Corse Net Infos - Pure player corse

Prix du carburant : la barre des 2 euros le litre est franchie en Corse


Pierre-Manuel Pescetti le Mercredi 9 Mars 2022 à 12:09

Le prix du carburant flambe depuis quelques jours sur le continent comme en Corse, atteignant des niveaux records. Guerre en Ukraine, reprise économique mondiale, augmentation du prix du baril.

Les causes sont multiples et le pire pourrait être à venir.



Ce 9 mars, le gasoil est plus cher que le sans plomb dans certaines stations-essence corses.
Ce 9 mars, le gasoil est plus cher que le sans plomb dans certaines stations-essence corses.
La barre des deux euros le litre de carburant était symbolique, elle a été franchie dans les stations-essences corses le 4 mars dernier. Depuis il est affiché à 2,18 euros le litre pour le sans-plomb, voire 2,28 pour le gasoil à Bastia ce 9 mars.

« Je n’ai jamais vu ça ! », confie Serge Antoniotti, président du syndicat des pompistes de la Haute-Corse avant d’ajouter que « cela risque d’augmenter encore plus dans les jours à venir ». Pour comprendre cette hausse spectaculaire de près de 14 centimes en une semaine, il faut s’intéresser aux différents mécanismes qui fixent le prix du carburant. 

Le prix du baril de Brent atteint des sommets

Prix du baril, indice Platts, forte demande liée à la reprise économique mondiale après la crise sanitaire, guerre en Ukraine. Les causes de l’augmentation sont multiples et souvent liées. Si le prix du baril de pétrole Brent a frôlé son record de juillet 2008 – 147,50 dollars à l’époque contre 139,13 dollars ce lundi 7 mars – le prix à la pompe dépend aussi de facteurs internationaux comme la guerre en Ukraine et son impact sur le prix des importations.

La guerre en Ukraine influe sur les cours du pétrole

Depuis le début du conflit, le prix du Brent a augmenté de 33 %. La France n’importe pourtant que 9 % de son pétrole brut depuis la Russie. Ressource clé qui n’est pas encore sous le coup des sanctions internationales liée au conflit Russo-Ukrainien.

L'essentiel du carburant consommé en France provient des pays du Golfe ou du Moyen-Orient comme l’Arabie Saoudite et le Kazakhstan. Entre l'extraction du brut et l'arrivée du carburant à la pompe, il faut environ une quarantaine de jours selon l'Union Française des Industries Pétrolières (Ufip). La hausse du prix devrait donc se répercuter plus d'un mois après à la pompe. Ce n’est pourtant pas le cas. Car les prix du carburant sont indexés sur un autre indice, celui des produits finis cotés sur les marchés, notamment à Rotterdam pour l'Europe.

L’offre et la demande déséquilibrées après la reprise économique

Cet indice est appelé indice Platts et varie rapidement en fonction de l’offre et de la demande. En trois mois, le prix du pétrole raffiné a augmenté de 80 % en raison d’achats massifs sur le marché.

Pendant la crise sanitaire de 2020 et 2021, les pays producteurs de pétrole avaient réduit leur production pour ne pas accumuler les stocks face à une activité mondiale économique et industrielle en berne. Aujourd’hui, ils peinent à répondre à la demande.

Une fiscalité française importante

En France, en moyenne, les taxes représentent environ 60 % du prix payé à la pompe. Elles sont deux : la Taxe Intérieure de Consommation sur les Produits Énergétiques (TICPE) qui « représente 75,7 centimes sur le sans plomb et 59,4 centimes sur le gasoil », précise Serge Antoniotti.

À cette taxe fixe s’ajoute la TVA (Taxe sur la valeur ajoutée) calculée sur le montant final et fixée à 13 % en Corse.

« Après avoir enlevé les taxes et les différents frais de fonctionnements, un pompiste gagne en moyenne six euros hors taxes par litre. Et cela vaut que le prix affiché soit de plus de 2 euros ou d’un euro et vingt centimes. En somme cette augmentation du prix pénalise les pompistes autant que les automobilistes », précise Serge Antoniotti. Le pompiste remarque une baisse de fréquentation et donc une baisse de ses ventes : « forcément, les gens font attention à leurs déplacements et restreignent l’usage de leurs véhicules ».

Une nouvelle aide bientôt annoncée par le gouvernement

Les aides de l'Etat sur le carburant devraient être « améliorées » a indiqué Emmanuel Macron lors de son déplacement à Poissy le lundi 7 mars et il devrait prendre la forme d’un plan de résilience.

Un chèque inflation de 100 euros avait déjà été versé à 38 millions de français en décembre 2021 et partir d’avril 2022, le barème de l’indemnité kilométrique sera relevé de 10 %. L’Exécutif devrait renforcer ce dispositif selon les premières pistes évoquées par Emmanuel Macron, lundi.

Le prix de l’essence pourrait encore augmenter en raison de l’instabilité politique internationale et de la tension entres les grandes puissances commerciales européennes qui pourraient interdire les importations de pétrole russe.