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Témoignage - Deux femmes et un enfant ukrainiens réfugiés en Corse : "nous sommes très émues, ici les gens sont très accueillants"


Livia Santana le Mercredi 23 Mars 2022 à 18:19

Ce lundi 21 mars, Loridana, son fils Herman et sa tante Oksana ont été accueillis à San-Martino-di-Lota (Haute-Corse) chez Marie-Joëlle. Elles racontent les conditions dans lesquelles elles ont fui leur pays en guerre, l'hospitalité des habitants de l'île et leur proche avenir loin de l'Ukraine.



De gauche à droite : Oksana, Marie-Joëlle, Loridana son fils Herman et Gabriel (petit fils de Marie-Joëlle)
De gauche à droite : Oksana, Marie-Joëlle, Loridana son fils Herman et Gabriel (petit fils de Marie-Joëlle)
La Pologne, la Slovaquie, l’Autriche, l’Allemagne, la Suisse, la France, Aix-en-Provence, enfin Bastia … c’est le long et éprouvant voyage de Loridana, son fils Herman et sa tante Oksana réfugiés ukrainiens accueillis chez Marie-Joëlle à San-Martino-di-Lota ce lundi 21 mars. 
 
Rencontrées, au lendemain de leur arrivée sur l’île, la fatigue se lit sur le visage des deux femmes originaires de Kharkiv, une ville au nord-est de l’Ukraine. Assises sur un canapé blanc recouvert d’un plaid de la même couleur, leur regard est vide. « La guerre a débuté le 24 février, les quatre premiers jours Kharkiv n’était pas trop touchée. Ensuite, les bombardements ont commencé. Avec mon fils de 8 ans, nous avons été obligés de nous réfugier dans notre cave pendant 4 jours. J’ai décidé de quitter le pays, car je ne supportais plus le bruit des explosions », confie Loridana, 34 ans, employée administrative d’une chaîne de fast food ukrainienne. À côté d’elle, Oksana, 58 ans, ne lâche pas la main de son hôte corse Marie-Joëlle. En évoquant l’horreur vécue lors de ses derniers jours à Kharkiv, la femme ne peut s’empêcher de retenir ses larmes : « Dans mon quartier il y avait des coupures de gaz et d’eau. On ne pouvait plus se chauffer.. Ce n’était plus vivable. J’ai dû fuir et laisser mon fils qui ne pouvait pas quitter le pays. ».
 
La Corse comme heureux hasard 
 
Après avoir emprunté plusieurs trains et marché plusieurs kilomètres, Loridana et Herman arrivent en Slovaquie. Trois jours plus tard, Oksana, qui n’a pas pu voyager avec eux, les rejoint.
Là-bas, l’aide humanitaire ne manque pas. Alors que les deux femmes et l’enfant sont accueillis chez une dame Slovaque, elle leur raconte qu’elle travaille l’été en Corse, à Porto-VecchioUne Ukrainienne installée sur l’île, lui a indiqué qu’il restait trois places dans un bus en direction de la Corse. « Nous étions logés à 10 dans une maison, alors nous avons accepté. On savait situer la Corse géographiquement, car on l’a appris à l’école. Mais à part ça on ne connaissait rien sur l’île, juste que Napoléon est né ici », racontent Loridana et Oksana qui, à peine débarquées du bateau s’étonnent de « la chaleur », mais aussi de la « beauté » du territoire insulaire. 
 
A leur débarquement, c’est surtout la gentillesse des Corses qui les marque. « Nous sommes très émues, ici les gens sont très accueillants. Nous n’avons pas les mots pour les remercier », lance Oksana en regardant, encore les larmes aux yeux, son hôte Marie-Joëlle.
 
En attendant la suite
 
Alors que sa maman raconte leur histoire, Herman, lui, est occupé dans la chambre à jouer avec Gabriel, le petit fils de Marie-Joëlle. Il communique  avec son nouvel ami corse. grâce à un traducteur installé sur un smartphone.
 « Viens, on va jouer dehors », dicte Gabriel. Il passe le téléphone à Herman qui s’empresse de lire et de répondre « Da » (Ndr ; Oui en Russe). Le petit Ukrainien a laissé son papa au pays. « Il est volontaire, il rend visite aux personnes âgées », lance-t-il avec une certaine admiration. Tous les deux jours, il parvient à le joindre pour prendre de ses nouvelles. Pour le moment, tout va bien. 
 
Herman espère rentrer chez lui très vite, pour pouvoir retrouver ses camarades de classe. Si elle ne peut pas lui promettre un retour en Ukraine, Marie-Joëlle fera tout pour qu’il puisse être scolarisé à l’école de Pietranera au moins deux matinées par semaine. « Il va très vite apprendre le français, ça s’entend », assure la puéricultrice à la retraite. Quant à sa maman et sa grand-tante, elles souhaiteraient effectuer des ménages dans la région pour pouvoir gagner un peu d’argent en attendant que la guerre se termine et qu’elles puissent regagner leur pays. 

Gabriel et Herman communiquent grâce à un logiciel de traduction
Gabriel et Herman communiquent grâce à un logiciel de traduction