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Ça bouchonne pour les permis de conduire en Haute-Corse, les auto-écoles menacent de bloquer la route


Pierre-Manuel Pescetti le Lundi 29 Novembre 2021 à 16:59

Depuis plusieurs mois, la Haute-Corse manque d’inspecteurs du permis de conduire et fonctionne avec un tiers de ses effectifs. Dans les auto-écoles, la liste des candidats à l’examen s’allonge. Les délais aussi. Les professionnels du secteur s’impatientent et menacent de reconduire l’action escargot du mois d’octobre à Bastia. De façon plus radicale cette fois.



Au lieu d'une trentaine de candidats, certaines auto-écoles ne peuvent présenter qu'une dizaine d'entre eux par mois à l'examen final du permis de conduire en Haute-Corse. Crédits Photo : Pierre-Manuel Pescetti
Au lieu d'une trentaine de candidats, certaines auto-écoles ne peuvent présenter qu'une dizaine d'entre eux par mois à l'examen final du permis de conduire en Haute-Corse. Crédits Photo : Pierre-Manuel Pescetti
Depuis trois mois, les auto-écoles de Haute-Corse rongent leur frein. Comme au niveau national, la pénurie d’inspecteurs du permis de conduire crée un embouteillage de candidats devant l’examen final. Après une première manifestation à Bastia devant les grilles de la préfecture, les professionnels de la conduite demandent à l’Etat de passer la seconde vitesse. Jean-Marc Angelotti, gérant de l’auto-école bastiaise CESR prévient : « nous avons lancé un ultimatum à la préfecture. Nous voulons une réponse avant ce vendredi matin (ndlr : vendredi 3 décembre 2021) ou nous bloquerons totalement la circulation au rond-point de Furiani ! ». La réponse tant attendue par les professionnels est plutôt une annonce : celle de l’arrivée d’un inspecteur titulaire au maximum début 2022.

En temps normal, trois inspecteurs du permis de conduire font passer l’examen du papier rose en Haute-Corse. Autant en Corse-du-Sud. Seulement, depuis septembre, le département du nord de l’île connait une pénurie de ces inspecteurs. Sur trois, il n’en reste plus qu’un opérationnel. « Un inspecteur a été muté en septembre et un autre est en maladie longue durée depuis 4 mois », déclare David Marchand, délégué départemental de la DDTM (Direction Départementale des Territoires et de la Mer) de Haute-Corse. L’organisme de l’Etat est responsable de l’organisation des examens pratiques du permis de conduire. Résultat : les délais pour passer l’examen s’allongent pour les candidats.

Trois mois pour accéder à l’examen

Les trois inspecteurs font passer environ 600 examens de permis par mois, toutes catégories confondues. Un nombre à diviser par trois en raison de la situation actuelle. Le nombre de candidats, lui, ne faiblit pas. « J’ai 18 élèves qui seront prêts à passer l’examen final en décembre mais ils devront attendre au moins trois mois », s’exaspère Jean-Marc Angelotti. Trois mois d’attente là où elle est d’habitude de quelques jours. La situation soulève différents problèmes pour le gérant de l’auto-école : « premièrement nous avons des profils qui repassent leur permis après des suspensions et qui en ont besoin pour travailler. Cela peut accentuer la tentation de prendre le volant sans permis ! ».

Deuxièmement, concernant les permis poids lourds, certains candidats sont soumis à l’obtention du permis pour débuter des formations en entreprise. Les financements spécifiques à la formation tomberaient à l’eau en cas de retard trop conséquents. De même pour leur embauche potentielle.

La Corse-du-Sud et le Var, pansements de fortune

Les premiers temps, les renforts venaient du Var et de la Corse-du-Sud. Aujourd’hui, l’aide ne vient plus que du sud de l’île. « Chaque semaine un inspecteur de Corse-du-Sud, vient faire passer les examens pendant deux jours mais qu’en sera-t-il avec l’arrivée de l’hiver ? », questionne Jean-Marc Angelotti. Le gestionnaire d’auto-école fait référence aux premières neiges tombées à Vizzavona ce week-end du 27 novembre, et à celles, futures, qui pourraient bloquer totalement le col. Il pointe surtout du doigt une situation précaire et une solution de fortune qui n’arrangera rien sur le long terme. David Marchand est de son avis : « on déshabille Pierre pour habiller Paul ». La situation irrite d’autant plus les gérants d’auto-école que, selon Jean-Marc Angelotti, « l’administration est au courant depuis janvier 2021 qu’un des inspecteurs serait muté en septembre mais rien n’a été fait ! ».  

À cela s’ajoute la rigidité des règles en matière de changement d’affectation pour les inspecteurs. Ils ne peuvent pas en changer avant d’avoir effectué deux ans dans l’actuelle. « Nous savons qu’une inspectrice désire être mutée en Corse mais elle ne le peut pas car il lui reste encore quatre mois à faire dans son affectation actuelle. Il faut faire une dérogation ! », confie Jean-Marc Angelotti. Sans quoi, il l’assure, « la crise ne ferait qu’empirer avec des répercussions économiques sur nos entreprises et nos salariés ». Pour l’instant, la situation semble bien être au point mort.