Corse Net Infos - Pure player corse

De Folelli à l'Ukraine : le docteur Taras Pankevych part se mettre au service de son pays


S. L. le Dimanche 27 Février 2022 à 19:01

Le 24 février la Russie attaque l'Ukraine et laisse perplexe la communauté internationale. Le docteur Taras Pierre Pankevych installé en Corse où il exerce à Folelli (Penta-di-Casinca) depuis mai 2010, nous livre sa réflexion sur la guerre en Ukraine où il part, sans attendre, se mettre à la disposition de son pays.



Taras Pankevych
Taras Pankevych


- Comment vous êtes vous installé en Corse ?
J'ai poursuivi des études de médecine à Lviv en Ukraine, une ville qui se trouve à 70 km de la Pologne. Puis, j'ai fait mon internat à Moscou quand nous étions toujours en Union Soviétique, où j'étais médecin et lieutenant des forces médicales militaires. Pour certaines raisons, j'ai quitté mon pays pour la France et je me suis engagé à la Légion Etrangère. J’ai fait mon service dans la compagnie d'infanterie à Orange. A la fin de non contrat militaire, j'ai quitté la Légion et j’ai repris des études de médecine à la faculté de Marseille en travaillant parallèlement comme infirmier des hôpitaux. A la fin des études, j’ai fait mon internat à la faculté de Nice et au centre hospitalier de  Bastia, puis, en 2010, je me suis installé en Corse.


- Votre sentiment sur la guerre en Ukraine ?
- Je suis en état de choc.Aujourd'hui, je pleure pour mon pays, l'Ukraine.. Dans ma vie de médecin, j'ai vu beaucoup de choses difficiles, mais ce qui se passe en Ukraine ce n'est pas la guerre, quand je pense aux soldats morts sur l'Ile des Serpents, 13 hommes contre un navire de guerre Russe. C'est un massacre, un crime contre l'humanité. Si Poutine bouffe l'Ukraine, il bouffera tout le monde. Il avance pas à pas, toutes ses négociations c'était à mon avis, du théâtre. Il savait qu’il allait déclarer la guerre. Sa finalité est de diriger le monde. Hitler et Poutine, il n'y a aucune différence. A l’époque aussi, personne ne croyait à la guerre avec Hitler mais ce monstre pourtant il a fait ce qu’il avait pensé depuis longtemps. Le mal doit être détruit, on ne négocie pas avec le mal. Je crois que Poutine ne prendra pas l'Ukraine, je connais mon peuple. Nous subissons une grande épreuve, nous avons du courage et nous nous défendrons au nom de la liberté. La liberté est un mot, et on peut en parler à tous les niveaux. Moi, je pense que la liberté ce n'est pas l'anarchie, on ne peut pas faire ce qui nous passe par la tête, car l'homme est une espèce sociale, ce n'est pas une espèce sauvage. Aime ton prochain, comme toi-même est sans doute la plus belle définition de la liberté.


- Un prochain départ pour l'Ukraine?
- Je pars en Ukraine. J'ai averti mes patients que je serai absent. Je pars pour faire un hôpital de campagne, je n'en dirais pas plus, j’ai prévenu la Croix Rouge Française, et mes amis médecins. Je ne donnerais pas plus d’informations, car même WhatsApp est contrôlé par la Russie. Il y a beaucoup de blessés, des civils, des soldats , les soldats Russes aussi, car ils sont abandonnés par la Russie. Poutine ne parle pas de ses pertes humaines. Je ne sais pas combien de temps je resterais là-bas. C'est maintenant que l'Ukraine a besoin d'aide humaine, financière et militaire. Mon pays a besoin de moi, je dois y aller. Et puis, quelle image je donne à mes enfants, si je ne pars pas rejoindre ma terre natale  alors qu'elle  crie à l’aide.


- Vous êtes déterminé ?
- Je suis prêt à tout donner pour ma terre, même la vie. Un guerrier marche toujours avec sa mort à côté, c'est justement de cela qu'il tire sa force. Être courageux et ne pas avoir peur, ce n'est pas la même chose. Être courageux, c'est avoir une force spirituelle, être courageux c'est vivre même avec la peur. Moi, j'ai peur et je ne peux plus dormir, car en partant je sais que peut-être je ne verrais plus ma famille qui comprend que c'est le moment où tout compte : chaque homme, chaque fusil. J'ai expliqué à mes enfants, j'ai dit à mon fils aîné quel sens de la vie il doit choisir, si toutefois je ne reviens pas. Qu'il cherche la volonté de Dieu en lui, chacun doit être grand en sa place.