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"Cette fonction était une conviction, c'est devenu un sacerdoce" : les maires unis après la tentative d'attentat à Afa


Naël Makhzoum le Samedi 25 Mars 2023 à 12:53

Suite à la tentative d'attentat qui a visé la mairie d'Afa, dans la nuit du mercredi 22 au jeudi 23 mars, les maires de Corse-du-Sud apportent un soutien unanime et se posent beaucoup de questions.



Jean-Jacques Ciccolini, maire de Cozzano et président de l'association des maires de Corse-du-Sud : "Je veux témoigner mon soutien le plus total et celui de l'ensemble des maires de notre département à tous ceux qui ont été touchés par cet acte. Pascal (Miniconi, le maire d'Afa) s'est interrogé sur son avenir en tant que maire et ça nous touche tous. Ce qu'on a ciblé est, à côté de l'Église et de l'école, la casa cumuna, et c'est quelque chose d'innommable. Pascal est peut-être l'un des meilleurs d'entre nous. Ce n'est pas par hasard qu'on vise les mairies à l'heure du processus avec l'État, c'est extrêmement négatif."

Stéphane Sbraggia, maire d'Ajaccio : "C'est la deuxième fois sur notre territoire communautaire que nous nous rassemblons pour nous hisser face à cette violence nocturne qui vient frapper aux portes du premier rempart démocratique qu'est la mairie, dans une totale incompréhension. Pascal Miniconi est un maire engagé depuis 46 ans... Cette fonction relevait au départ de la conviction, c'est devenu un sacerdoce et aujourd'hui, ça pourrait presque relever d'une forme de masochisme. Il est difficile voire même périlleux d'assumer ces responsabilités dans un flou où personne ne comprend qu'on s'attaque de la sorte à la commune. 
Quelles que soient les situations de territoire, la violence n'est jamais une manière d'exprimer un point de vue. Nous sommes dans un pays où il y a des outils pour exprimer des engagements politiques. Si on n'est pas d'accord avec le maire, le suffrage universel le sanctionne. Si on commence à créer des parallèles avec de l'intimidation, de la peur, de la violence dans une société déjà troublée et en manque de repères, parfois dans le déni, ça devient compliqué. Beaucoup de personnes vont renoncer à exercer ce genre de mandants car ça devient périlleux.
C'est un signal qui doit être bien compris : nous sommes des représentants du peuple. Pour ceux qui font le choix d'un engagement, il ne faut pas que ce rempart commence à lâcher. Il faut vraiment faire preuve de solidarité active."

"Des choses restent inexplicables et insoutenables"

Xavier Lacombe, maire de Peri : "Tout le monde ici est rassemblé en soutien à la municipalité, au maire Ange-Pascal Miniconi, son conseil municipal mais aussi toute une communauté et très sincèrement, toute la Corse. On ne peut pas être insensible. Vous imaginez ? Aujourd'hui, une casa cumuna incendiée, fait l'objet d'une tentative d'attentat. Évidemment, ça interpelle tout le monde. Mais je pense que la population exprime un véritable sentiment d'inquiétude. Je crois qu'au bout de certains raisonnements, des choses restent inexplicables et insoutenables."

Jean-Christophe Angelini, maire de Porto-Vecchio : "Il faut montrer un soutien unanime, dans la diversité des convictions des élus, des maires, conseillers municipaux et plus généralement, de la population. Aujourd'hui, les habitants et les maires du territoire ont répondu en très grand nombre. C'est le plus clair des messages, sans réserve ni ambigüité : la violence en général, et particulièrement quand elle est dirigée contre des sanctuaires de la démocratie locale, n'a aucun avenir.
On se pose toutes et tous beaucoup de questions, on ne comprend pas. C'est une mairie de notoriété publique dirigée de manière équitable, démocratique, transparente, qui inclut en son sein toutes les sensibilités politiques. Nous en appelons à un sursaut, une prise de conscience et une responsabilisation générale. Je crois qu'aujourd'hui, sur fond d'interrogations, il y a aussi de réelles craintes et inquiétudes. Il faut qu'on les dissipe démocratiquement par la mobilisation et le dialogue.
Il ne reste plus beaucoup d'élus qui ont à leur actif un demi-siècle d'engagement public dans une même commune au service d'une même communauté. Ces femmes et hommes qui se battent inlassablement depuis des décennies comme Pascal, méritent le respect et en aucun cas ce genre d'attitude. C'est doublement injuste, au plan personnel au regard de l'homme, et au plan politique et symbolique au regard de ce qu'est pour les Corses a casa cumuna."