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A Corte, la cunfraterna di San Teofalu se prépare à entrer dans la Semaine Sainte


Mario Grazi le Vendredi 22 Mars 2024 à 15:18

À l'approche de la Semaine Sainte et de la célébration des Rameaux, la Confraterna di San Teofalu de Corte se prépare à commémorer la Passion du Christ. Deux événements majeurs marqueront cette semaine de dévotion : les traditionnelles processions du Jeudi Saint et du Vendredi Saint.



Les préparatifs ont débuté dès ce vendredi, avec l'engagement des confrères, épaulés par les dames de la paroisse, dans la couverture des statues de l'église de l'Annonciation. Durant cette période sacrée, seule la figure du Christ est vénérée, conformément à la tradition. Ainsi, toutes les autres statues sont drapées de tissu mauve, confectionné avec soin par les femmes de la paroisse. « Elles nous assistent également dans la réalisation des "crucette" pour les Rameaux et elles habillent toutes les statues, concentrant ainsi l'attention sur la Passion du Christ », explique Laurent Ghionga, premier prieur de la Confraterna.

Autrefois, la fabrication des "crucette" était l'apanage des membres des confréries de Corte. Des noms tels que MM. Achilli, Muscatelli, Ghionga et Michelsen évoquent les heures et les jours consacrés au tressage des palmes, nécessaires à la confection des imposants "pesci" ornant les trois croix portées en procession le soir du Jeudi Saint. Bien que cette expertise ait été transmise à la jeune génération, les contraintes actuelles rendent la réalisation de ces "pesci" difficile. La maladie des palmiers, causée par le charançon, a eu un impact majeur sur la disponibilité des palmes en Corse. Ainsi, les confrères ont été contraints d'importer des palmes d'Espagne, préservant ainsi la tradition du tressage.

Malgré ces défis, la Confraterna di San Teofalu se réunira dès dimanche matin sur l'esplanade éponyme pour la bénédiction des Rameaux d'olivier et des "crucette", avant de se rendre en procession à l'église de l'Annonciation. Sous la houlette du père Christophe Boccheciampe, la procession débutera avec le symbolique rituel de la porte fermée, suivi des moments de dévotion et de recueillement.
 

Le Jeudi Saint, les confrères organiseront une procession depuis la chapelle Sainte Coix, un événement ouvert à tous et témoignant des évolutions dans les traditions. « Jadis, même les femmes n’y pouvaient pas y assister. Les temps ont changé, heureusement », se félicite Laurent Ghionga. Les pénitents et les fidèles se rendront ensuite jusqu’au quartier des Purette où aura lieu la première « lumaca » ou « granitula » en bord de mer, devant le clocher triangulaire de Grossetti. Un rite qui consiste en une procession en spirale, particulièrement délicate à réaliser. C’est le moment de la « cerca », de la recherche de soi. Sous sa cagoule blanche, le pénitent prie, se recherche et renait, comme la nature au printemps. C’est le renouveau de soi, voilà le sens de ce rite. Et en ce Jeudi Saint, la tradition veut également que le repas du midi et du soir ne soit constitué que d’une soupe de pâtes et de pois chiches, et de beignets de courges."


Le Vendredi Saint, la procession mettra en scène le rappel de la Passion du Christ, avec le pénitent blanc portant une lourde croix, assisté d'autres pénitents. "le pénitent blanc revivra la Passion du Christ en portant une lourde croix de 53 kg. Il sera assisté d’un deuxième pénitent représentant Simon de Cyrène, tandis qu’un troisième pénitent, marchant lui aussi pieds nus à leurs côtés, devra traîner à travers la ville des chaînes de 15 kg. Comme décrit dans les Evangiles, les pénitents tomberont à trois reprises sous le poids de la croix ! « Généralement, c’est un membre de la confrérie qui demande à porter la croix, mais il est déjà arrivé qu’une personne extérieur à la confrérie émette le souhait de porter la croix. « Il y a quelques années », se souvient Laurent Ghionga, « un Cortenais m’avait téléphoné du Continent pour me demander de porte la croix. Il se devait de le faire car sa mère était atteinte d’un cancer. Il voulait passer la maison de sa maman en portant la croix et ainsi expier ses péchés », détaille le premier prieur de la Confraterna.

 

À Corte, la tradition perdure avec le port du Christ mort sur un "catalettu" entouré de blé germé, suivant ainsi un rituel ancestral de foi et de renouveau spirituel. « Ces traditions, bien que confrontées à des défis, demeurent essentielles pour notre communauté, témoignant de notre attachement à notre foi et à nos valeurs. » conclut Laurent Gionga.