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Confinement en Corse : le cri de détresse des coachs sportifs face à une situation "absurde"


Pierre-Manuel Pescetti le Lundi 23 Novembre 2020 à 12:57

La tension s’accentue entre l’Etat et les coachs sportifs corses. Face à une situation qu’ils jugent incohérente et absurde ils prennent la parole pour dénoncer l’impossibilité de travailler ce sont aujourd’hui les coachs sportifs privés qui prennent la parole pour manifester leur colère.



Les cours théoriques et pratiques du BPJEPSE sont maintenus dans le respect des règles sanitaires.
Les cours théoriques et pratiques du BPJEPSE sont maintenus dans le respect des règles sanitaires.
Pourquoi fermer les petites salles privées et autoriser les formations rassemblant parfois des dizaines de personnes ? Face à l'absurdité de la situation les coachs sportifs s'interrogent. En effet dans leur domaine certaines activités sont maintenues. C’est notamment le cas de la formation des futurs coachs dans le cadre du brevet d’Etat BPJEPSE (Brevet professionnel de la jeunesse, de l’éducation populaire et du sport) qui allie théorie et pratique sportive. « Pourquoi interdire d’un côté toute pratique sportive privée dans des lieux sécurisés sanitairement et de l’autre, autoriser l’activité physique dans le cadre d’une formation qui peut regrouper plusieurs personnes ? ».
C’est la question que se pose Paul Luccacci, formateur pour le BPJESPE et coach privé, qui bénéficie de la double casquette. L’absurdité de cette situation, c’est en tout cas ce qu’il dénonce tout en avertissant que les indépendants que sont les coachs sportifs sont en train de mourir à petit feu.


Deux poids deux mesures pour la même activité : l’absurdité de la
situation

« Je ne comprends pas pourquoi je peux enseigner en toute légalité aux futurs coachs mais d’un autre côté je ne suis pas autorisé à travailler dans ma structure privée avec un seul client à la fois » s’offusque Paul Luccacci.
Cette formation du BPJEPSE qu’il dispense compte environ une quinzaine d’élèves répartis en fonction de l’espace disponible pendant les cours pratiques. Dans un même temps, il lui est interdit de recevoir ne serait-ce qu’une personne pour exercer son activité privée dans sa salle de 70 mètres carrés équipée et nettoyée régulièrement pour protéger ses clients. Face une situation qu’il juge être une aberration, Paul Luccacci demande à ce que les mesures qui sont appliquées lors de cette formation le soient aussi pour les structures privées, leur permettant de recevoir à nouveau leurs clients : « si on parle de sécurité sanitaire, les petites structures sont en capacité d’assurer une protection maximale. Nous nous sommes tous équipés pour cela et notre flux de clients est contrôlé puisque nous recevons sur réservation et que nous faisons souvent du cas par cas. C’est incompréhensible qu’on ne puisse pas exercer la même activité dans nos salles privées pour nos clients particuliers alors que c’est fait pour le BPJEPSE».


Le sport, une activité essentielle pour lutter contre la Covid-19
Condamnés à fermer leurs salles et à ne plus visiter leurs clients depuis le 30 octobre dernier, le cri de détresse de ces travailleurs indépendants dépasse les frontières de leur seul intérêt personnel et financier car ils se considèrent comme indispensables à la lutte contre la covid-19. Participer à « l’effort de guerre » c’est ici la mission qu’on leur refuse. Pourtant le sport est selon Paul Luccacci, plus qu’un loisir, une nécessité qui permet de maintenir en forme le personnel soignant, d’évacuer le stress mais aussi de traiter le surpoids, le diabète, les hernies et problèmes de dos, le suivi post-opératoire et bien d’autres soucis qui touchent l’ensemble de la population au quotidien et ce, depuis bien avant l’apparition de la Covid-19 : « nous sommes harcelés par nos clients qui veulent à tout prix reprendre les coachings car cela leur permet de se soigner et d’améliorer leur bien-être». En cette période compliquée, l’activité sportive apparaît comme une nécessité et c’est cette considération que recherchent Paul Luccacci et ses confrères : être considérées comme des acteurs nécessaires de la lutte contre l’épidémie de Covid-19 et faire partie des activités jugées essentielles par le gouvernement.


Des coachs à l’agonie
Pour ces indépendants la situation est critique. En plus de connaître une perte totale de leur chiffre d’affaire tout en étant obligés de poursuivre les paiements des charges comme le loyer et l’URSSAF, ils ne peuvent pas souscrire au chômage. Cette double peine jette encore un peu plus d’huile sur le feu pour ces coachs sportifs qui se considèrent comme « victimes de décisions incohérentes qui les mettent en danger ». La reprise estivale leur a à peine permis de se remettre sur pied car cette saison est d’ordinaire la plus faible en termes de travail. Malgré une reprise encourageante au mois de septembre, le couperet est tombé avec ce deuxième confinement, laissant les coachs sportifs sans possibilité de repli. Paul Luccacci parle d’une activité au point mort qui met en danger l’ensemble de la profession : « un coach qui faisait entre 15 et 20 heures par semaine se retrouve à zéro. La situation est critique et à un moment donné cela va devenir périlleux car les gens pourraient avoir des comportements dangereux le jour où ils ne pourront plus se nourrir grâce à leur travail ».

Création et première réunion de l’Union Corse des éducateurs sportifs et des activités de la forme
Afin de donner plus de force à leur protestation, ils ont décidé de créer une structure associative nommée Union Corse des éducateurs sportifs et des activités de la forme. Cette association se réunira pour la première fois ce samedi 21 novembre à 15h au siège du comité Corse de Rugby à Lucciana. Le but de cette réunion est de faire un point sur la situation générale et au cas par cas pour envisager des actions et des solutions cohérentes qui seront transmises au préfet, à l’Agence de Développement Economique de la Corse (ADEC) et à son président Jean-Christophe Angelini qui est pour Paul Luccacci « le seul à avoir vraiment accompagné la profession depuis le premier confinement ».

Les coachs sportifs se joignent donc au mouvement de contestation des activités jugées « non essentielles » par l’Etat. Pour eux, il est vital de faire bouger les lignes et ne pas condamner une profession déjà mise à mal pendant le premier confinement.