Corse Net Infos - Pure player corse

Le street artiste Philippe Echaroux donne un visage à la tour génoise d'Erbalunga


Pierre-Manuel Pescetti le Dimanche 12 Septembre 2021 à 18:33

Fin août, le street artiste connu internationalement Philippe Echaroux a posé ses projecteurs entre Bastia et Erbalunga. Juste le temps de projeter le visage de sa grand-mère d'origine corse sur la tour génoise d'Erbalunga et d'illuminer le bord de mer bastiais grâce à ses œuvres éphémères. Un travail dans l'obscurité, presque passé inaperçu, dévoilé aujourd'hui.



La projection sur la tour d'Erbalunga. Crédits Photo : Philippe Echaroux
La projection sur la tour d'Erbalunga. Crédits Photo : Philippe Echaroux
Vestige des temps anciens, témoignages de l’histoire insulaire, les tours génoises qui bordent les côtes corses semblent parfois vivantes. Endormies mais vivantes. Et si, pour une fois, elles avaient un visage bien humain ? Une tâche à laquelle s’est attelé l’artiste marseillais internationalement connu Philippe Echaroux. Le 21 août dernier, il projetait le visage de sa grand-mère corse, « Mémé Fabrizi » sur la façade de la tour génoise d’Erbalunga. Un hommage qu’il réalise dans le monde entier et qu’il lui tenait à cœur de rendre sur l’île de ses aïeux. C’est maintenant chose faite avec en prime la reconnaissance de la grand-mère qui s'est dite très flattée. 

Bastia, muse nocturne de l’artiste

Deux immenses graffs de lumière ont ensuite été projetés de manière éphémère à Bastia, le 22 août, sur la jetée du Dragon pour l'un et sur l'Aldilonda pour l'autre. Le graff de lumière apparu sur la jetée du Dragon, « Ceci est clairement une phrase lumineuse », est un clin d'œil humoristique de l'artiste à cet endroit dont il voulait capter la quiétude et la beauté. Le second graff de lumière, apparu sur l'Aldilonda est issu d'un travail de réflexion croisé et d'une discussion avec l'écrivain Daniel Pennac. Discussion durant laquelle les deux hommes se sont mis d'accord sur un point : « Si vous voulez vraiment rêver, réveillez-vous ».
 
La projection sur la jetée du Dragon du Vieux-Port de Bastia. Crédits Photo : Philippe Echaroux
La projection sur la jetée du Dragon du Vieux-Port de Bastia. Crédits Photo : Philippe Echaroux

Ephémère et urbain

Deux jours de repérage et deux soirées de projection et de capture d'image ont été nécessaires à ces créations. « Un pur plaisir de créer à Bastia et Erbalunga qui sont si authentiques et pittoresques »  insiste l’artiste.  Il va d’abord parcourir la ville à pied et imaginer où il pourrait projeter ses visages et ses graffs de lumière. La nuit venue, il place son matériel, projette sur les supports choisis durant la journée, et la magie opère, ou pas. Si c’est le cas, il s’attelle alors aux réglages qui marieront parfaitement le support et le sujet projeté. Une fois que tout est parfait, il immortalise la performance artistique en la capturant en une photo « en pause longue ».

La projection ne dure qu'une quinzaine de minutes, le temps pour l'artiste de réaliser ses photos. Puis tout disparaît dans la nuit. Un caractère éphémère, sans autorisation de la ville, cher au courant de l'art urbain. Avec une différence dans le travail de Philippe Echaroux : rien n'est sali ou dégradé. « Sa démarche est aussi de ne déranger personne » explique Christophe Rioli, son galériste et agent, qui lui aussi est lié à Bastia. Bien qu'il possède une galerie d'art parisienne, le passionné d'art est originaire et vit à Bastia. Le temps de quelques jours il a servi de guide à l'artiste pour qu'il puisse exprimer sa créativité dans les plus lieux bastiais. 
La projection sur l'Aldilonda. Crédits Photo : Philippe Echaroux
La projection sur l'Aldilonda. Crédits Photo : Philippe Echaroux

Philippe Echaroux et le street art 2.0

L’artiste est né à Marseille en 1983. Il se définit comme « street-artiste-photographe » et est « précurseur du Street Art 2.0 » explique Christophe Rioli. Un Street-Art doux par la forme via la projection lumineuse, mais fort et impactant dans les messages qu’il exprime.

Très attaché à l’écologie, il ne laisse aucune trace et ne dégrade jamais son environnement. À contre-courant des stéréotypes véhiculés sur les artistes urbains. « J’ai voulu créer ma propre façon de faire du Street Art, il y a déjà des artistes qui utilisent les bombes de peinture ou les collages de manière extraordinaire, je suis donc parti de l’outil que je maîtrise le mieux en tant que photographe : la lumière » explique Philippe Echaroux.

Fin 2020 c’est la consécration pour l’artiste. Il effectue une exposition officielle sous l’égide du ministère de la culture avec 13 œuvres monumentales exposées dans les jardins du musée du Quai Branly Jacques Chirac à Paris. Exposer en Corse était une première pour le jeune artiste, et peut être pas une dernière.