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Livres : "La Corse d’Honoré de Balzac" de Gilbert Stromboni


Philippe Jammes le Mercredi 30 Mars 2022 à 15:12

A l’instar de nombreux écrivains, Balzac a bien foulé le sol insulaire. Gilbert Stromboni en a retrouvé la trace dans ses livres…



Gilbert Stromboni
Gilbert Stromboni
Né à Sartène en 1952, Gilbert Stromboni a vécu à Ajaccio jusqu’à son départ en fac à Nice. Devenu enseignant, il débute dans l’académie de Lille, puis revient en Corse entre 1984 et 2003 : Lycée Clémenceau de Sartène jusqu’en 1996, en parallèle avec la Fac de Corte pendant 2 ans, puis 7 ans à l’IUFM, à Corte (l’actuelle ESPE). « J’étais impliqué dans la préparation aux différents concours de recrutement des professeurs du second degré, dans le suivi des professeurs stagiaires et dans l’animation de nombreux stages de formation sur la didactique de l’enseignement du français » souligne Gilbert  Stromboni. En 2005, il passe le concours d’Inspecteur d’Académie-Inspecteur Pédagogique Régional et exercera dans trois académies : Caen, Lille, et Aix-Marseille. Professeur agrégé de lettres, il est aujourd’hui à la retraite et partage son temps entre Provence et Corse. Auteur, on le retrouve dans : la préface du recueil de poèmes de Jacky Biancarelli Iniziali/Initiaux (La Marge, 1982), des articles « Repas » et « Vin » du Dictionnaire de Don Juan (R. Laffont, 1999), Albert Camus, fier de vivre un seul instant (Canopé-CRDP 13, 2014) et le Dictionnaire insolite de la Corse (Cosmopole, 2019). Il vient de publier chez Albiana « La Corse d’Honoré de Balzac ».
 


- Gilbert Stromboni, pourquoi Balzac ?
- Pour deux raisons essentielles : compléter utilement cette collection d’Albiana qui présente déjà, entre autres, la Corse de Flaubert et de Maupassant. Publier des œuvres peu connues, imparfaites parfois, mais déterminantes, y compris par leurs défauts, pour la constitution d’une certaine image de la Corse. Balzac n’a pas écrit de chef d’œuvre en lien avec la Corse, mais il est un jalon essentiel. Le personnage de Ginevra, dans La Vendetta, annonce la Colomba de Mérimée, mais avec des nuances significatives. Balzac est le plus atypique de ces écrivains voyageurs ayant visité la Corse au 19ème siècle. D’abord parce que, comme Mérimée avec Mateo Falcone, il écrit sa nouvelle La Vendetta sans avoir jamais mis les pieds en Corse. Mais, comme son récit a pour cadre Paris, il est intéressant de s’interroger sur les causes et les effets de ce choix. Ensuite, Balzac est le seul écrivain qui soit venu dans l’île sans le vouloir, presque par hasard. C’est le hasard qui amena Honoré de Balzac en Corse, en 1838. Une tempête sur le chemin de la Sardaigne où il se rendait dans l’espoir de faire fortune, le conduisit à Ajaccio et il en fut fort dépité. Cette brève rencontre ne manque pas de sel, comme on le voit dans sa lettre à Mme Hanska. C’est donc à la fois son regard sur l’île, plutôt stéréotypé, et la manière souvent originale dont il met en œuvre le matériau corse qui ont orienté mon travail.


- Justement, comment votre travail s’est-il articulé ?
- Je me suis attaché à présenter et à analyser les trois textes de Balzac qui évoquent la Corse : La Vendetta, La lettre ajaccienne à Mme Hanska et le mélodrame Le Corse, et à en rédiger les notes de bas de page que je jugeais utiles. Mes recherches ont porté sur le contexte de l’époque, sur le mythe romantique de la Corse, mais aussi sur les caractéristiques essentielles de l’œuvre balzacienne et sur le projet global de cet immense écrivain. J’ai essayé de mettre en relation ces différents domaines, pour montrer en quoi le thème corse chez Balzac, certes secondaire, illustre très bien la volonté du romancier de construire un nouveau réalisme. En se dégageant notamment du récit mélodramatique, ce qu’il ne parviendra pas à réaliser dans ses textes « corses », tant la prégnance d’une certaine image de l’île et de ses habitants reste forte dans son imaginaire.


- La Corse a-t ’elle influencé Balzac par la suite ? Et comment ?
- Je montre dans ma présentation que le séjour de Balzac dans l’île a influencé sa vision de …la Bretagne, qui occupe une place importante dans son œuvre. Il y a une forme d’« exotisme provincial » qui rapproche les deux régions et enrichit réciproquement leur image. Mais, au-delà de la rencontre concrète de la Corse, c’est la vision dominante dans l’imaginaire collectif de son époque que Balzac va utiliser dans la suite de son œuvre. Notamment pour créer le personnage de Théodore Calvi dans Splendeurs et misères des courtisanes. Et certains traits du « type corse » se retrouvent également dans des personnages parfois très éloignés de l’île, la cousine Bette, par exemple.


- Des projets d’écriture ? 
- Je travaille actuellement sur la présentation de romans populaires inspirés par des épisodes et/ou par des personnages célèbres de l’histoire de la Corse pour la collection « Trésors de la littérature populaire », chez Albiana.