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À quelques jours de la rentrée, en Corse les syndicats pas convaincus par les annonces d’Emmanuel Macron


le Jeudi 31 Août 2023 à 11:37

Rentrée anticipée, ajustement du calendrier du baccalauréat, revalorisation des enseignants… Que pensent les syndicalistes insulaires des principales annonces que le Président de la République souhaite mettre en œuvre pour réformer le système éducatif ?



(Photo d'illustration)
(Photo d'illustration)
Alors que la rentrée scolaire approche à grands pas, il y a quelques jours, dans une interview exclusive accordée au magazine Le Point, le Président de la République, Emmanuel Macron, dévoilait les grandes lignes qu’il souhaite dérouler pour réformer le système éducatif. Des annonces qui n’ont pas manqué de faire grincer des dents du côté des syndicats d’enseignants en Corse.
 
À commencer par le souhait marqué par le Président d’une rentrée anticipée au 20 août.  « Emmanuel Macron paraît découvrir l’Éducation Nationale et son fonctionnement », raille ainsi Fabien Mineo, délégué syndical SNUIPP-FSU en Haute-Corse, en livrant : « Pendant les vacances de Pâques et avant la rentrée de septembre, il existe déjà ce qu’on appelle des stages de remise à niveau qui permettent aux enfants et enseignants volontaires de rentrer plus tôt. C’est donc une fausse annonce, puisque ce sont des dispositifs déjà mis en place, notamment dans les endroits où les enfants en ont le plus besoin et sont le plus défavorisés ». « Ce sont des annonces qui n’ont pas véritablement été réfléchies », soulève pour sa part Jean-Pierre Luciani du STC Éducation qui se dit toutefois contre une généralisation de ces rentrées anticipées. « La problématique n’est pas juste de rentrer à l’école le 20 août. Il faut un temps pour tout pour les élèves. Il y a le temps de l’activité, et le temps des vacances et du repos qui est nécessaire. Et puis, cela ne peut pas juste se regarder sur le versant de l’éducation, il faut aussi revoir le rythme de travail dans la société », déroule-t-il. Le syndicaliste pointe en outre la chaleur dans les salles de classe à cette période qui serait problématique en cas de rentrée précoce. 
 
Par ailleurs, alors que l’organisation des épreuves de spécialités du bac en mars avait pu être pointée comme une cause de démotivation des élèves au dernier trimestre, le Président de la République a marqué son souhait de refaire passer celles-ci en juin, comme cela existait auparavant. Un « yoyo permanent » qui a le don d’agacer Jean-Pierre Luciani, mais s'il concède toutefois que cet ajustement du calendrier pourra permettre aux élèves de garder leur motivation entière jusqu’à l’épreuve finale. « Reporter les épreuves au mois de juin est un sujet de satisfaction pour nous », souligne également Fabien Mineo.

" Une vaste arnaque "

Dans un autre registre, les deux syndicalistes fustigent avec véhémence la politique de revalorisation des enseignants défendue par le Président. « Le compte n’y est pas. Emmanuel Macron avait annoncé au départ une revalorisation de 10%, or on se rend compte que là c’est un système en deux temps. Il y a une partie de la revalorisation, de l’ordre de 5%, qui est inconditionnelle, et ensuite le reste ce sont des missions particulières rémunérées », explique le représentant du STC Éducation. Las, il estime d’ailleurs que rien ne va changer avec cette mesure. « Les enseignants ont énormément perdu de pouvoir d’achat depuis le gel du point d’indice et cela ne peut pas être rattrapable comme cela », souffle-t-il. Dans la même ligne, le délégué syndical SNUIPP-FSU en Haute-Corse dénonce « une vaste arnaque ». « Ce qui va être donné en plus à chaque enseignant c’est une prime de 100 euros, mais hormis cela on est dans le 'travailler plus pour gagner plus' du sarkozisme. Ce qu’Emmanuel Macron considère comme une avancée sociale n’en est pas une. Dans le pacte, il faut que l’on aille chercher des heures supplémentaires pour que les salaires soient revalorisés. Donc on n’y est absolument pas. Ce n’est pas ce que nous attendions », tonne-t-il en dévoilant : « Peu d’enseignants ont d’ailleurs répondu favorablement au pacte dans notre académie parce qu’ils n’ont ni la volonté, ni la force, ni l’envie de rentrer dans ce système ». 
 
Enfin, Jean-Pierre Luciani se dit également inquiet de la volonté d’Emmanuel Macron de ne plus permettre aux enseignants de suivre des heures de formation durant le temps scolaire, afin de tenter de résoudre le problème des remplacements. « C’est une hérésie parce qu’une nation qui ne met pas la formation au cœur de son système éducatif est une nation qui mène sa jeunesse à la ruine », déplore le représentant du STC Éducation, « Les remplacements sont un véritable problème, qui nécessite que l’on mette plus d’enseignants, plus de recrutements, et que l’on travaille peut-être sur l’absentéisme, mais jouer sur la formation est inadmissible. C’est une erreur stratégique énorme. Si l’on veut que l’enseignement soit de qualité, il faut que les enseignants soient véritablement armés ».