif d’avocats créé à Ajaccio


Philippe Peraut le Jeudi 10 Mars 2022 à 16:24

Quelques avocats ajacciens (Jean-François Casalta, Julia Tiberi, Jean-Marc Lanfranchi, Dominique Ferrari, Laura Maria Poli, Jean Comiti, Roger Darmani et Antoine Vinier-Orsetti) ont présenté ce jeudi 10 mars 2022 au Grand Café Napoléon d'Ajaccio, « Sustegnu Ghjuventù », un collectif d’avocats mobilisé pour venir gracieusement en aide aux jeunes interpellés ou blessés dans le cadre des événements de ces derniers jours ou à venir…



Le collectif « Sustegnu Ghjuventù » (Photo Michel Luccioni)
Le collectif « Sustegnu Ghjuventù » (Photo Michel Luccioni)
Face aux violences qui sévissent actuellement dans l’île et particulièrement à Ajaccio, plus de 20 avocats du barreau de la Cité en impériale ont décidé de venir en aide aux jeunes interpellés ou, le cas échéant, blessés. Ce jeudi après-midi, ils étaient sept à présenter « Sustegnu Ghjuventù », un collectif créé à la suite des événements de ces derniers jours. « Ce sont des jeunes qui portent les mêmes revendications politiques que les nôtres, rappelle Me Jean-François Casalta, ils peuvent être interpellés à l’issue des actes qu’ils auraient pu commettre. Il est de notre devoir de les aider. »
Le premier objectif de la structure nouvellement créée est de travailler dans l’urgence. À partir d’un simple numéro (06-29-32-82-03), les personnes qui le souhaitent peuvent contacter l’un des avocats du collectif. « Il sera là, ajoute Me Casalta, pour les défendre gracieusement, c’est l’une de nos priorités. Ensuite, nous pourrons mettre en place des passerelles avec d’autres avocats. Mais il est important d’agir vite dans un premier temps et sans procédures. Nous voulons, ainsi, être présents dans cette situation particulièrement complexe que vit la société corse. Cela fait quarante ans que l’on subit une telle situation. On est très inquiet pour cette jeunesse. Elle compromet son parcours étudiant et met en péril son intégrité physique. »
Deuxième objectif, le caractère politique de cette démarche. « Ce ne sont pas des délinquants de droit commun, il est hors de question de les défendre en tant que tels, insiste Jean-François Casalta, ils doivent avoir une défense politique. Nous ne cautionnons pas la violence, mais, encore une fois, il faut s’interroger sur les conditions qui ont participé à la résurgence de la violence de ces derniers jours... »
 
Des réponses disproportionnées
Le collectif est en place à compter de ce jour. Mais il ne s’adresse pas seulement aux personnes éventuellement interpellées. « Nous aiderons également les jeunes blessés de manière volontaire souligne Me Antoine Vinier-Orsetti, qui évoquera, photo à l’appui, la blessure grave subie par une ado de 14 ans subie avant-hier sur la place du Diamant, elle a été victime d’un tir de grenade assourdissante, c’est une arme, il ne faut pas se leurrer. Cette gamine n’a rien demandé. Rien ne justifie l’utilisation d’une telle arme. La moindre des choses que l’on doit à cette ado est de savoir qui a fait ça et pourquoi... »
Un sentiment que partage Me Jean-Marc Lanfranchi. « Les réponses données par les forces de l’ordre sont totalement disproportionnées, précise-t-il, on dit que les gardes mobiles doivent se défendre, certes, et nous pouvons l’entendre, mais au regard des armes modernes utilisées aujourd’hui, être CRS n’octroie pas le permis de tuer... »
Au cours de la conférence de presse, l’ attaque du Palais de Justice d’Ajaccio hier soir, sera bien sûr, évoquée. « Ce bâtiment est aussi notre « maison », argumente Me Julia Tiberi, mais il est difficile de dissocier cette attaque des manifestations, heurts et revendications...C’est là que la justice se passe, mais aussi les injustices. C’est un lieu symbolique qui ne peut être déconnecté des événements. Nous sommes des avocats, des défenseurs... »