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"En Corse, il faut tout faire pour éviter d'arriver à de nouvelles mesures comme à Nice" selon la virologue Mylène Ogliastro


Livia Santana le Lundi 1 Mars 2021 à 18:30

La virologue et chercheuse à l'Inrae de Montpellier, qui fait partie du conseil scientifique de Corse, Mylène Ogliastro, émet ses recommandations pour le retour des vacances. Elle revient également sur l'efficacité du couvre-feu à 18 heures sur l'Ile de Beauté.



Mylene Ogliastro, virologue et chercheuse à l'Inrae de Montpellier.
Mylene Ogliastro, virologue et chercheuse à l'Inrae de Montpellier.
Le retour des vacances en Corse est-il à craindre ? 
-Le risque est élevé en raison du brassage de population pendant les vacances. La Corse a été protégée notamment par la mise en place des tests à l’entrée en Corse dans les aéroports et les ports. Il est important de maintenir ces contrôles des voyageurs. Même si ce n’est pas un filtre absolu, cela limite l’arrivée des personnes infectées qui représentent un danger pour la population corse. Une précaution supplémentaire serait d'observer une période d’auto-isolement dans les 10 jours qui suivent le retour. Ceci implique donc de limiter les interactions sociales et d'observer un respect strict des gestes barrières, notamment dans les milieux professionnels et pour les enfants dans les écoles. Ne pas hésiter à se refaire tester en cas de symptômes, même légers. Les tests sont une barrière mais la vigilance et le respect des règles sanitaires par chacun jouera un rôle primordial de protection pour la population. C'est d'autant plus important avec le variant anglais qui est plus beaucoup plus transmissible.


- Le couvre-feu à 18 heures est-il efficace selon vous  ?
- La réduction de la circulation du virus sera d'autant plus efficace que le confinement sera strict. Ce sont des éléments virologiques et épidémiologiques. Mais le confinement  strict a d'autres conséquences sur la population, notamment sociologiques, psychiatrique, économiques, et tous ces paramètres pèsent également dans la décision politique. Et c'est d'autant plus important que l'on vit cette situation depuis bientôt 1 an.

Le couvre-feu est une solution de confinement "doux" qu'il fallait essayer comme une alternative à des mesures plus strictes. Cette mesure participe probablement à l'effet plateau que nous connaissons actuellement avec un état relativement stationnaire (très élevé). Il limite par exemple les contacts dans les magasins aux heures d'affluence. Le couvre-feu fait partie des mesures restrictives qui additionnées les unes aux autres, permettent d’avoir quand même des magasins ouverts, une vie "sociale" relative et une vie économique qui continue. Jusqu'à quand et où? Nous avons tous les yeux rivés sur les chiffres pour savoir à quel moment nous n'aurons d'autre choix que de durcir les mesures comme cela vient de se faire en région PACA et comme il est attendu dans le Nord demain. C'est le scénario qu'il faut éviter pour la Corse.


- Pendant la première vague, le Sud de la Corse a été très touché par l’épidémie, à présent c’est la Haute-Corse, comment cela s’explique-t-il ? 
- Le départ d’une épidémie est stochastique, il y a des facteurs sociaux qui participent à la diffusion du virus. Ce virus est transmis par les aérosols qui peuvent rester en suspension dans l'air, y compris en extérieur même si le risque est moindre, il augmentera en discutant dehors à plusieurs sans masque. Il y a également les regroupements de personnes, les réunions de familles, même si chacun a le sentiment de faire attention. Le début d'une épidémie est lent, quasi invisible. Puis chaque personne en contaminant plus d'une, on aboutira de facto à une phase d'accélération  des transmissions. On l’a d’ailleurs vu à Ajaccio lors de la première vague, avec le groupe de personnes qui revenait de Mulhouse. De l'importance d'être tous vigilants maintenant que l'on connait le scénario.