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Travailler pendant le Covid-19. Le témoignage d'Olga, caissière à Bastia "Tous les matins au travail je pointe avec la boule au ventre"


Livia Santana le Samedi 11 Avril 2020 à 18:37

Pas de confinement pour Olga caissière dans un supermarché de Bastia. Depuis le début de l'épidémie, son quotidien a été bouleversé.
Elle se confie pour CNI.



Travailler pendant le Covid-19. Le témoignage d'Olga, caissière à Bastia "Tous les matins au travail je pointe avec la boule au ventre"
Depuis le début de la propagation du Covid-19, le quotidien d'Olga 51 ans s'est transformé. En 31 ans de bons et loyaux services en tant que caissière dans un supermarché de Bastia elle n'a "jamais vécu une telle situation, un climat si anxiogène".

Même si la direction a mis à disposition des salariés de l'enseigne de très bonnes protections, Olga n'est pas sereine : "Tous les matins en arrivant au travail quand je pointe mon badge, j'ai la boule au ventre". Si elle est effrayée c'est parce qu'en rentrant du travail elle retrouve son compagnon et son fils de 22 ans : "Tous les soirs j'ai peur de leur ramener le virus mais eux, c'est pour moi qu'ils s'inquiètent. Mon fils qui habituellement s'en fiche de tout me dit souvent de faire attention." 

Ce climat de tension était déjà apparu pendant l'été 2015 après les attentats : "les touristes laissaient leurs sacs devant l'entrée, avec mes collègues on avait un peu peur  mais ce n'était rien comparé à maintenant. Le virus est de partout et invisible, on se sent vulnérables."


Des clients qui ne respectent pas les règles 

Une peur rationnelle puisqu'au magasin de nombreux clients ne respectent pas les règles : "Beaucoup de personnes prennent le confinement à la légère."  En caisse certains s'approchent d'elle, d'autres viennent trois à quatre fois par jour faire leurs courses : "J'ai remarqué que souvent ce sont les personnes âgées isolées qui passent leur temps au supermarché. Ça leur fait du bien de voir du monde et de parler mais elles ne comprennent pas que pour elles et pour nous il faut qu'elles restent à la maison."  

Toutefois la grande majorité des gens est "plus compréhensive qu'avant" notamment lorsqu'il faut attendre pour pouvoir rentrer dans le magasin qui ne peut recevoir que 50 personnes à la fois. Rarement mais c'est arrivé, la caissière a même reçu des remerciements "cela fait plaisir et ça nous donne envie de nous lever le matin", commente-t-elle. 


"Au moins ici je suis utile" 

Quand Olga arrive au travail elle ressent toujours un peu d'appréhension "Je ne sais pas comment la journée va se passer, peut-être qu'une personne porteuse du virus viendra à ma caisse." Mais une fois qu'elle rejoint son poste de travail et ses collègues c'est ici qu'elle "se sent utile". Le fait d'être sur le terrain et de "vivre la situation" l'empêche de ressentir le doute et l'angoisse.  La caissière reste tout de même positive : "On garde le sourire et on tient le coup, heureusement qu'il nous reste ça."