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Rapaghju : Installation très attendue du Comité de pilotage sur l’avenir des Eaux d’Orezza


Nicole Mari le Mercredi 12 Octobre 2022 à 17:43

Le Comité de pilotage sur l’avenir des Eaux d’Orezza a été installé, mardi après-midi, à Rapaghju, par le président du Conseil exécutif de la Collectivité de Corse. Composé des élus de l’Orezza, des représentants du personnel et des associations du territoire, il s’est fixé trois objectifs : vérifier la conformité du contrat de location-gérance, vérifier le respect par la société d’exploitation des obligations de mécénat sur le territoire et travailler sur l’avenir des Eaux d’Orezza.



Photo CNI.
Photo CNI.
C’était une installation attendue depuis vingt ans par le personnel, les élus et les associations du territoire et qui a fait l’unanimité. Le Comité de pilotage sur l’avenir des Eaux d’Orezza a été installé, mardi après-midi, à Rapaghju, par le président du Conseil exécutif de la Collectivité de Corse, Gilles Simeoni. Étaient présents les 14 communes concernées, le président de la Communauté de communes Castagniccia-Casinca, les salariés et les associations, également les groupes politiques de l’assemblée de Corse. « Nous avons installé le comité de pilotage. C’est très positif », se réjouit Gilles Simeoni. « Ce comité de pilotage a une triple mission : premièrement, partager le suivi de l’exécution du contrat de location-gérance qui court jusqu’en 2025. Le but est de vérifier que les obligations contenues dans ce contrat soient bien appliquées par la société de location-gérance et que les choix faits par la société ne sont pas contraires à l’intérêt de l’entreprise. Deuxièmement, vérifier que l’obligation de mécénat est bien effective. Troisièmement, préparer la suite : que fait-t-on après 2025 ? Et sous quelle forme juridique ? ». Ce qui inquiète le Comité de pilotage, c’est que la société Mora, qui n’absolument pas la garantie d’être reconduite à la fin du contrat dans trois ans, semble très réticente à réaliser les investissements nécessaires à la pérennité de l’entreprise et refuse même de le faire tant qu’elle n’obtient pas cette garantie.
 
Un contrat à respecter
La première mission du Comité de pilotage est, donc, de veiller à la bonne application du contrat, « notamment la préservation, le bon fonctionnement et l’anticipation de l’adaptation de l’outil industriel dans l’exécution du contrat actuel, y compris concernant l’obsolescence du matériel et les normes qui vont s’imposer dans un contexte de plus en plus concurrentiel ». Gilles Simeoni pointe deux problématiques : « D’abord, l’obsolescence du matériel, il faut en renouveler une partie, mais la société ne veut pas investir tant qu’elle n’a pas la garantie de continuer à exploiter les Eaux. Ensuite, les nouvelles contraintes techniques. Par exemple, l’obligation du bouchon solidaire à partir de 2024. Si on ne s’organise pas pour avoir des bouchons solidaires, on ne pourra plus commercialiser ». S’y ajoute aussi l’obligation de bouteilles en PET plastique, un matériau entièrement recyclable, d’autant que le plastique capitalise le gros des ventes en Corse. Il faut se mettre à la page pour recycler, mais la société, aux dires du Comité, ne le fait pas non plus. Une clause du contrat prévoit sa résiliation, si la société met en danger l’entreprise, mais encore faudrait-il avoir une solution de rechange immédiate. « C’est une problématique aiguë et c’est bien qu’on y réfléchisse tous ensemble », poursuit le Président de l’Exécutif. La deuxième mission porte sur le mécénat et la distorsion entre les dires de la société et les dires des associations. La société a signé l’engagement de donner 130 000 € la première année et 100 000 € la seconde année pour les associations et le développement économique et social du territoire. La société affirme qu’elle a donné 130 000 € la première année et 80 000 € la seconde année et qu’elle a déjà engagé des sommes pour les années à venir. Les associations, qui étaient là, contestent absolument ces chiffres. « Nous allons vérifier que l’engagement de mécénat envers les associations pour le financement du développement économique, social et culturel du territoire soit respecté, vérifier que la lettre et l’esprit de cet engagement soient conformes aux attentes des acteurs du territoire Nous avons acté le principe d’une intervention de la collectivité, si les obligations ne sont pas respectées. C’est très important » précise Gilles Simeoni.
 
Un futur à imaginer
Le troisième objectif du Comité, et ce n’est pas le moindre, est de travailler à l’avenir des Eaux d’Orezza et à dessiner une perspective claire pour 2025 qui consisterait pour la Collectivité et le territoire à reprendre la main sur l’exploitation de l’eau pétillante. La collectivité a engagé des études juridiques, qui seront partagées au sein du Comité de pilotage sur ce qu’il est possible de faire à la fin du contrat. « Nous voulons regarder vers des formules innovantes ». Les salariés proposent une coopérative ouvrière, le président de l’Exécutif est prêt à en discuter, mais il a remis sur le tapis la SCIC, la société coopérative d’intérêt collectif. « C’est un modèle coopératif qui permet de fédérer l’ensemble des acteurs, y compris les personnes publiques, les salariés, les partenaires, les associations du territoire autour d’un projet collectif, économique et social, pour le territoire. Est-ce faisable ? Nous allons travailler dessus ». Le problème est que la société Mora n’a pas publié ses comptes, ce qui veut dire que le Comité de pilotage n’a aucune vision sur les bénéfices qu’elle dégage, ni sur la manière dont les prix sont établis. « Ce sont des enjeux importants ». Ces pistes, proposées par le président de l’Exécutif ont été actées à l’unanimité. Le comité de pilotage devrait se réunir trois ou quatre fois par an. La prochaine réunion est déjà programmée en février pour la restitution des études juridiques. À la sortie de la réunion, Gilles Simeoni ne cache pas sa satisfaction. « Nous avons clairement identifié un chemin, nous sommes tous d’accord sur la méthode et sur le point d’atterrissage idéal. Il y a un très bon esprit ».
 
N.M.

Installation du Comité de pilotage à Rapaghju.
Installation du Comité de pilotage à Rapaghju.