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Mossa Paisana : un coup de gueule avant une concertation générale


La rédaction le Dimanche 4 Décembre 2022 à 11:19

Le syndicat Agricole « Mossa Paisana » a investi le 2 décembre dernier la Mutualité sociale de la Corse-du-Sud pour faire part de son profond mécontentement de l'heure sur la situation faite à l'agriculture corse. Au terme de cette occupation le syndicat agricole a convié à une réunion tous les acteurs du monde agricole et de l’élevage insulaires. Elle devrait rassembler le 14 décembre prochain toutes les instances et élus concernés par ce dossier.
En attendant, Mossa Paisana a dressé un tableau de la situation dans un communiqué.



Le communiqué

« Mossa Paisana » a investi le 2 décembre dernier la Mutualité sociale de la Corse-du-Sud
« Mossa Paisana » a investi le 2 décembre dernier la Mutualité sociale de la Corse-du-Sud
"Peut-il exister une Corse sans bergers, sans paysans ? Point besoin de se torturer l’esprit pour répondre à cette question. A la vue de la situation agricole la Corse perd irrémédiablement le socle de son identité pastorale en même temps que son âme.
Les importations massives subventionnées, une PAC inadaptée à notre sous production chronique, nos sempiternelles divisions internes ne sauraient masquer le désamour de nos propres élus pour une profession qui ne représente plus le poids électoral indispensable à susciter l’intérêt des professionnels de la réélection.


Il n’est pas la peine de compter sur les myriades de « grands sachants » qui remplissent les bureaux des préfectures, DRAAF, DDTM et autres chambres consulaires, ils ne sont que charognards se repaissant du corps encore chaud de nos espoirs et de nos illusions.
Les choses avaient pourtant bien commencé : dans les années soixante, la Corse se réveillait après deux siècles d’inertie pour défendre ses terres agricoles.


La résistance moderne à l’occupation de notre pays naissait à Aleria et le Front plaçait la réforme agraire comme une des priorités pour recouvrer la liberté. Un demi-siècle plus tard le constat est édifiant, la Corse n’a jamais si peu produit, elle est incapable de nourrir ses enfants, et ce dans l’indifférence générale.
Au saupoudrage d’argent public n’ayant d’autre ambition que d’acheter la paix sociale et de provoquer la division, nous n’avons pas su opposer la vision d’un projet global ou la production alimentaire serait la base d’une émancipation sociale et nationale.


Aujourd’hui les terres servent à la construction d’espaces commerciaux, industriels et pavillonnaires et des paysans sont expropriés pour laisser la place à des routes deux fois deux voies afin d’acheminer, toujours plus de consommateurs vers ces temples de notre propre annihilation sociale et sociétale.
Nos représentants élus ont fait leur choix, le peuple a fait son choix et la terre des bergers ne demeurera qu’image d’Épinal servant d’affiche publicitaire.
 

Aujourd’hui ceux qui définissent les orientations politiques agricoles ne sont
pour beaucoup pas agriculteurs mais des professionnels de la politique et du strapontin agricole en se satisfaisant de la gestion parisienne du premier pilier de la PAC.
Ceux-ci voudraient nous enfermer dans une guéguerre indigeste que ce soit pour l’identification des animaux sans jamais parler de structuration de filières, sans parler de taux de chargements pourtant indispensables au retour d’une production alimentaire ambitieuse, sans jamais se pencher sur l’aménagement indispensable du territoire, ainsi qu’à l’ouverture d’une centrale d’achat desservant les cantines publiques (écoles, hôpitaux, Ehpad..).
Ce sont ces mêmes acteurs qui cautionnent le fait que le lait et les produits carnés importés bénéficient d’une DSP non étendue à l’alimentation de première nécessité animale, qui n’est pas sans rappeler les infâmes lois douanières.
La Corse vit sa plus profonde mutation. La colonisation de peuplement, de l’esprit et des comportements n’est pas la seule option.
 
Si nos rêves de liberté perdurent ils ne se réaliseront pas sans une agriculture nourricière, ni sans un peuple aux cotés de ses paysannes et paysans.
 

Ce constat étant fait, le syndicat Agricole « Mossa Paisana » a donc investi ce 2 décembre 2022 les locaux ajacciens de la Mutualité Sociale Agricole, demandant fermement une réunion autour d’une « table ronde » de tous les acteurs du monde agricole et de l’élevage.
Apres consultation des différentes instances, une réunion sera donc organisée le 14 décembre.
Ont répondu favorablement à cette sollicitation : le président de ODARC, Les représentants de l’état sous l’égide du DRAAF, la MSA et le président du Comité des Massifs et député, Jean-Felix Acquaviva.
A la demande unanime et dans une optique d’intérêt général toujours prôné par notre syndicat toutes les instances syndicales agricole y seront également conviées."