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A Flauta incantata : Mozart s’invite au théâtre de Bastia… in lingua nustrale !


Jeanne Leboulleux-Leonardi le Dimanche 2 Octobre 2022 à 11:33

Vendredi 14 octobre, le célèbre opéra de Mozart, la Flûte enchantée, sera joué au théâtre de Bastia. La Flûte enchantée ? A Flauta incantata, plutôt ! L’œuvre a en effet été traduite en corse – pour ce qui est des parties chantées – et en français émaillé d’expressions corses, pour les dialogues parlés : un travail remarquable, avec une mise en scène inventive, qu’ont déjà su apprécier les spectateurs venus nombreux aux deux premières représentations, à Cervione.



Crédit photos Robert Silhol
Crédit photos Robert Silhol

 
Organiste et pianiste de profession, ancienne enseignante du Conservatoire de Bastia puis de celui de Paris, cheffe de chœur à Cervione, Viviane Loriaut-Damiani est également directrice artistique de l’association Voci è Organu in Cervioni – autrement dit “VOCE”. C’est à ce titre qu’elle a imaginé puis organisé l’événement. Elle répond à nos questions 
 

- Cet été, le couvent Saint-François de Cervione a été le cadre des deux premières représentations d’A Flauta incantata, une création sur laquelle vous travaillez depuis deux ans. Une mise-en-scène surprenante, épurée, avec une scène rétroéclairée, un spectacle qui allie danse, chant et théâtre dans une vision contemporaine… Et bien sûr une histoire qui renvoie aux initiations maçonniques, avec leur symbolique spécifique.  Tout cela était peut-être inattendu pour les spectateurs… Quel accueil avez-vous reçu de la part du public ?
- Excellent ! Les deux représentations ont affiché pratiquement complet, avec près de 300 personnes à chaque fois dans la cour du couvent. Les gens sont venus de très loin : d’Ajaccio, de Marseille… Un public très réactif, enthousiaste ! Les spectateurs réagissaient à la moindre petite expression corse ! Ça partait en éclats de rire ! Et toutes générations confondues… Nous nous sommes d’ailleurs aperçus que des enfants qui avaient assisté au spectacle le premier soir, étaient revenus pour la représentation suivante ! C’est un grand succès. 


 - Les choix de la metteure en scène, Emma Loriaut-Clauss, avec de belles surprises qu’il ne faudrait pas dévoiler avant la représentation de vendredi, donnent parfois à cet opéra un air de comédie musicale façon Broadway…  
Il y a deux raisons à cela. D’abord, le fait qu’Emma a une formation de danseuse. Elle danse d’ailleurs avec les ombres, lors du spectacle ! Mais surtout, il ne faut pas oublier que lorsque cet opéra a été créé, du temps de Mozart, c’était ce qu’on appelait en allemand un Singspiel : en français, on pourrait traduire cela par vaudeville, ou œuvre théâtrale jouée et chantée proche de l’opéra-comique… Le principe, à l’époque, c’était de créer un spectacle qui puisse émerveiller un public non-averti, qui puisse le faire rire. Alors, “comédie musicale”, oui ! Pourquoi pas ! En fait, notre slogan pourrait être : « Vous n’aimez pas l’opéra ? Venez voir A Flauta Incantata ! Vous aimez l’opéra ? Venez voir A Flauta Incantata ! » [Rires]
 

- De bons souvenirs, avec les représentations de Cervione ?
- De très bons souvenirs ! Lors de la dernière, le 13 août, nous avons fait une captation, un film que nous avons envoyé à toute l’équipe. Et nous nous sommes aperçus que juste avant l’ouverture de l’opéra, un petit-duc avait lancé son appel ! C’était magique.  Le même soir, à la clôture du spectacle, chaque soliste a reçu un bouquet de fleurs. C’était l’idée d’un des choristes – il faut se rappeler que nos choristes, contrairement aux solistes, ne sont pas des professionnels. Il a demandé à la fleuriste de Cervione de préparer ces bouquets : des fleurs de la part des choristes, pour les solistes !
Parce que si l’équipe était déjà très soudée au départ, chaque spectacle a renforcé ce sentiment… Ce qui a créé une certaine fluidité…


- De la solidarité ?
- Beaucoup d’entreprises, de commerces, de restaurants… près de cinquante professionnels, sans compter les particuliers, nous ont soutenus pour monter ce spectacle qui représente un gros budget. Un viticulteur nous a offert le vin. Même chose pour les petits sachets de noisettes caramélisées qu’on a pu vendre sur les stands, devant le couvent : c’est un confiseur qui nous a aidé. Il a même formé, durant la semaine, un jeune stagiaire du lycée professionnel du Fango, originaire de Biélorussie. Une belle expérience ! 


- L’interprétation que vous proposez de cette œuvre est empreinte de culture corse. Vous dites qu’ « elle embrasse les singularités propres à l’île, la puissance de ses caractères, les mystères de son histoire, son tellurisme comme l’espièglerie de son humour ». Mais on y trouve également des thèmes universels : beauté, sagesse, amour… Et un plaidoyer pour l’égalité de l’homme et de la femme. Alors, après la représentation que vous donnerez à Bastia vendredi, envisagez-vous d’exporter cet opéra de l’autre côté de la Méditerranée ? 
- Nous sommes en effet en relation avec un théâtre à Orange. Et un festival, à Marseille, s’est également montré intéressé.  Mais pourquoi pas aussi une représentation à Ajaccio !


En pratique

Crédit photos Robert Silhol
Crédit photos Robert Silhol
 
Représentation le vendredi 14 octobre à 20h30, au théâtre de Bastia.
Les billets sont en vente au théâtre et également en ligne : https://www.bastia-tourisme.com/evenement/a-flauta-incantata/
Un spectacle destiné aux scolaires aura lieu le même jour, dans l’après-midi.
 
Distribution et origine des interprètes :
La Reine de la nuit     Julia KNECHT     Bastia/Sartène
Tamino         Mali ZIVKOVIC     Besançon/Genève
Pamina         Clara GUILLON     Paris
Sarastro         Guy LUCIANI     Erbalunga
Monostatos         Quentin MONTEIL     Neuchâtel
Papageno         Roberto MAIETTA     Bergamo
Papagena         Amélie TATTI     Bastia/Paris
Les trois dames     Françoise LUCIANI, Anne-Laure ALLEGRE, Anne-Marie GRISONI Bastia/Erbalunga
Les trois génies     Cécilia AUBERT, Jean-Raphaël DERIN PERALDI, Ange VIOLAT Bastia : élèves du Conservatoire de Bastia
L’Officiant         Laurent GRAUER Bor et Bar
Les surveillants     Olivier PAILLY, David SAINT-PASTOU Taglio Isolaccio/Bastia
Chœur  des initié(es) VOCE di CORE Cervione/Bastia/Cardo