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​Pollution des navires : une table ronde à Ajaccio pour la création d’un comité de pilotage


Philippe Peraut le Samedi 5 Octobre 2019 à 07:16

Les différents acteurs institutionnels et privés concernés par la pollution des navires se sont retrouvés ce vendredi en Préfecture pour une réunion dont l’objectif consistait à évoquer la mise en place prochaine d’un groupe de travail chargé de définir les différentes modalités de lutte contre la pollution des paquebots en escale. Des premières mesures sont attendues pour la fin de l’année.



Lutter ensemble contre la pollution d’une manière générale, et plus particulièrement celle générée par les navires dans le port d’Ajaccio, était l’objectif poursuivi par une vingtaine d’acteurs qui se sont retrouvés ce vendredi 4 octobre dans la salle Claude Erignac en Préfecture.
Autour de Josiane Chevalier, Préfète de Corse, Jean Biancucci, représentant de l’Agence de l’Urbanisme et représentant Gilles Simeoni, président de l’Exécutif de Corse, Laurent Marcangeli maire d’Ajaccio, Paul Marcaggi, président de la CCI2A, Patrick Bressot, Directeur Régional d’EDF, les responsables des trois compagnies maritimes régionales  (Pierre Mattei, Directeur de la Corsica Ferries, Alain Mistre, Directeur des opérations à la Corsica Linéa et Marc  Reverchon, Président de la CMN).
Il a été question de répondre à la sollicitation de Laurent Marcangeli, qui face à la pollution sévissant dans le port d’Ajaccio, avait sollicité la CCI2A, les services de l’Etat et de la CdC en juin dernier. « La pollution ne relève certes pas de ma compétence, explique-t-il, néanmoins tout ce qui touche à la santé publique et notamment les effets de cette pollution sur la population est très grave et important. Il est de notre devoir de trouver des solutions. »

Une co-construction entre tous les acteurs concernés
Même si ces dernières vont s’étaler, entre les immédiates et celles qui nécessitent un travail technique et un investissement lourd importants, il a été surtout question d’évoquer la création d’un groupe de travail réunissant les différentes composantes impliquées dans cette démarche. À charge, pour ce groupe, de proposer des solutions. « C’est un travail de longue haleine, rappelle Jean Biancucci, dans la perspective de la transition énergétique, il est nécessaire d’avoir une démarche cohérente dans chacun des secteurs concernés. Le dossier avance mais en matière de pollution, il y a celle qui est visible et celle qui ne l’est pas notamment les émissions de particules. »
Tour à tour, trois des responsables des compagnies maritimes ont pris ensuite la parole. Pour Pierre Mattei, il s’agit « de la transition environnementale et nous y sommes engagés depuis déjà quelques temps. Dès que les quais seront équipés en alimentation électrique, nous équiperons nos navires. Mais personne ne doit travailler seul. C’est une co-construction entre tous les acteurs concernés. »


Autre point de vue, celui de Marc Reverchon, président de la CMN : « Le gaz naturel liquéfié pourrait être une solution provisoire en Corse avant la mise en place de systèmes électriques. Pour ce qui est des particules, on a des solutions notamment un traitement par des additifs aux actions chimiques pour réduire ces particules fines. »
Enfin, et pour le compte de la Corsica Linéa, Alain Mistre a rappelé « un plan d’action environnemental. Nous espérons avoir deux bateaux connectables d’ici janvier. Un nouveau  navire au gaz naturel liquéfié sera livré début 2022. Nous nous inscrivons pleinement dans cette démarche. »

Vers un classement de la Méditerranée en zone ECA ?
Une démarche au sein de laquelle l’EDF s’implique également. « Il y aura des mesures rapides, précise son directeur régional Patrick Bressot, le raccordement électrique à quai est une solution. » Il faudra pourtant que la puissance de la future centrale soit suffisante et que les bateaux soient tous équipés du branchement spécifique. En attendant, une autre solution, celle de l’installation de scrubbers (tours de lavage des fumées) pourrait aussi être envisagée mais le procédé est particulièrement couteux. Car le gros problème, aujourd’hui, en matière de pollution vient bien de la teneur en soufre du carburant des bateaux. Une réglementation à l’échelle mondiale le fera passer de 3,5% à 0,5% en 2020. L’obtention du classement de la Méditerranée en zone ECA (réglementation des émissions de polluants) permettrait d’obtenir un taux de 0,1%. Par ailleurs, l’utilisation de gaz naturel liquéfié constitue aussi une alternative.
Quoiqu’il en soit, et si l’ensemble de ces dispositifs ont été évoqués, rien n’a pour autant été acté, l’objectif de cette table ronde étant la création d’un groupe de travail. Pour autant, et à l’initiative de la CC12A, plusieurs mesures ont été proposées :
-À très court terme (1er trimestre 2020) : aider les compagnies à passer en carburant (diesel marin) avec une teneur en soufre inférieure à 0,1%, ralentir la vitesse dans ces zones et une politique tarifaire avec système de bonus et malus.
-À court terme (courant 2020) : alimentation en électricité à quai par groupes électrogènes
À moyen terme (juin 2021) : déploiement de l’électrification des postes à quai des ports corses, transfert de dépotage d’hydrocarbures liquides à l’ouest du Ricanto par un poste d’amarrage sur coffres (2022)
-À long terme (2023-2024) : transfert de dépotage par plate-forme gravitaire pouvant dépoter également du GNL.
Le plan d’engagement de chacun des acteurs concernés par ce dispositif sera connu d’ici la fin de l’année.