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La Corse, dernier espoir de survie pour la patelle géante


Thibaud KEREBEL le Lundi 13 Février 2023 à 18:27

La plateforme Stella Mare travaille actuellement sur la reproduction de la patelle géante, afin de réintroduire ce mollusque dans différentes aires marines de la Méditerranée, où l'espèce a quasiment disparu.



« Ce que l’on fait n’a pas une valeur économique, mais une valeur patrimoniale certaine. » L’objet de cette remarque, martelée par le président de l’université de Corse Dominique Federici, n’est autre qu’un mollusque présent autour de l’île, et actuellement menacé d'extinction. La patelle géante, dont on dénombre seulement 10 000 individus dans la réserve des Bouches de Bonifacio, jouit en effet d’un programme de protection et de restauration, mis en place par la plateforme Stella Mare, qui dépend conjointement de l’université et du CNRS. C’est pour présenter les premier résultats du projet qu’une conférence de presse a été donnée ce lundi 13 février, en présence de tous les acteurs impliqués.

« L’intérêt est purement écologique », abonde Jean-José Filippi, responsable du centre d’expérimentation. « On n’a pas de filière économique, on n’a pas d’intérêt pour la pêche derrière… Il est seulement question de sauver une espèce qui était présente à l’origine, et qui a totalement disparu maintenant. » La Corse est la seule région disposant encore d’une population de patelle géante, aussi réduite soit-elle. D’où l’intérêt de l’action de Stella Mare. « L’objectif, c’est de maîtriser la reproduction et de capitaliser là-dessus pour faire des transferts d’individus au sein de la Méditerranée. » D’autres aires marines, notamment en Italie, ont déjà fait savoir leur intérêt de réintroduire cette espèce dans le cadre d’un partenariat.

Valorisation de la Corse à l’international

Justement, en s’imposant comme un centre d’action scientifique en Méditerranée, la Corse a l’occasion de rayonner à l’international, en valorisant son savoir-faire de pointe. « Ça nous a pris du temps », reprend Jean-José Filippi. « Ça fait plus d’une dizaine d’années que la station Stella Mare travaille sur ces espèces. Maintenant, on monte en puissance. » Après toute la partie laboratoire, qui a déjà permis de d’obtenir 72 patelles juvéniles, le centre s’occupera ensuite du transfert en milieu marin, qui demande également des compétences techniques. Stella Mare est d’ailleurs l’un des seuls centres en Europe à procéder de la sorte, du début à la fin de la chaîne.

Mais à terme, que peut-on attendre d’un tel programme ? Outre le sauvetage d’une espèce menacée par la surpêche, la destruction de l’habitat et la pollution, les avancées pourraient permettre de réaliser un transfert de compétences. « Les résultats obtenus sur certaines espèces peuvent être capitalisés sur d’autres espèces », anticipe Jean-José Filippi. Les travaux réalisés sur la patelle géante serviront peut-être de base à d’autres plans de préservation à l’avenir.

Forcément, de telles compétences nécessitent des financements. Et à ce titre, une campagne de mécénat a été lancée à l’occasion de la conférence presse de ce lundi. Les fonds récoltés serviront notamment à mettre en place une opération de réintroduction des patelles géantes, ainsi qu’à créer un parcours pédagogique de sensibilisation pour le plus jeune public.