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Fulelli : la Toussaint, le temps des retrouvailles


J. L le Dimanche 31 Octobre 2021 à 10:28

A l'approche des fêtes de la Toussaint, on voit fleurir les chrysanthèmes au bord des routes. Le 2 novembre célèbre le jour des morts et les fleurs s'en vont parer les cimetières. En Corse, plus qu'ailleurs « u ghjornu di i morti » ce temps de recueillement pour commémorer les défunts tient une place essentielle



Mathieu dépose une bougie au pied de la croix
Mathieu dépose une bougie au pied de la croix
Le culte des morts est une tradition séculaire qui témoigne de l'attachement des vivants à leurs disparus.  On revient du continent, on se retrouve en famille , u campusantu reprend vie, on se croise dans les allées, on discute, on se rappelle les souvenirs des disparus, les bougies illuminent doucement les caveaux. La Toussaint est le temps des retrouvailles pour les gens d'ici et de l'ailleurs. Les  fêtes de la Toussaint, c'est aussi une tradition culinaire, dans la région bastiaise la salviata, ce gâteau en forme de «s» qui rappelle son nom et son ingrédient d'origine, la sauge symbole d'immortalité se décline en plusieurs saveurs, amande, noisette et d'autres parfums qui font le régal des réunions de famille pendant le week-end di i Santi.
 
"Il y a mes ancêtres"
Il est 10 heures ce matin au cimetière de Fulelli, Chantal nettoie la tombe de ses parents. "Je n'attends pas la Toussaint pour venir ici, j'en ai besoin, je viens souvent, je fume ma cigarette et je parle avec les miens. Quand quelque chose me pèse ici je me sens apaisée, je ne leur parle pas avec des mots mais avec mon cœur. Ici, je rencontre des gens qui ont connu mes parents et on partage nos souvenirs. Plus le temps passe et plus je me rends compte que je fais comme ma mère, comme un cycle de vie qui se perpétue." Chantal retrouve en elle une part de sa mère.


A l'entrée du cimetière, Mathieu dépose une bougie au pied de la croix, il est là pour tous les morts, parce qu'il y a des gens qui ne peuvent pas se rendre sur leurs tombes : "alors j'allume une bougie pour eux et je fais une prière". Le jeune homme se promène dans les allées, il s'arrête sur une tombe où repose son grand-père.  Je viens là depuis que je suis tout petit, c'est ma mère qui me l'a inculqué et je tiens à continuer cette tradition. Le cimetière c'est l'endroit où on est vraiment face à soi-même, c'est calme et puis il y a mes ancêtres et pour moi c'est très important que je continue ce qu'ils m'ont laissé. Je reviendrai le 2 parce que c'est le jour où on fête les morts et là le cimetière est très beau, c'est tout fleuri et toutes ces petites lumières c'est bien pour tout ceux qui ne sont plus là. Et puis, chez nous c'est comme ça, nos morts font partie de notre vie. Pour toutes les fêtes, je monte au cimetière faire un petit tour."


Si l'origine de la Toussaint est une célébration instaurée par l'Eglise catholique pour honorer les morts qui remonte au IIe siècle, ce matin au cimetière de Fulelli, il y a bien du monde pour déposer un chrysanthème qui transmet le message de la fidélité

Chantal : "comme un cycle de vie qui se perpétue."
Chantal : "comme un cycle de vie qui se perpétue."

Grégoire Travaglini, passeur d'âmes

Grégoire Travaglini (Photos J. L)
Grégoire Travaglini (Photos J. L)
Le funérarium de la Haute-Corse co-géré par Antoine Pinna et Grégoire Travaglini  à Fulelli œuvre depuis 1986 à accompagner les familles endeuillées.
"Quand j'ai commencé, j'étais tout jeune, dans notre entreprise familiale de menuiserie on faisait les cercueils et puis on a crée le funérarium. Pour la Toussaint, on ne fait plus comme avant, on ne vend pas de fleurs, les gens viennent ici pour changer une plaque ou pour acheter un article funéraire. Dans ce métier ce n'est pas le commercial qui me motive, je partage la peine de chacun et en remerciement on me dit souvent que je fais partie de la famille. Je n'attends pas la Toussaint pour rendre hommage aux défunts pour moi c'est mon quotidien et chaque fois que je ferme un cercueil j'ai le cœur serré. Peu importe l'âge du défunt la mort c'est une séparation toujours difficile, explique Grégoire Travaglini. Les pompes funèbres Travaglini c'est une présence et la discrétion il faut trouver le juste milieu, les gens savent que je peux leur apporter l'amour : pour moi c'est le plus cadeau et nos enfants sont comme nous et je me dis qu'on a réussi quelque chose."
Au-delà de la Toussaint, Grégoire Travaglini est un passeur d'âmes affable qui dédie sa vie aux défunts.