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Orange Days : Le Pays Ajaccien mobilisé contre les violences faîtes aux femmes


Philippe Peraut le Lundi 25 Novembre 2019 à 20:47

Elue en charge du développement social et vice-présidente du CIAS, Caroline Corticchiato présente les différentes actions inscrites dans les Orange Days. Débutée ce lundi, la manifestation va se dérouler jusqu’au 10 décembre. Autour du thème particulièrement sensible des violences faites aux femmes…



Orange Days : Le Pays Ajaccien mobilisé contre les violences faîtes aux femmes
- Comment se présente l’édition 2019 des Orange Days ?
- Pour la seconde année consécutive, le CIAS du Pays Ajaccien a souhaité soutenir et rendre visible les actions menées par les différentes structures de lutte contre les violences faites aux femmes dans le cadre des Orange Days qui vont se poursuivre jusqu’ au 10 décembre 2019. Le 25 Novembre était  également la Journée Nationale de lutte contre les violences faites aux femmes. Cet engagement a donné naissance à un réseau (Le CIDFF, La FALEP, l’association Savannah, La fraternité du partage, le service DDS de la Capa, le CDAD, CORSAVEM, la Direction Régionale des droits de la femme, le Rectorat, l’Education Nationale, Femmes solidaires) qui a souhaité faire appel au CIAS pour coordonner et valoriser les actions menées.
   
- Qu’attendez-vous d’une telle manifestation?     
- Cette campagne permet d’agir de manière stratégique et globale pour la prévention et l’élimination de la violence à l’encontre des femmes et des filles.  Son objectif est d’inciter tous les acteurs et actrices de la société civile à se mobiliser dans des actions de sensibilisation, de créer un espace de discussion autour des enjeux et des solutions pour mettre fin aux violences et faire bouger les lignes.
                                     
- Comment se décline-t-elle au niveau des jeunes?     
- Les violences ont pour point commun de naître là où quelqu’un place un sexe au-dessus de l’autre. Elles ne sont pas une succession de faits divers. Elles expriment toute la lâcheté des siècles d’inégalités qui nous précèdent. C’est pour cela que l’éducation à l’égalité doit avoir toute sa place à l’Ecole, dès le plus jeune âge, mais aussi tout au long de la scolarité pour déconstruire les stéréotypes sexistes qui fondent et entretiennent les comportements de domination, et puis finalement de violence. Car il est de notre responsabilité de favoriser la réflexion des jeunes sur la place des femmes et des hommes dans la société, sur les stéréotypes, sur le respect mutuel et plus largement sur l’égalité. Il nous appartient de faire évoluer les mentalités et de semer tôt pour espérer récolter. Cette année nous avons mis l’accent sur diverses actions à destination de ce public jeune* 


- Le volet relatif aux violences faites aux femmes reste très important. Comment faire reculer ce fléau? 
- Il faut reconnaître que la violence contre les femmes vient d’une discrimination fondée sur le sexe et de l’inégalité entre hommes et femmes. On ne peut pas espérer la faire reculer sans tenir compte du contexte général dans lequel évoluent les femmes et de la nécessité de faire respecter leurs droits fondamentaux en général. Mettre fin à la violence contre les femmes n’est pas la responsabilité d’une personne, d’un acteur ou d’un groupe. Pour obtenir un changement durable, il faudra une action collective, dans laquelle tous ont un rôle à jouer. Tous, hommes et femmes, représentants du gouvernement, de la justice, agents de la force publique, société civile, secteur privé et organisations internationales, doivent y prendre part. Les violences que subissent les femmes ne sont pas des « cas isolés ». Elles correspondent chacune à des histoires individuelles, douloureuses. Mais elles constituent aussi un fait politique et social, un système qu’il nous faut changer. Je tiens à saluer ici l’investissement des associations, qui au quotidien se mobilisent pour épauler les victimes, pour les informer sur leurs droits, leur apporter une solution d’hébergement, pour les accompagner dans des démarches qui sont encore trop souvent des parcours du combattant dans lequel tant de femmes renoncent, subissent en espérant que la violence cessera. La Ville d’Ajaccio, la CAPA et son CIAS s’engagent déjà auprès des différents partenaires, pour soutenir leurs nombreuses actions en faveur de cette grande cause. Car il est essentiel que face à la violence, nous soyons tous mobilisés, attentifs et réactifs.

Un atelier de self défense est dédié aux femmes. Pourquoi ce choix?     
- C’est un atelier proposé par la commission féminine de la Ligue Corse de la FFKMDA. Il est composé en 3 temps mêlant le développement personnel (estime de soi), le visionnage d’un entrainement/combat et l’animation de l’activité (pratique ludique). Ces ateliers permettent aux femmes victimes de violences de se réapproprier leur corps et de travailler sur les souffrances psychologiques qu’elles ont pu endurer. De voir la source de souffrance comme un moyen de résilience, en mettant le corps en mouvement, en valorisant les femmes dans leurs pratiques, en leur faisant prendre conscience de ce qu’elles sont et de ce qu’elles arrivent à faire.
         
- Le regard sur la femme change-t-il aujourd’hui dans la société? Et en Corse?
- Présente dans tous les milieux sociaux, la violence atteint la femme dans son intégrité physique et psychoaffective, dans son autonomie et dans sa liberté d’aller et venir. Ce n’est pas seulement le symptôme du fonctionnement d’un couple en difficulté mais un comportement inacceptable et une infraction pénalement sanctionnée. Aujourd’hui, les femmes meurent encore sous les coups de leur conjoint. Ces violences, qu’elles soient physiques ou psychiques, impactent leur santé. Les coups reçus, l’état de tension, de peur et d’angoisse dans lequel elles sont maintenues par l’agresseur, ont de graves conséquences et sont à l’origine de troubles très variés. Malheureusement, la Corse n’est pas épargnée et a connu, comme ailleurs son lot de faits divers tragiques. Ainsi, en 2018 en Corse, 245 cas de violences conjugales ont été recensées dont 3 féminicides (homicides, tentatives d’homicide et coups et blessures mortelles)
184 coups et blessures volontaires, 7 viols et violences sexuelles et 51 violences (menaces, chantages, harcèlements, …)
ll nous faut agir et mobiliser tous les moyens ; le chemin sera long nous en sommes conscients. Et c’est ensemble que nous pourrons faire reculer la violence et faire évoluer les mentalités.

Le programme

* .Lundi 25 novembre 2019 : Lecture d’un texte dans tous les collèges et lycées de Corse à l’initiative de la Préfecture et du Rectorat et sur la thématique des violences : « Refus des stéréotypes et des préjugés qui exposent les femmes à des violences ».
 
Mardi 26 novembre 2019 : Du théâtre – Débat
Rendez-vous à 14h au lycée Laetitia pour la lecture des textes : La compagnie de théâtre, Label Compagnie, a travaillé en collaboration avec Mlle Manon Baldi danseuse et, chorégraphe pour la mise en mouvement des textes lus. Ces textes sont des témoignages de femmes victimes de violences hébergées au CHRS de la Falep (Comédiennes : DERKASBARIAN Christel, VIREVALEIX Véronique et FERRI Evelyne).

Jeudi 28 novembre 2019 : Une simulation de procès 
9h00 à 11H00 : Au Lycée Fesch : aura lieu un débat avec les élèves élus au CVL et leurs suppléants. Ce débat portera sur le texte lu, le matin du lundi 25 Novembre à tous les lycéens et collégiens de Corse.

Vendredi 29 novembre 2019 : Evénements portés par l’Association Savannah
-Expo-Débat : L’association Savannah a organisé une exposition de 15 panneaux prêtés par l’association femmes solidaires au collège de Baléone. Un débat est prévu avec les partenaires disponibles de 13h30 à 16h30 en présence de Mme Garnier Catherine policière retraitée spécialisée dans les violences faites aux femmes