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Plan Salvezza e Rilanciu : « On ne peut pas dire que la Collectivité de Corse refuse de dialoguer avec l’Etat ! »


Julia Sereni le Vendredi 29 Janvier 2021 à 18:16

Au deuxième jour de session de l’Assemblée de Corse, l'Exécutif territorial a, comme il s'y était engagé, dressé un premier point d'étape sur la mise en œuvre du volet Salvezza du plan Salvezza e Rilanciu. Un point sur les mesures déjà lancées et une nouvelle charge contre ce qu’il considère comme un désengagement de l’État. Le président de l’Exécutif, Gilles Simeoni, a, néanmoins, comme à son habitude, réaffirmé sa volonté de dialogue.



Après le vote, le 27 novembre dernier par l'Assemblée de Corse, du plan Salvezza, premier volet du plan Salvezza e Rilanciu concocté par l'Exécutif territorial pour trouver une réponse à la crise sanitaire, économique et sociale qui perdure depuis près d'un an, un premier point d’étape était prévu pour ce début d'année. C’est la conseillère exécutive et présidente de l'Agence du tourisme de la Corse (ATC), Marie-Antoinette Maupertuis, qui s’est livrée à l’exercice, vendredi matin dans l'hémicycle. En rappelant, d'abord, la genèse et les principes de base qui ont conduit à l'élaboration du plan : « L'Exécutif a mis en place une coordination très resserrée avec l’ensemble des professionnels et recherché les voies de dialogue avec l’État... Le volet Salvezza est composé de plusieurs blocs de mesures, dont une partie a été rédigée en accord avec les socio-professionnels, en matière d’exonérations de charges, de modification de la fiscalité, de bonifications, notamment du PGE (Prêt garanti par l'Etat) ».
 
Des mesures de court termes déjà lancées
 Avant de rentrer dans le vif du sujet : « À ce jour, l’ensemble des mesures a bien avancé » estime t-elle, égrenant les différents dispositifs. Par exemple, le financement du volet 2 du Fonds national de solidarité à hauteur de 2 millions d’euros, l’ouverture, le 25 janvier dernier, du portail en ligne de demande d’aide, la dotation d’outils numériques pour les plus démunis, les mesures de sauvegarde de l’activité agricole lancées par l’ODARC, ou encore l'ouverture début février du Corsican Business Act dont l’objectif est de faciliter l’accès des entreprises à la commande publique. Sur le tourisme, la président de l’ATC regrette que deux mesures prévues aient été retoquées par l’Etat : le CDI saisonnier « qui permettait au salarié d’avoir une stabilisation et une formation » et la demande d’adaptation législative permettant à la Corse de lutter contre la location informelle. L'idée est d'obtenir le même statut que les capitales et les grandes agglomérations françaises et européennes avec l'obligation pour les meublés de tourisme de demander un permis de louer.
 
Du bon sens et des sornettes
Un premier bilan jugé satisfaisant par la conseillère territoriale du groupe Partitu di a Nazione Corsa (PNC) Mattea Casalta : « Nous pouvons nous réjouir de la mise en place rapide et effective d’une partie des mesures votées, mais les efforts doivent être soutenus. La population est en attente d’un rayon de soleil dans un tunnel d’angoisse ». L’élue autonomiste déplore le désengagement de l’État : « Le plan engage la Collectivité de Corse à hauteur de 100 millions d’euros, nous escomptions un investissement à hauteur de 300 millions de la part de l’État. Or, le compte n’y est pas ! ». Une analyse développée par le conseiller exécutif et président de l’Agence de développement économique de la Corse (ADEC), Jean-Christophe Angelini, qui note deux points de désaccord avec l’État : « Le premier porte sur le constat : dire que l’économie corse se porte mieux n’est clairement pas vrai ! ». La deuxième difficulté concerne l’articulation des volumes de financement. « Ce n’est pas une question idéologique, c’est une question de bon sens. Raconter que les indicateurs sont au vert alors qu’ils sont au rouge, c’est des sornettes ! » lance le maire de Porto-Vecchio. Peu de critique de l'opposition, mais des divergences dans l'appréciation de l'action de l'Etat. Pour François-Xavier Ceccoli, élu du groupe « La Corse dans la République », l'Etat a fait de son mieux : « Aujourd’hui en Corse, sans le PGE (Prêt garanti par l'Etat) et l’activité partielle, le désastre aurait été absolu. Ces deux mesures montrent l’effort fait pour tenir compte de ce que notre île vit ».
 
Un malentendu énorme
Le président de l’Exécutif, qui s'est déjà beaucoup exprimé sur ce sujet des relations avec l’Etat, y revient à l’occasion du débat suivant sur les orientations budgétaires pour 2021. « Nous ne sommes pas dans une approche idéologique ou de rapports de force » explique t-il. Désireux de « purger un malentendu énorme », il met les points sur les « i » : « On ne peut pas dire que la Collectivité de Corse refuse de dialoguer avec l’Etat ! ». Sur les quelque 100 millions d'euros déployés en Corse dans le cadre du plan France Relance, Gilles Simeoni interroge : « Est-ce que cela peut nous satisfaire ? ». Il note un « problème sur le quantum » de cette somme : « Sur un plan national à 100 milliards d’euros, cela fait un ratio de 0,1% ». Pointant, par ailleurs, un problème de structure de l’aide et des mesures saupoudrage, il assure néanmoins de sa volonté de dialogue : « Que le représentant de l’État et le gouvernement soient prêts à ouvrir cette discussion » conclut-il. A bon entendeur...