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Claude Ferrandi, président du SC Bastia : "une montée ça peut s’annoncer pour faire le buzz mais ça ne se décrète pas"


Livia Santana le Mardi 17 Mai 2022 à 20:05

Pour son retour en Ligue 2, le Sporting Club de Bastia a terminé la saison à la douzième place au classement. Claude Ferrandi, son président, dresse le bilan de la saison écoulée et se projette sur la prochaine. État des finances du club, recrutements, perspectives, futur centre de formation... il dit tout à CNI.



Claude Ferrandi. (Photo Livia Santana)
Claude Ferrandi. (Photo Livia Santana)


- Le Sporting termine cette saison à la douzième place, vous vous réjouissez de ce classement ?
- On avait un objectif de maintien en début de saison et aujourd’hui on est 12e, on est presque au milieu de tableau en tout cas pas loin, ce qui reste satisfaisant. Terminer à une bonne place montre qu’on a une détermination et cela peut donner de l’impulsion pour la saison qui suit. Ensuite il y a l’aspect financier, l’écart entre la 14e place et la 12e est très faible. On parle de quelques dizaines de milliers d’euros. Mais bon il vaut toujours mieux les avoir.  

- Quel bilan pouvez-vous tirer de cette saison ?
- Depuis le début de la reconstruction, un bon bilan sportif, car il y a des joueurs qui nous ont rejoints en national 3 et qui aujourd’hui jouent en Ligue 2 donc il y a eu un bon travail de fait, il y a de la qualité. On a su les choisir, les faire travailler et les maintenir. On ne nous disait pas forcément prêts à affronter le monde professionnel, mais, je pense qu’on l’a affronté, certainement avec des erreurs, mais en tout cas on a passé cette étape. De ces erreurs, on tire une petite expérience, des leçons qui nous permettront de réaliser un meilleur parcours que celui de l’an dernier.  

Aujourd’hui, quel est l’état des finances du club ?
- Les finances sont saines et c’est déjà quelque chose. Pour ce qui est du budget prévisionnel, il est en hausse. Il passera de 7,5 millions à 9 millions d’euros, mécaniquement augmenté d’une part grâce au versement de la côte part de CVC soit le fonds d’investissement qui intègre la société commerciale de la ligue de football professionnel (LFP). Mais ce montant sera fléché, c’est-à-dire qu’on ne pourra pas l’utiliser comme on le souhaite. On ne pourra pas prendre cet argent pour l’injecter dans la masse salariale des joueurs. Il faut l’utiliser pour des infrastructures ou de la structure organisationnelle.  

- Vous savez déjà ce que vous allez en faire ? 
- Il y a un gros investissement de 700 000 euros sur le stade d’entraînement de l’Igesa. Nous avons prévu la réfection des terrains avec l’installation d’une pelouse hybride sur l’une des deux. Nous améliorerons l’accueil de la presse grâce à la construction d’une nouvelle salle. Une pièce de vie et la rénovation des vestiaires sont aussi au programme. Les derniers gros travaux datent d’il y a une dizaine d’années. En termes d’organisation, nous mettrons de l’argent dans l’Académie sur toute la partie amateur et le développement des sociétés et des filiales du club.  

- Le parcours en Coupe de France a-t-il eu un impact positif sur les finances du club ?
- Dans un premier temps, il a contribué à notre maintien, il a rendu notre saison encore plus belle puisqu’on a vécu une aventure formidable avec des moments de cohésion, des moments de joie avec notre public, malheureusement pas autant que ce qu’on aurait aimé parce que nous n’avons pas beaucoup reçu à domicile. En terme financier il y a bien sûr des retombées économiques à ne pas négliger. Elles auraient pu être plus importantes si nous avions eu la chance de recevoir un peu plus. A Reims par exemple, on a touché une dotation très faible de ce qu’on aurait pu recevoir, car le club avait décidé de faire des places à 1€ donc une recette de billetterie très faible à partager.  

- Il y a déjà des discussions sur les contrats ?
- Aujourd’hui il y a potentiellement 9 fin de contrats. Certains sont en discussion de renouvellement. On est en concertation avec le coach, le premier décisionnaire qui exprime la composition de son équipe. 
 
- Des recrutements sont-ils prévus ?
- Oui, selon les fins de contrat actées il y aura un recrutement plus ou moins important qui suivra pour venir combler les manques qui suivront.  

- A quels postes ? 
- Aujourd’hui il est difficile de cibler ces postes, cela dépendra des négociations en cours. Dans le courant de la semaine prochaine, il devrait y avoir des avancées.  

- Quelles perspectives pour la saison prochaine ?
- De continuer dans la lignée de celle entamée il y a 5 ans. Nous sommes toujours dans la construction, la pérennisation dans le monde professionnel, on espère et on souhaite faire un parcours en championnat meilleur que celui qui vient de s'achever en essayant de finir dans la première partie de tableau. 

- On ne peut pas imaginer une montée ? 
- Une montée, ça peut s’annoncer pour faire le buzz, mais ça ne se décrète pas. On l’a vu avec Nancy. Le club avait dégagé de gros budgets et de gros moyens pour essayer de remonter en Ligue 1.  Mais ils ont fini en… National ! La montée ça se bâti, c’est quelque chose qui prend du temps, qui se construit doucement et avec raison.   

- L’entraîneur, Regis Brouard est-il amené à poursuivre avec le club ? 
- C’est une certitude. Il nous a rejoint au mois d’octobre 2021 avec l’objectif du maintien. On l’a fait et il a, également, contribué à réaliser ce parcours en coupe de France. Il est sous contrat jusqu’à la saison prochaine et il n’y a aujourd’hui aucune raison que Régis ne soit pas le coach du Sporting, bien au contraire.  

- Le centre formation est-il toujours d’actualité ?
- On s’y attache. Sur le plan de l’organisation, on a bien travaillé cette saison. Il y a eu un changement de responsable d’académie, Frédéric Zago a bâti une structure organisationnelle qui nous permet de travailler à l’identique d’un véritable centre de formation. On a eu d’excellents résultats au niveau des jeunes puisqu’aujourd’hui on est champion de Corse en U16, en U18 ce qui veut dire que l’an prochain on aura deux équipes représentées dans les championnats nationaux en catégorie U17 et U19 nationaux chose qui n’était plus arrivée depuis la catastrophe économique 2017. Les U14 terminent deuxièmes de leur championnat, ce qui veut dire qu’aujourd’hui le Sporting au niveau insulaire a retrouvé sa place de locomotive du football corse pour les jeunes. Nous voulons faire en sorte de pouvoir demander le statut de centre de formation pour septembre 2023 pour pouvoir faire ressortir des joueurs. Il faut rappeler qu’aujourd’hui aucun club de Ligue 2 voire de Ligue 1 peut se targuer d’avoir 6 à 7 joueurs formés au club dans son groupe chaque week-end dont 5 titulaires. Nous il faut qu’on surfe sur cela et que l’on s’appuie sur l’exemple d’Anthony Roncaglia qui a fait le choix en 2017 de rester avec nous et qui a réalisé sa première année en professionnel cette saison. 

- Avec la création de sa nouvelle filiale « Corsicom » et la « SCB distribuzione », le club essaie de se diversifier, pourquoi ? 
- On sait déjà organiser des évènements sportifs comme des matchs de football, mais maintenant on se diversifie sur d’autres disciplines comme la course cycliste « Isula Race » de l’année dernière. Nous nous orienterons vers les évènements culturels comme le « festival de la chanson corse » pour faire en sorte que « Corsicom » puisse être profitable et qu’elle ramène de la ressource financière au club. Nous voulons que le Sporting puisse trouver une certaine indépendance financière pour être stable.