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A quand la fin des zones blanches sur le réseau de téléphonie en Corse ?


le Dimanche 3 Décembre 2023 à 19:54

Une qualité de couverture mobile identique pour tous, que l'on se trouve au pied de la Tour Eiffel ou dans le fin fond de la Restonica, c'est l'ambition du New Deal Mobile, l'accord qui a été passé en 2018 entre l'Etat et les quatre principaux opérateurs de téléphonie. Pour l'heure en Corse, il reste du chemin avant de résorber toutes les zones blanches.



En Corse, on n'a pas forcément besoin de dire qu'on passe sous un tunnel pour signifier à son interlocuteur qu'on ne peut (ou ne veut !) plus lui parler. Gilles Simeoni l'a constaté à de multiples reprises lors de ses déplacements dans l'île, comme il s'en est confié jeudi soir auprès de ses collègues de l'Assemblée de Corse : "Nous qui faisons souvent de la route, pour avoir une conversation dans des conditions acceptables, y compris sur des axes très fréquentés et essentiels... on n'est pas encore dans cet objectif idéal", a euphémisé le président du conseil exécutif de la Collectivité.

Cinq mesures dans ce New Deal

Cet "objectif idéal", c'est celui qui a été fixé en 2018 par le New Deal Mobile, scellant l'accord passé entre l'Etat et les opérateurs téléphoniques Orange, Free, Bouygues Telecom et SFR. En contrepartie du renouvellement de leurs licences de fréquence, les quatre opérateurs français historiques doivent s'acquitter de cinq missions quicomprennent la généralisation de la 4G sur l'ensemble du réseau existant d'ici la fin de 2020, l'amélioration de la couverture des axes de transport, l'optimisation de la couverture à l'intérieur des bâtiments, la proposition d'une offre de 4G fixe dans les zones où l'accès internet fixe est insuffisant, et l'assurance d'une couverture mobile de qualité dans les zones non ou mal couvertes, à travers le dispositif de couverture ciblée.

En ce qui concerne la généralisation de la 4G sur l'ensemble du réseau existant, "l'engagement a été tenu pour la Corse et tous les sites des opérateurs délivrent désormais la 4G", note la Collectivité de Corse, dans son rapport d'information porté, jeudi, à la connaissance des conseillers.

Encore 61 antennes-relais à installer

Mais au-delà de la qualité du réseau existant, c'est le réseau inexistant qui nourrit l'agacement en Corse. Pour y remédier, le dispositif dit de "couverture ciblée" a identifié 106 sites insulaires où la téléphonie mobile n'avait pas osé s'aventurer, et sur lesquels des antenne-relais ont vu le jour, ou bien sont en cours d'installation. Pour l'heure, 45 de ces sites ont été mis en service depuis 2020, dont douze cette année. Il en reste donc 61 qui doivent encore être déployés  "Le rapport ne nous dit pas pour quand", relève, à juste titre, Chantal Pedinielli (Un Soffiu Novu).  Mais sur le site du Gouvernement, on apprend que l'Etat fixe jusqu'au mois de décembre 2026 aux opérateurs pour éliminer toutes les zones blanches sur le territoire français. Et la Corse n'est pas à la traîne, loin de là, puisqu'avec 42,45 % de ses antennes-relais installées, elle se situe au-dessus de la moyenne nationale qui, était au 31 août dernier, de 31 %. 

Si elle n'a aucune compétence en la matière, la Collectivité de Corse a joué activement son rôle d'accompagnant, comme le rapporte Gilles Simeoni : "On a la plus grande difficulté à avoir des informations fiables de la part des opérateurs. C'est la raison pour laquelle nous avons engagé notre propre étude de relevés et d'identification des zones non couvertes. Nous invitons les maires à nous faire connaître l'ensemble de ces zones, même si elles sont très fines. Nous devrions ainsi être rapidement en mesure d'avoir l'ensemble de ces données pour demander aux opérateurs de faire diligence."

Des chiffres trompeurs pour le réseau sur les routes

La Collectivité de Corse a même créé une application, Mi Senti ?, qui mesure la qualité de la couverture du réseau mobile, où l'on se trouve en Corse. 
Les mesures remontent ensuite directement dans un portail cartographique public qui offre la synthèse de tous les relevés effectués.

Le rapport dévoile aussi qu'en Corse-du-Sud, 97,89 % des axes routiers prioritaires (et 96,45 % en Haute-Corse) sont couverts par le réseau 4G d'Orange. Mais ces chiffres sont trompeurs, prévient Jean-Félix Acquaviva : "Dans le New Deal, il y a une moyenne véhicule/jour qui est tracé au niveau français. Ce qui fait que la plupart du réseau routier insulaire sort du dispositif, et même les routes territoriales."

A quand la fin des zones blanches sur le réseau de téléphonie en Corse ?
"Règle inadaptée pour la Corse"

En effet, les axes routiers prioritaires ont été définis au niveau national comme étant les  
autoroutes, les axes routiers reliant au sein de chaque département les préfectures aux sous-préfectures et les tronçons de routes sur lesquels circulent en moyenne annuelle au moins 5 000 véhicules par jour.

Or, reprend la Collectivité de Corse, "cette règle est inadaptée à la Corse compte tenu de sa faible démographie. Elle génère une situation inéquitable vis-à-vis des 
autres territoires. Malgré les courriers et les démarches réalisées auprès de l’ARCEP
 (l'Autorité de régulation des communications électroniques, des postes et de la distribution de la presse) et de l’ANCT (l'Agence nationale de la cohésion des territoires), la règle n’a pas été modifiée. Toutefois, la Collectivité de Corse entend à nouveau faire valoir que l’ensemble des routes territoriales soient considérées comme axe prioritaire de couverture mobile."

Cette demande ainsi formulée, Jean-Félix Acquaviva constate aujourd'hui "qu'on n'a pas eu de réponse politique globale satisfaisante." Le député de la 2e circonscription de Haute-Corse évoque un second handicap : les coûts du raccordement : "Sur un territoire comme la Corse, les opérateurs se plaignent d'un surcoût, qui renvoie à la topographie de ce que nous sommes, une île-montagne. Ils se sont tournés vers nous, mais on ne peut pas intervenir, c'est un financement qui se fait avec l'Etat. "