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Confinement à Bastia : les associations d'aide aux plus démunis tirent la sonnette d'alarme


Pierre-Manuel Pescetti le Lundi 16 Novembre 2020 à 13:23

Malgré une mobilisation toujours plus forte, les associations d'aide aux plus démunis tirent la sonnette d'alarme : le nombre de personnes dans le besoin augmente dans un contexte de crise sanitaire où il est difficile d'agir correctement. En cette période de confinement, la mobilisation est le maître-mot pour accueillir au mieux les personnes sans domicile fixe et dans la précarité.



Les personnes sans domicile fixe peuvent compter sur les associations d'aide pour rester confinés dans un lieu sûr et accueillant.
Les personnes sans domicile fixe peuvent compter sur les associations d'aide pour rester confinés dans un lieu sûr et accueillant.
Ils avaient été les grands oubliés du premier confinement du mois de mars. Alors que la règle est identique pour cette « deuxième édition », à savoir rester chez soi, comment font celles et ceux qui justement, n’ont pas de « chez soi » ?
Malgré une mobilisation en hausse des associations qui viennent en aide aux personnes Sans Domicile Fixe (SDF) et aux plus démunis, la tendance est à une augmentation des actions dans un contexte tendu où certains dispositifs ne peuvent plus être mis en place.

Une hausse de la fréquentation
Dans un contexte où la distanciation sociale est la clef pour lutter contre l’épidémie de la Covid-19, la tâche devient de plus en plus ardue pour les associations qui accueillent les plus démunis. Philippe Marcelli, responsable de l’association A Fratellanza, relève une augmentation de 10% de la fréquentation pendant le service de jour.
La structure qui se trouve rue Luce de Casabianca à Bastia, aide les gens dans le besoin à accéder aux services dont ils ont besoin. Douche, laverie, consigne, aide administrative et distribution de repas sont autant de services proposés par l’association tout en restant dans le respect des règles sanitaires en vigueur. L’association, qui gère aussi l’accueil de nuit des foyers de Saint-Joseph et de Toga, doit composer avec le risque de contamination et la hausse des demandes d’hébergements comme l’explique Philippe : « les foyers de Saint-Joseph et de Toga sont complets. En 2019, le taux d’occupation moyen qui était de 82% a grimpé aujourd’hui à hauteur de 90% depuis le premier confinement ». Afin de respecter les normes sanitaires et éviter tout risque de contamination, l’association travaille main dans la main avec la Direction Départementale de la Sécurité Publique (DDSP) pour ouvrir un nouveau local attenant à l’existant.


Autre association, autres problèmes. Le restaurant social de Bastia a dû arrêter son service à table car il est soumis aux mêmes règles que les autres restaurateurs. Mais pour l’association et les bénévoles il était hors de question de laisser les plus démunis sans solution pour se nourrir. Ainsi le service à table qui a été stoppé depuis le premier confinement, a été remplacé par un service à emporter.
Au total ce sont 15 personnes qui viennent au déjeuner comme au dîner, pour retirer leur repas gratuit et le consommer là où ils le peuvent. À cette quinzaine de repas à emporter s’ajoute une autre quinzaine de plats offerts par repas, à l’association A Fratellanza qui peut toujours accueillir les plus démunis et leur offrir un espace de restauration.
Cette perte du service à table inquiète Danielle Drag, trésorière du restaurant social, qui parle d’une perte du lien social avec les gens dans le besoin : « la relation avec les gens a changé. Ce sont des personnes qui ont besoin d’un contact social, de discuter mais aujourd’hui ce n’est plus possible. On prend quand même du temps pour échanger mais le fait de ne plus pouvoir s’asseoir et se restaurer sur place empêche de tisser ce lien social si important pour les gens dans le besoin ».


Des associations fortement mobilisées
Pour répondre à un besoin grandissant, les associations ne ménagent pas leurs efforts. C’est aussi le cas du Secours Populaire Français de Bastia qui doit faire preuve d’imagination pour ne pas abandonner les personnes en situation de précarité.
Comme l’explique Marie Robitaillié, trésorière de l’association : « les structures d’accueil privées comme le parc Galea et le parc Saleccia étant fermées il faut se réinventer pour pouvoir proposer une activité aux gens dans une situation précaire. Ils sont encore plus fragilisés par le confinement et l’isolement mais nous travaillons à des solutions pour ne pas les abandonner surtout dans cette période de fêtes ».


Ce regain d’activité est aussi à mettre au compteur de l’association A Fratellanza qui ouvre sa structure de jour même le week-end, chose qu’elle ne faisait pas avant la crise sanitaire. Pour éviter tout risque de contamination et étaler les visites dans le temps elle a aussi fait le choix de rester ouverte jusqu’à 19 heures 30 et l’ouverture des foyers d’accueil. Pour Philippe Marcelli le but est « d’éviter l’errance des plus démunis et les protéger d’un risque de contamination présent à l’extérieur ».

Une solidarité de la part de tous les acteurs
Situation oblige, la solidarité est de mise pour venir en aide aux personnes qui connaissent une grande difficulté pour se nourrir, se loger et vivre. Cette solidarité vit dans les différentes strates de la société insulaire comme l’explique Danielle Drag : « les repas sont offerts par l’entreprise Corse Centrale de Restauration de Biguglia et la Mairie de Bastia prend souvent contact avec nous pour voir de quoi nous avons besoin. Les bénévoles sont toujours aussi présents ». Cependant, le Secours Populaire Français relève un manque de dons après la forte mobilisation du premier confinement qui met l’association et sa santé financière en danger : « on fonctionne avec des fonds européens qui sont calculés par rapport aux besoins des années passées mais aujourd’hui ça ne suffit plus, on a du mal à acheter certaines fournitures ».

Aujourd’hui, malgré un soutien fort des institutions qu’elles tiennent à souligner, les associations d’aide aux plus démunis tirent la sonnette d’alarme et font le constat d’un fossé social qui se creuse toujours plus en raison d’une augmentation du nombre de personnes dans le besoin.