Corse Net Infos - Pure player corse

Edouard Philippe à Ajaccio : "Prendre en compte la spécificité de la Corse, oui, mais jusqu’où ?"


Philippe Peraut le Mercredi 16 Février 2022 à 21:19

Après Bastia et l'Île Rousse, l’ancien Premier Ministre et actuel maire du Havre, Edouard Philippe, a poursuivi, mercredi 16 février à Ajaccio, l’installation des comités municipaux de son parti « Horizons ». Au Palais des Congrès, devant plus de 250 personnes, il a évoqué les grands axes de sa stratégie politique et électorale. Sans oublier la spécificité corse et la place qu’il entend lui accorder dans la politique qu’il pourrait mener en Méditerranée.



Edouard Philippe, ancien Premier Ministre, actuel maire du Havre et fondateur du parti Horizons. Photo Michel Luccioni
Edouard Philippe, ancien Premier Ministre, actuel maire du Havre et fondateur du parti Horizons. Photo Michel Luccioni
S’ils étaient une cinquantaine la veille à Bastia, c’est devant plus de 250 personnes qu’Edouard Philippe a pris la parole ce mercredi 16 février en fin de matinée dans la salle Sampiero du Palais des Congrès. Une salle comble où l’on notait la présence de la majorité municipale, d’élus de la CAPA de et nombreux sympathisants ou curieux, parmi lesquels des adhérents ajacciens du mouvement « Horizons ».
 
Le rôle central de la Méditerranée
En guise de préambule, le maire d’Ajaccio, Laurent Marcangeli, désormais référent régional du mouvement, a insisté sur les liens qu’il a tissé avec l’ancien Premier ministre et actuel maire du Havre : « Des idées, de la confiance et de l’humain. Depuis huit ans, je suis maire d’une ville qui n’a guère été trop maltraitée. Et si nous sommes aujourd’hui propriétaire de la Citadelle, on le doit beaucoup à Edouard Philippe qui, alors Premier Ministre, nous avait apporté son soutien. Sans lui, rien n’aurait été signé ».

De même, Antoine Maestrali, directeur de cabinet de Laurent Marcangeli, qui était lui aussi à Bastia, rappelle : « Le début d’une nouvelle aventure. On s’est rencontré lors des primaires de 2016, on a appris à se connaître. Edouard Philippe sait discuter, échanger, écouter et réfléchir. Sa qualité d’analyse est importante, il est le seul à évoquer la dette publique... ».

Lors de son allocution ajaccienne, l’ancien Premier Ministre et leader d’Horizons a réitéré les grands axes de sa stratégie qu’il avait déjà donnés à Bastia. « Autour d’une stratégie définie en amont et développée par le débat public », dit-il, il faut « une attitude à la hauteur des enjeux et l’importance des ressources humaines dans cette mise en œuvre ». Il va argumenter autour de nombreux thèmes, notamment la place de la Méditerranée et donc de la Corse dans la stratégie qu’il entend mener. « La sécurité, la prospérité, l’environnement, l’attractivité et bien d’autres aspects encore », précise-t-il, « dépendent de ce que deviendra la Méditerranée. D’où l’importance, bien sûr, de la Corse dans cette stratégie. L’idée de cette question n’a jamais été évoquée par personne ».
 
Spécificité corse... Mais pas autonomie
Concernant le devenir de l’île, Edouard Philippe accepte de parler de « spécificité » sans toutefois prononcer le mot d’autonomie. « De par sa situation géographique », argumente-t-il, « la Corse doit relever d’un régime juridique qui ne peut pas être celui du droit commun. Toutes les îles de Méditerranée ont une situation qui impose une spécificité dans l’organisation des pouvoirs et la façon de les mettre en œuvre. Reste à savoir jusqu’où va la spécificité. Il faut une décentralisation accentuée. C’est, du reste, ce qu’il se passe aujourd’hui. L’autonomie ? Je considère que les caractéristiques de la Corse, son côté insulaire et sa géographie montagneuse justifient un régime juridique et une répartition des compétences spécifiques. Est-ce que la répartition des compétences est aujourd’hui satisfaisante ? Aucune autre collectivité de l’Hexagone n’a autant de compétences que la Collectivité de Corse. Faut-il aller beaucoup plus loin ? La question n’est pas misérable. Compte tenu de la date récente de l’entrée en vigueur de cette nouvelle répartition, on pourrait se donner le temps de voir comment ça marche avant de se poser la question d’autres évolutions institutionnelles... ».
 

Eclairer sur la réalité corse

Edouard Philippe et Laurent Marcangeli dans les rues du centre-ville d'Ajaccio. Photo Michel Luccioni
Edouard Philippe et Laurent Marcangeli dans les rues du centre-ville d'Ajaccio. Photo Michel Luccioni

Si l’ancien Premier Ministre n’est pas venu faire campagne en faveur d’Emmanuel Macron, il confirme qu’il sera bien à ses côtés. « C’est au Président et à lui seul de dire s’il va se représenter. Je suis ici, avant tout pour installer le Comité d’Horizons. Mon objectif est d’expliquer ce que je veux faire, et dire ma loyauté complète à Emmanuel Macron. Son bilan est en large partie le mien, tout n’a pas été parfait. Le Président définira lui-même la ligne de sa campagne, et je serai à ses côtés »

En tant que référent du nouveau parti, Laurent Marcangeli en analyse, ensuite, les rouages. « Je suis là pour assurer un lien entre la Corse et les instances dirigeantes du parti en essayant de poser les sujets calmement, définir une stratégie pour la Corse, éclairer mes amis sur la réalité de ce qu’est la Corse aujourd’hui et nous projeter sur la Corse de demain pour trouver des solutions en matière d’emploi, de logement, de déchets, d’énergie... Et créer des comités de femmes et d’hommes qui ont envie de travailler sur ces thèmes. On en a déjà créé trois à Ajaccio, Bastia et Île Rousse. Il conviendra d’être patients et sereins sans bâcler les choses. Nommer les bonnes personnes et organiser les choses intelligemment ». 

Après avoir répondu à des questions posées par des personnes présentes et s’être livré à quelques selfies avec des admirateurs, Edouard Philippe a déjeuné en compagnie du maire d’Ajaccio et d’autres élus avant de quitter la Corse.
 

VIDEO - Edouard Philippe accepte de parler de « spécificité » sans toutefois prononcer le mot d’autonomie.