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2023, une année noire pour l’immobilier en Corse


David Ravier le Lundi 29 Janvier 2024 à 21:26

Au cours de l’année 2023, les ventes de biens immobiliers se sont effondrées, aussi bien en Corse que sur le continent. Sur l’île, certaines agences ont connu des pertes allant de -20 à -30% par rapport à 2022.



Archive CNI.
Archive CNI.

Jamais l’immobilier n’avait connu pareille dégringolade. En 2023, le marché français de l’immobilier a connu une chute historique de 22% des ventes dans l’ancien, avec seulement 875 000 transactions. En un an, le marché a enregistré 240 000 transactions de moins par rapport à l’année 2022. La Fédération nationale de l’immobilier (FNAIM) annonce que des baisses du prix de l’immobilier sont à prévoir en 2024. Dans ce constat morose, la Corse n’a fait pas exception et a également vu son marché se réduire comme peau de chagrin, avec des pertes allant de -20 à -30% par rapport à l’année 2022 selon plusieurs agences immobilières insulaires.  

« C’est une année qui fut assez compliquée, admet Corinne Casentini, la présidente de la chambre FNAIM de Corse-du-Sud. Il y a eu une baisse des prix du côté des vendeurs, mais elle n’a pas été assez significative pour enrayer l’érosion ». Il faut dire que le marché immobilier sortait d’une période faste, dopée par le confinement et les envies de grands espaces. Remy da Rocha, agent immobilier à Ajaccio, travaille au sein du réseau ERA immobilier. Il admet que l’année 2021 « était de très loin [sa] meilleure année en 15 ans de métier », avec des vendeurs qui faisaient monter les prix et des acheteurs qui se précipitaient pour acquérir des biens sans tenter de négocier. Mais tout change en 2022, lorsque l’inflation a pointé le bout de son nez, que la Banque centrale européenne augmente ses taux et que les banques répercutent cette hausse sur les clients. Ainsi, le taux moyen des crédits était de 4,20% au dernier trimestre de 2023, alors qu’il était à moins de 1% en 2021. Résultats: les demandes de prêts se sont vues massivement refusées par les banques, ce qui a freiné de potentiels acheteurs dans leur projet immobilier. De l’autre côté, pris par la frénésie post-Covid, les vendeurs n’ont pas voulu baisser leur prix, persuadé que leur bien trouverait preneur quoiqu’il arrive, alors que le marché subissait une mutation. « C’est compliqué pour un vendeur d’entendre que son bien estimé à 300 000€ il y a un an n’en vaut plus que 250 000€ actuellement, reconnaît Remy da Rocha. Les vendeurs ne veulent pas avoir l’impression de brader leur bien, mais ils doivent s’adapter au marché s’ils souhaitent réaliser une transaction ». 

 

Une régulation du marché attendue en 2024

 

Néanmoins, les vendeurs commencent à comprendre que pour faire partir leur bien, ils doivent baisser leur prix et s’aligner sur le marché. « Les vendeurs qui tentaient de vendre dans la fourchette haute ont finalement réussi à clôturer leur transaction lorsqu’ils se sont alignés sur les estimations des agents immobiliers, souligne Corinne Casentini. Petit à petit, ils finissent par entendre raison ». Cette baisse des prix intervient dans une régulation du marché de l’immobilier, qui, avec la remontée des taux d’intérêt, ne permet plus de vendre à n’importe quel prix. De son côté, Remy da Rocha prédit que le « marché va se détendre » en 2024, avec des taux qui devraient normalement baisser. C’est d’ailleurs que la tendance qui se dégage des conclusions du 15e Observatoire crédit logement (CSA), qui pense que les taux d’emprunt moyens devraient baisser au cours du second semestre 2024, pour s’établir aux alentours de 3,25%. L’agent de ERA immobilier à Ajaccio reste persuadé que son rôle et celui de ces collègues consiste à « réaliser des estimations au plus près de la réalité du marché tout en sachant expliquer aux vendeurs que les biens peuvent perdre de la valeur, car le marché se régule ».