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ComCom Pasquale Paoli : Mobilisation contre la fermeture annoncée de la trésorerie de Merusaglia


Nicole Mari le Dimanche 14 Mars 2021 à 17:28

En septembre 2022, les trésoreries de Merusaglia et de Corti seront fermées et délocalisées à L’Isula, dans le cadre d’une réforme mise en place par l’Etat. L’annonce a provoqué la colère des élus de la Communauté de communes Pasquale Paoli qui sont immédiatement montés au créneau contre la perte de ce service public de proximité dont les communes rurales ont tant besoin. Dans un courrier envoyé au Préfet de Haute-Corse, ils demandent à l’Etat de sursoir à cette décision qui, malgré les promesses réitérées du gouvernement, se fait sans concertation préalable des élus. Explication, pour Corse Net Infos, de Cathy Cognetti-Turchini, 1ère Vice-présidente de la ComCom Pasquale Paoli, conseillère municipale de Merusaglia et conseillère territoriale du groupe Andà per Dumane.



- Vous montez de nouveau au créneau contre la suppression des trésoreries locales. De quoi s’agit-il cette fois-ci ?
- La Communauté de communes Pasquale Paoli a été informée, par courrier, du nouveau schéma de l’Etat de redéploiement des services publics de proximité. Ce schéma, appelé Nouveau Réseau de Proximité (NRP), implique une restructuration de la Direction générale des finances publiques (DGFiP) sur notre territoire et prévoit la création d'un Service de gestion comptable à l’Ile Rousse. En septembre 2022, ce service regroupera la gestion des services publics locaux de la trésorerie d'Ile Rousse, de Morosaglia et de Corte, entrainant la fermeture des trésoreries de Morosaglia et de Corte. Cette suppression de la trésorerie de Morosaglia, qui se trouve à Ponte-Leccia, est inacceptable et inquiétante ! J’ai, donc, écrit au Préfet de Haute-Corse pour solliciter un entretien afin de bien évaluer les tenants et les aboutissants de ladite convention et de trouver les voies et moyens de sursoir à cette décision.

Catherine Cognetti-Turchini, 1ère vice-présidente de la ComCom Pasquale Paoli, conseillère municipale de Merusaglia et conseillère territoriale du groupe Andà per Dumane.
Catherine Cognetti-Turchini, 1ère vice-présidente de la ComCom Pasquale Paoli, conseillère municipale de Merusaglia et conseillère territoriale du groupe Andà per Dumane.
- C’est toujours le combat récurrent pour le maintien des services publics dans le rural ?
- Oui ! En 2018, j’avais présenté à l’Assemblée de Corse une motion de soutien aux trésoreries locales, déjà menacées de fermeture. Cette motion, votée à l’unanimité, avait, à l’époque, servi de base à toutes ces trésoreries pour réclamer un moratoire. Deux ans après, cela recommence ! Le ministre de l’Intérieur, Gérald Darmanin, avait pourtant promis que : « Il n’y aura aucune fermeture de trésorerie en 2020 sans l’accord des élus ». Lors de sa venue en Corse, en septembre 2020, le Président de la République s'était, aussi, engagé à « prendre en compte les spécificités de la Corse dans le cadre du NRP ». Pour nous, ce qui était valable en 2020, l’est toujours en 2021. Et là, l’Etat supprime tout ! Nous n’avons pas donné notre accord ! Le 2 octobre 2020, la commune de Morosaglia a adopté, toujours à l'unanimité, une motion demandant le maintien de ces trésoreries qui constituent un service public de proximité très important, notamment dans le rural.
 
- Pourquoi, au moment où tous les services publics se dématérialisent, ce maintien des trésoreries est-il indispensable ?
- Parce que notre population a besoin des services publics de proximité ! A l’heure où les communes cherchent à renforcer la notion de proximité et à maintenir le lien avec leurs administrés, comment pouvons-nous accepter que la DGFiP délocalise les activités de la trésorerie ? Et si certaines opérations peuvent être dématérialisées, il n’en demeure pas moins que de nombreuses personnes en Corse, surtout dans le rural, du fait de leur âge ou de leurs revenus, ne disposent pas d’informatique et ne pourront, donc, pas avoir accès à ce service dématérialisé. Cette population, qui est la plus fragile, a besoin d’un contact humain pour effectuer des démarches administratives, elle aura, aussi, beaucoup de difficultés à se rendre dans des trésoreries situées loin de nos communes. Ce maintien en activité des trésoreries est non seulement indispensable aux usagers, mais aussi aux maires des petites communes.
 
- En quoi est-ce important pour les maires ?
- Parce que ces trésoreries ont un rôle de conseil primordial. Les maires des petites communes (moins de 100 habitants) n’ont souvent pas de secrétariat, ils ont besoin du percepteur qui les aide à formaliser leurs budgets, les renseigne et les oriente sur certains dossiers ou démarches. Et puis, en milieu rural, nous sommes tous très attachés au service public. Sa présence permet de maintenir la population et l’activité économique dans nos villages.
 
- Vous lancez un appel à la mobilisation ?
- Oui ! Nous appelons à la mobilisation des populations et des élus. Nous allons prochainement manifester pour dire que nous refusons de voir, encore, des services de proximité disparaître. Dire que nous nous opposons aux projets dits « de spécialisation » et que nous exigeons le maintien des trésoreries de proximité.
 
Propos recueillis par Nicole MARI.