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Marlène Schiappa : « La Corse et l’ESS ont une identité commune sur beaucoup de valeurs »


le Vendredi 9 Juin 2023 à 08:36

La secrétaire d’État chargée de l’Économie Sociale et Solidaire (ESS) et de la vie associative était la marraine de la 3ème Conférence Régionale de l’ESS en Corse organisée ce jeudi à Ajaccio. Un secteur particulièrement dynamique dans l’île, qu’elle entend accompagner et soutenir, comme elle l’explique à CNI.



Marlène Schiappa, secrétaire d’État chargée de l’Économie sociale et solidaire et de la Vie associative
Marlène Schiappa, secrétaire d’État chargée de l’Économie sociale et solidaire et de la Vie associative
- Comment l’État accompagne-t-il et soutient-il le secteur de l’Économie Sociale et Solidaire (ESS), très dynamique en Corse, afin de lui donner les moyens de se développer ?
- C’est vrai que c’est un secteur très dynamique en Corse. Je pense que la Corse et l’ESS ont une identité commune sur beaucoup de valeurs, comme la solidarité ou la coopération. L’histoire de la Corse a toujours montré qu’il y a une grande solidarité et beaucoup d’entraide sur l’île. Encore dans l’histoire récente, pendant la période de pandémie, c’est un territoire qui a été extrêmement solidaire, avec des solidarités intergénérationnelles, et des solidarités vis-à-vis de ceux qui sont plus en difficulté ou plus fragiles. Le tissu associatif, extrêmement important, œuvre à tenir toute la société corse ensemble. L’État est engagé pour soutenir cela. Par exemple, la Chambre Régionale de l’Économie Sociale et Solidaire (CRESS) et l’État via le rectorat savent aussi parler d’ESS aux jeunes générations à travers le programme Entreprendre Pour Apprendre que je suis venue voir avec le recteur récemment. Celui-ci pousse à l’organisation et à la création de mini-entreprises de l’ESS en milieu scolaire. L’ESS est une économie territoriale par essence, non délocalisable, qui ne crée pas de nouveaux besoins, mais qui répond vraiment concrètement aux besoins du territoire. C’est une économie réelle qui s’insère dans le quotidien. 

- Selon vous, il est important de faire la promotion de l’ESS chez les jeunes ?
- Oui, c’est important de soutenir l’esprit d’initiative. C’est vrai qu’en Corse, du fait de l’insularité, la création d’entreprise est souvent une voie appréciée par les jeunes et également par les femmes. Il y a beaucoup plus de femmes entrepreneuses en Corse qu’il n’y en a ailleurs sur le continent. C’est important de se dire que ces entreprises peuvent allier la recherche de la création d’une activité économique avec la recherche de sens et de faire le bien autour de soi. C’est pour cela que je vais aussi chercher des financements. J’ai engagé 5 millions d’euros sur les pôles territoriaux de coopération depuis mon arrivée. J’ai également signé cette semaine une convention de 100 millions d’euros avec la Banque des territoires pour financer ces initiatives dans les territoires. 

- Vous l’avez souligné, depuis le début de vos attributions vous allez chercher des moyens partout où cela est possible pour soutenir l’ESS. Un point capital pour accompagner l’essor de cette économie ?
- Oui parce que dans économie sociale et solidaire, il y a aussi le mot économie. Je ne veux pas que l’on pense que parce que c’est de l’ESS, elle fonctionnerait juste sur des bons sentiments et avec gens qui ne seraient pas des bons gestionnaires ou qui seraient déconnectés des enjeux. J’étais à Marseille la semaine dernière à la CRESS de la région PACA et j’ai pu voir à quel point les entrepreneurs de l’ESS sont formés, notamment pour pouvoir s’organiser, pour faire de l’innovation sociale, pour pouvoir répondre aux marchés, par exemple de France 2030. Dans ce grand plan stratégique d’investissement pour l’innovation du Président, j’ai œuvré pour que l’on s’occupe aussi de l’innovation sociale et pas que de l’innovation technologique. 

- Pour impulser un soutien majeur à cette économie, vous avez notamment annoncé que l’État veut soutenir la montée en puissance des CRESS. Par quels moyens cela passe-t-il ?
- Absolument, d’ailleurs la semaine prochaine je présiderai une convention et une rencontre nationales des CRESS. C’est la deuxième fois depuis que je suis nommée que j’organise une rencontre de toutes les CRESS au ministère, alors qu’auparavant cela ne se faisait pas. Nous avons lancé un rapport avec une étude pour objectiver quels sont les besoins réels des CRESS, parce que si la Collectivité de Corse fait un travail important pour financer et soutenir l’ESS, cela n’est pas le cas dans toutes les régions. Dans certaines régions les CRESS sont moins financées, et c’est d’autant plus important pour nous d’être mobilisés. 

- Vous le disiez, la Corse dispose d’un tissu associatif très important. Selon vous qu’est-ce que cela vient apporter à la société ?
- C’est vrai qu’en Corse le tissu associatif est extrêmement dense et important et nous sommes en train de travailler pour valoriser les associations, mais aussi pour faire de la simplification administrative. On a encore trop de paperasse, trop de documents en France et c’est important pour nous de pouvoir simplifier cette organisation. Quand on est bénévole, on doit pouvoir s’engager pour son cœur d’activité, et pas que pour remplir des documents. 

- Justement, après les assises de la simplification, le 1er juin, dans une lettre adressée aux acteurs associatifs, vous avez dessiné les contours d’une future feuille de route. Qu’est-ce qui va changer pour les associations ?
- Effectivement nous travaillons avec les trois groupes de la majorité sur des évolutions législatives sur la simplification associative, nourries des conclusions des assises. Je voudrais aussi faire référence au rapport qu’avaient fait les sénateurs Jean-Claude Boulard et Alain Lambert sur l’inflation normative et sur le fait que nous sommes dans un pays où il y a encore trop de normes qui existent pour ceux qui veulent créer. Il faut libérer l’esprit d’initiative.

- Comment encore améliorer cette vie associative déjà forte en Corse ?
- Il y a encore beaucoup de choses à faire, en donnant confiance notamment aux bénévoles, en les valorisant, et par exemple en leur permettant d’avoir des diplômes. C’est pour cela que je crée une valorisation des acquis de l’expérience pour les personnes qui ont été bénévoles pendant plusieurs années. Je veux qu’on puisse leur donner l’équivalent de vrais diplômes en gestion, en animation médico-sociale, et dans tous les grands thèmes dans lesquels elles se sont engagées dans les associations. C’est très important d’être reconnaissants vis-à-vis des bénévoles et c’est pour cela qu’il y a quelques mois j’avais fait en Corse une étape du Tour de France du bénévolat, où j’avais remis des médailles à de nombreux bénévoles corses engagés pour leur territoire.