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Expédition "Gombessa 6 " : mission des plongeurs ? Révéler les secrets des fonds marins corses


Livia Santana le Jeudi 15 Juillet 2021 à 08:12

Durant 20 jours, des plongeurs et biologistes marins tentent de percer les mystères des eaux corses et des anneaux de corail en se rendant dans une capsule à 120 mètres de profondeur. Ce mardi 13 juillet, CNI s'est rendu au coeur de cette expédition commandée par le Parc naturel marin du Cap Corse et des Agriate, sur la plateforme qui accueillent les scientifiques.



Enfermés dans leur capsule, Laurent Ballesta, Thibault Rauby, Roberto Rinaldi et Antonin Gilbert semblent tourner en rond. Un des quatre est allongé sur son lit, téléphone à la main, un autre semble lire. Cela fait depuis le 1er juillet que les 4 hommes sont cloîtrés dans une grande cuve hermétique jaune. A l'intérieur de celle-ci, 4 lits superposés, une table, une douche, des sanitaires, de quoi communiquer avec l'extérieur... le strict minimum pour survivre. Non ce ne sont pas des astronautes mais des aquanautes. 

Il y a plus de 10 jours, les chercheurs se sont engagés dans l'expédition "Gombessa 6" pour tenter de percer les mystères des eaux corses à 120 mètres de profondeur au large de Saint-Florent. Depuis, ces experts de la mer ont pu sortir de leur capsule pour explorer les fonds marins et procéder à l'analyse d’étranges formations jamais vues auparavant : des anneaux de 30 mètres de diamètre, parfaitement circulaires. Selon ces spécialistes, il s'agirait d'atolls de coralligène soit de grands annaux de corail.

Cette mission pointue, commandée par le Parc naturel marin du Cap Corse et des Agriate cherche selon sa directrice, Madeleine Cancemi, à "préserver au mieux les espèces qui y vivent" mais aussi à"contrôler la température de l'eau et y installer temporairement des hydrophones". L'Office française de la biodiversité a d'ailleurs subventionné en partie l'opération grâce à des crédits France Relance. Le prince Albert de Monaco a aussi largement contribué au financement des recherches qui continueront en Méditerranée et seront menées par 35 scientifiques français et étrangers dont l'Université de Corse. 

Il y a 23 000 ans...

Dans sa capsule, Laurent Ballesta, le chef d'expédition et photographe Français commence à dresser les récentes découvertes au préfet maritime de Méditerranée, Laurent Isnard, venu ce mardi pour saluer la mission à bord de la barge rattachée au pionnier, le navire de la marine nationale. "Nous avons procédé au carottage de deux noyaux centraux, à présent les roches seront analysées pour effectuer des datations. Il semblerait qu'il y a 23 000 ans, quand le niveau de la mer était à zéro, on y trouvait des plateaux à fleur d'eau avec quelque chose qui ressemblait à des lagunes. Il semblerait que cela soit des vestiges de récifs.", assure le chef d'expédition. Sous l'eau, le scientifique a pu aussi trouver ce qui semblerait être une nouvelle espèce, une limace des mers alors encore inconnue, ou encore une anémone phosphorescente. "Quand on observe la nature et qu'on se retrouve seul dans les profondeurs on prend une leçon d'humilité. On se rend compte qu'un petit détail, justifie tous les moyens", poursuit-il l'air émerveillé. 

Une technologie de pointe 

Les chercheurs encapsulés ont dû passer par une phase de pressurisation pour pouvoir atteindre de telles profondeurs sans risque en respirant de l'hélium et l'oxygène. Ensuite, une tourelle servant d'ascenseur les a amenés à 120 mètres. Pour cela, Laurent Ballesta et son équipe peuvent compter sur l'aide et l'expertise du scaphandrier et chef de la mission saturation, Théo Mavrostomos qui est d'ailleurs le mieux placé pour les accompagner puisqu'il détient le record de la plongée la plus profonde au monde, à -700 mètres.
A présent, l'homme forme les plongeurs du monde entier dans l'une des seules écoles spécialisées existantes, l'Institut national de plongée à Marseille. Il connaît donc bien la pratique pour se rendre à 120 mètres : "Cette technique de capsule permet aux plongeurs de rester dans l'eau très longtemps, ici ils sont restés jusqu'à 4h30 sous l'eau. Le 18 juillet à midi, ils arrêteront de plonger et seront en dépressurisation. A ce moment, il faudra attendre une heure par mètre qu'ils avaient descendu avant qu'ils puissent sortir de l'habitacle".

Avec Gombessa 6, les 4 hommes auront bien mérité le surnom "d'astronautes de la mer".
D'ailleurs ce n'est pas une coïncidence si ce lundi 12 juillet, Laurent Ballesta a pu échanger sur sa mission avec l'astronaute Thomas Pesquet qui se trouvait sur la Station spatiale internationale, à 400 kilomètres de la terre et à 120 mètres encore de plus, de lui !