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U Pattu per a ghjuventù : L'assemblée de Corse adopte le plan d'action pour la jeunesse à l'unanimité


Pierre-Manuel Pescetti le Vendredi 6 Novembre 2020 à 19:16

Placer la jeunesse corse au centre des débats, l’écouter et mettre en place des actions de politique publique en cohérence avec ses besoins. C’est en tout cas le credo du plan d’action composé du « Pattu per a ghjuventù » et de la Charte des acteurs de la jeunesse qui ont été votés à l’unanimité ce matin du vendredi 6 novembre par l’assemblée de Corse.



Lauda Guidicelli, conseillère exécutive en charge de la jeunesse. Photo d'archive Michel Luccioni.
Lauda Guidicelli, conseillère exécutive en charge de la jeunesse. Photo d'archive Michel Luccioni.
Près de deux ans et demi après la pose de la première pierre d’u Pattu pour a ghjuventu, Lauda Guidicelli, conseillère exécutive en charge de la jeunesse, des sports et de l'égalité femmes-hommes, est revenue présenter, vendredi matin, à l’Assemblée de Corse, le plan d’action pour la jeunesse à travers 205 fiches actions. Rappelons que ce pattu qui, tout comme le plan d’action et la Charte des acteurs de la jeunesse aujourd’hui, avait fait l’unanimité lors de son adoption en avril 2018 et proclamé « le droit au bonheur de la jeunesse corse ». Il donne la parole aux 55 000 jeunes Corses âgés de 15 à 30 ans pour prendre en compte leurs aspirations et leurs problèmes et leur permettre de trouver leur place dans la société insulaire. C’est une priorité de la majorité nationaliste. Pour le président de l’Exécutif de Corse, Gilles Simeoni, ce nouveau vote à l’unanimité « envoie un message positif que nous faisons passer à la jeunesse, car toutes les forces politiques ont salué la qualité du travail effectué. Il y a la possibilité de construire dans cette île, dans ce peuple, un certain nombre de démarches qui recueillent l’adhésion et l’engagement de tous ».

Des fiches action
Ce nouvel outil est basé sur une dialectique de droits et devoirs et cinq objectifs majeurs. Lauda Guidicelli avait annoncé un calendrier sur deux ans et un rendu de l’enquête et du travail effectués pendant deux ans et demi. Ce qu’elle a fait longuement. Les 205 fiches actions, qui ont été adoptées, irriguent différents champs d’actions de la Collectivité de Corse comme l’engagement citoyen, la formation, le sport ou la culture. Pour rédiger ces fiches actions et cerner au mieux les besoins de la jeunesse, une véritable campagne de concertation avec les jeunes de 15 à 30 ans a, donc, bien été lancée depuis l’année 2018 grâce à différents outils tels que « i caffè citatini », des webinars et des groupes focus. Au total, ce sont 500 jeunes en présentiel et plus de 2 000 consultés par le biais numérique qui ont répondu présent.
 
La parole à la jeunesse
Samir Becherigui, membre du comité citoyen Parolla di ghjuventù parle d’une véritable « chance de pouvoir s’exprimer ». Et cette parole revêt une importance capitale pour Lauda Guidicelli pour qui « le pouvoir politique doit être au plus près de sa jeunesse, car elle représente la Corse de demain ». Ce vote à l’unanimité à l’assemblée de Corse, au-delà du consensus qu’il exprime, est, surtout pour les différents acteurs de ce plan d’action, une nouvelle marche franchie dans la construction d’une politique publique par et pour les jeunes. Pour Marie Stromboni, élue à l’Assemblea di a ghjuventù, « il faut continuer sur cette lancée. Je suis très fière d’avoir participé à cette construction qui nous a pris même des week-ends pour mettre en place les assises de la jeunesse. On continuera ! ». Le prochain évènement se déroulera d’ailleurs le 10 décembre prochain et prendra la forme de nouvelles Assises de la jeunesse avec, pour thématique principale, la précarité numérique et sa dimension sociale.

Une crise révélatrice
Comme partout dans le monde, la crise liée à l’épidémie de Covid-19 a creusé les inégalités et les a accentuées. La Corse n’a pas été épargnée, mais cela a permis de mettre en lumière certaines problématiques inattendues, comme la fracture numérique chez des jeunes que tout le monde pense ultra-connectés. C’est sur cette problématique qui s’est durement fait sentir pendant le confinement du printemps dernier que vont travailler les acteurs des Assises de la jeunesse. « Une consultation des jeunes pendant le confinement a permis d’évoquer les nouveaux besoins qu’ils avaient constatés. L’important est d’être toujours au plus près de la jeunesse, car nous savons qu’ils sont très impactés par cette crise » explique Lauda Guidicelli. C’est aussi la preuve que les choses évoluent, d’où la volonté « d’un plan d’action qui se veut évolutif », ajoute-t-elle.

Gilles Simeoni, président du Conseil exécutif de Corse. Photo d'archive Michel Luccioni.
Gilles Simeoni, président du Conseil exécutif de Corse. Photo d'archive Michel Luccioni.
Des dispositifs déjà en place
« Ce travail a permis de montrer la jeunesse telle qu’elle est et pas telle que nous souhaiterions qu’elle soit ou telle que nous faisons, par commodité, semblant de penser qu’elle pourrait être », commente Gilles Simeoni. L’enquête a aussi mis en exergue la méconnaissance et le manque de lisibilité des dispositifs d’aide existants. Aussi une des premières actions de la Charte des acteurs de la jeunesse a été de faciliter l’accès à l’information concernant toutes les aides, actions et dispositifs auxquels la jeunesse a droit. Pour cela, les équipes de la Collectivité de Corse ont participé à la création d’un réseau structuré composé de différentes entités, comme les missions locales de Corse ou encore des associations familiales telles que l’Associu di u Fium’altu de Folelli. Si l’objectif est de fluidifier les relations entre les jeunes et les structures qui les accompagnent, l’intérêt est aussi de sensibiliser les jeunes aux actions déjà mises en œuvre par la Collectivité de Corse. Comme, par exemple le dispositif Prima strada qui est une aide aux 15-25 ans d’un montant maximal de 500 euros pour passer le permis B ou A1. Bien sûr, ce dispositif est soumis à des conditions d’accès, mais il permet de prendre en compte les spécificités de la société corse et de son territoire où le permis de conduire est un levier incontournable d’insertion sociale et professionnelle.
 
Une real politique
« L’objectif de cette politique jeunesse est vraiment d’être dans la réalité et le concret. On ne pouvait pas avoir un plan qui nie complètement les problèmes et les difficultés rencontrés par notre jeunesse. La pluralité des actions et dispositifs est la preuve d’une volonté d’inclure la jeunesse dans une réflexion et une mise en action à tous les niveaux de la société. Ainsi des actions de prévention et de discussion autour de thèmes, tels que le harcèlement scolaire, la violence sexuelle et toutes les formes de discrimination sont menées depuis 2018 et continueront de l’être », précise Lauda Guidicelli. Pour la Collectivité de Corse, ce plan d’action, plus qu’une feuille de route, est un dialogue permanent qui permettra d’anticiper la Corse de demain. « Ce plan d’action n’est pas une fin en soit parce qu’il a été voté aujourd’hui. Bien au contraire », promet-elle. Gilles Simeoni conclut : «  La jeunesse corse est la richesse de ce pays, elle a des atouts extraordinaires, une capacité d’intelligence, de créativité, d’engagement qu’il nous appartient d’encourager. Comme toutes les jeunesses du monde, elle est aussi confrontée à des difficultés, des angoisses, des frustrations, peut-être plus encore ici qu’ailleurs. C’est notre devoir d’élus, de citoyens, d’adultes de créer les conditions pour que cette jeunesse s’approprie son destin ».
 

Lauda Guidicelli, conseillère exécutive en charge de la jeunesse et Gilles Simeoni, président de l'Exécutif de Corse étaient présents pour présenter le plan d'action Pattu per a ghuventù et la signature de la Charte des acteurs de la jeunesse.
Lauda Guidicelli, conseillère exécutive en charge de la jeunesse et Gilles Simeoni, président de l'Exécutif de Corse étaient présents pour présenter le plan d'action Pattu per a ghuventù et la signature de la Charte des acteurs de la jeunesse.