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Du ciment dans une vasque de la Richjusa : de possibles sanctions pour les entreprises de canyoning


Pierre-Manuel Pescetti le Lundi 8 Août 2022 à 18:40

Deux jours après la découverte de "bouchons" de ciment, de résine et de cailloux dans le cours d'eau de la Richjusa, à Bocognano, la pression est retombée entre les professionnels du canyoning et les habitants. Des sanctions pourraient toutefois être prises contre les professionnels.



Chaque jour dans le canyon de la Richjusa, 264 personnes maximum, sans compter les guides, peuvent descendre le cours d'eau. Archives CNI
Chaque jour dans le canyon de la Richjusa, 264 personnes maximum, sans compter les guides, peuvent descendre le cours d'eau. Archives CNI
Samedi 6 août 2022, des habitants de Bocognano découvraient des "barrages" artificiels faits de ciment, de résine et de cailloux dans la rivière de la Richjusa à proximité du village. L'édifice, illégal, avait été mis en place par des entreprises de canyoning qui exploitent légalement le cours d'eau. Le motif ? Relever le niveau d'eau d'un ou plusieurs bassins pour assurer la sécurité des usagers. L'information s'est répandue comme une traînée de poudre sur toute l'île.

Dès le lendemain, dimanche 7 août, le collectif A Richjusa in periculu créé la veille organisait un rassemblement in situ pour exprimer son mécontentement. « Il s'agissait surtout de faire pression pour que les entreprises enlèvent les ouvrages », confie un membre du collectif. Ce serait chose faite. C'est en tout cas ce qu'ont assuré les entreprises de canyoning présentes au rassemblement pendant lequel un dialogue a pu s'engager entre les parties.

Ça passe pour cette fois

Cependant, l'action reste illégale et des sanctions peuvent être prises à l'encontre des professionnels. La modification des cours d'eau par les professionnels du canyoning est très encadrée en Corse-du-Sud depuis l'arrêté préfectoral du 26 juillet 2011 qui interdit de « porter atteinte ou modifier les aménagements en place ».

Du côté de la préfecture de Corse-du-Sud, justement, on l'assure, « des contrôles seront effectués par la police de l'eau et les agents de l'Office Français de la Biodiversité pour vérifier que tout a été remis en état sur les tronçons concernés ».

Si ce genre d'ouvrages peuvent être autorisés après avoir fait une demande particulière, des études spécifiques, et avoir été validés par les services de l'Etat, dans le cas de Richjusa, rien n'avait été fait. « Si tout a été remis en état, il ne devrait pas y avoir de sanctions », confie-t-on à la préfecture.

Dans le collectif A Richjusa in periculu, l'état d'esprit est également celui de l'apaisement. « Nous ne porterons pas plainte contre les entreprises. Notre seule ambition est plutôt de veiller à ce que les règles soient respectées », explique un membre du collectif.

La mairie se garde le droit de prendre des mesures

Le canyon de la Richjusa est le seul de Corse à être sous la responsabilité d'une gestion communale. La mairie de Bocognano définit les règles d'exploitation et lance ensuite les appels d'offre pour choisir les entreprises de canyoning. Si pour le maire, Achille Martinetti, le dialogue a été bénéfique pour apaiser la situation, « il y aura des conséquences car un tel acte n’est pas normal ». De la simple obligation de nettoyer à la sanction financière en passant par la dénonciation du contrat d’exploitation entre la mairie et les entreprises concernées.